Après les annonces du ministre de la Santé Olivier Véran sur l'élargissement du rappel vaccinal à tous les adultes et sur la durée de validité des tests antigéniques, les pharmaciens déjà sous tension vont faire face à une nouvelle augmentation de leur activité.
Quelques minutes à peine après les annonces gouvernementales, le site Doctolib est déjà saturé. Face à la cinquième vague de Covid-19, le Ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé ce jeudi midi l'ouverture dès samedi du rappel vaccinal à l'ensemble des adultes. Elle doit se faire au minimum 5 mois après la dernière injection. "Vous pouvez aussi vous faire vacciner chez le pharmacien ou votre médecin", a dit déclaré.
Une dose supplémentaire qui conditionne désormais la validité du pass sanitaire. Si le rappel n'est pas fait sept mois après la dernière injection, votre précieux sésame sera invalide. Moins d'une heure après la prise de parole du ministre, "350 000 rendez-vous ont déjà été pris pour la vaccination", nous apprend Doctolib dans un tweet.
Les pharmacies en Occitanie sont déjà prises d'assaut et assaillies d'appels, et les professionnels de la santé se demandent comment ils pourront gérer l'afflux de patients.
Des pharmacies déjà sous tension
"Le sentiment d'usure est important. Ca fait 18 mois qu'on est sur le pont, qu'on remplit toutes les missions qui nous sont affectées. Pas de souci, c'est notre métier, mais on est fatigué", lâche Jean-Marie Guillermin, vice-président du conseil de l'Ordre des pharmaciens en Occitanie.
Avec les tests antigéniques et le rappel vaccinal déjà ouvert jusqu'ici aux plus de 65 ans, les pharmaciens étaient déjà confrontés à une augmentation de l'activité. "Et puis avec la grippe en même temps... ça commence à faire beaucoup" souligne Jean-Marie Guillermin, également propriétaire d'une officine à Toulouse. "C'est une question de main d'œuvre et de temps... Notre métier premier, c'est la délivrance de médicament. Faire des choses en plus c'est bien, mais on ne peut pas faire que cela", rappelle-t-il.
D'importants délais à prévoir
La montée en puissance de la vaccination avec l'élargissement du rappel dès ce samedi soulève déjà de l'inquiétude. Chez ces professionnels de la santé, c'est surtout le manque d'anticipation qui agace. "On n'est jamais prévenu en amont, on ne peut donc pas anticiper" regrette Jean-Marie Guillermin.
Avec des doses de vaccin commandées 10 jours en avance, les pharmaciens savent d'ores et déjà qu'ils ne pourront pas répondre à la demande et subvenir à tous les besoins dans un premier temps. "On aura des doses qui correspondent aux flux des dernières semaines, ce n'est pas suffisant", déplore le représentant régional de l'Ordre des pharmaciens.
Avec une affluence jusqu'ici régulée, le délai était d'une quinzaine de jours pour se faire vacciner. "Là maintenant, ça va être compliqué à gérer [...] Il va y avoir de l'attente" confie le pharmacien.
Pas "d'urgence" à se faire vacciner
Face à l'emballement de la prise de rendez-vous, l'Ordre des pharmaciens veut aussi calmer le jeu. "On a 7 mois pour se faire vacciner [après la dernière injection, pour conserver son pass sanitaire NDRL], donc pas besoin de courir demain en pharmacie", temporise Jean-Marie Guillermin.
En revanche, pas de crainte quant au passage à 24h de la validité des tests antigéniques. "Depuis le déremboursement, il y en avait déjà beaucoup moins" souligne le pharmacien. Mais la fin de la fermeture des classes de primaire après identification d'un cas de Covid-19 pose question. Un dépistage systématique de toute la classe sera maintenant fait a déclaré le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, et « seuls les élèves présentant un test négatif pourront revenir en classe ».
Pour soulager la corporation, les pharmaciens espèrent que les vaccinodromes rouvriront.