Les pharmacies sont autorisées à ouvrir le dimanche pour accélérer la campagne de vaccination contre le Covid-19. Une incitation financière de 5 euros pas dose injectée ce jour-là est prévue. Chez les pharmaciens d'Occitanie, fatigués et débordés, l'annonce ne passe pas.
Pour contrer la cinquième vague de Covid-19, un décret publié le 6 décembre 2021 autorise les pharmaciens à ouvrir le dimanche pour renforcer leur participation à la campagne de rappel vaccinal. Une "fausse bonne idée", selon Jean-Marie Guillermin, vice-président de l'Ordre des pharmaciens d'Occitanie.
Alors que les pharmacies sont déjà sous tension et que les pharmaciens sont fatigués, cette proposition du ministère de la Santé suscite indignation et incompréhension. "Cela va être difficile à mettre en place. Ouvrir le dimanche va nous demander beaucoup", continue Jean-Marie Guillermin, qui est aussi gérant d'une pharmacie à Toulouse.
"On est à bout"
Une pression supplémentaire dont les pharmaciens se seraient bien passé. Entre l'activité normale de la pharmacie, les tests de dépistage et la vaccination contre le Covid-19... "Tous nos confrères travaillent six jours sur sept toute l'année" et ils sont nombreux à ne pas avoir pris de vacances "depuis un an", déplore le vice-président de l'Ordre des pharmaciens d'Occitanie. "On est épuisé, on est à bout physiquement. On ne peut pas demander à notre personnel de faire plus".
J'émets des doutes quant à l'adhésion des pharmaciens, qui font déjà tout ce qu'ils peuvent depuis presque deux ans pour lutter contre le Covid-19.
Jean-Marie Guillermin, vice-président de l'Ordre des pharmaciens d'Occitanie
Pour Jean-Marie Guillermin, si chaque pharmacie est libre de faire ce qu'elle veut, ouvrir le dimanche "n'est pas la solution". Ou alors, il faudrait alléger la pression sur les pharmaciens, qui réalisent 60 % des injections de vaccin contre le Covid-19 en ville. En "proposant aux médecins d'ouvrir leur cabinet le dimanche" eux-aussi, par exemple : "Nous ne sommes pas les seuls professionnels de santé à vacciner", lâche-t-il. "Il faut trouver d'autres circuits".
À noter que les pharmacies qui ouvriront le dimanche seront dédiées à la vaccination et ne délivreront pas de médicaments. Il faudra se rendre dans une pharmacie de garde.
5 euros par injection le dimanche
Dans sa proposition, le ministre de la Santé prévoit d'ailleurs une incitation financière de cinq euros de plus par vaccin réalisé le dimanche. Un supplément pour aider les salariés à travailler le dimanche, comme dans toute entreprise, soulève Jean-Marie Guillermin.
Mais, pour le pharmacien, "la motivation n'est pas une question d'argent".
Nous faisons déjà tout notre possible pour être sur le pont. Ce ne sont pas cinq euros qui feront qu'on ouvrira ou pas.
Jean-Marie Guillermin, vice-président de l'Ordre des pharmaciens d'Occitanie
Le problème, "c'est le manque de main d'œuvre" qui perdure dans la profession depuis des années. Selon Jean-Marie Guillermin, trois pharmacies sur quatre en Occitanie cherchent du personnel. "On manque de bras toute la semaine, on en manquera aussi le dimanche".
Gilles Bonnefond, porte-parole de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine, a déclaré jeudi 9 décembre au micro de franceinfo que le syndicat compte demander au ministre de la Santé de pouvoir bénéficier "du renfort des étudiants en pharmacie, des infirmiers, des médecins" quand ils sont volontaires. Car, "actuellement, cela n'est pas possible".
Pour l'instant, il n'y a pas eu de réponse. En attendant, la fatigue est toujours là.