Annoncée en juillet 2023 par la Région Occitanie, l'usine de paracétamol devrait bien ouvrir ses portes à Toulouse. Les premières boites de médicament devraient être commercialisées début 2025. Pénurie de médicaments en pharmacie : le paracétamol sera produit début 2025 dans une usine près de Toulouse
Voilà plus de six mois que le silence était de rigueur autour du projet d'implantation d'une usine de paracétamol à Toulouse. Le 13 février 2024, le journal Les Échos évoquait à ce sujet "une arlésienne occitane" faute de présentation du projet annoncé en juillet 2023. Une semaine plus tard, le directeur de la start-up Ipsophène a enfin levé le voile sur son projet d'implantation auprès de France Bleu Occitanie. L'unité de production de principe actif de l'antalgique le plus consommé en France va ouvrir ses portes début 2025 à Toulouse.
Près de 4000 tonnes de paracétamol à partir de 2025
Première indication : la société Ipsophène va s'implanter sur le site de l'Oncopole au sud de Toulouse. L'ouverture de son usine est programmée pour 2025. L'unité pourrait alors produire et commercialiser près de 4000 tonnes de principe actif de paracétamol par an. Ce qui correspondrait à environ 40% de la consommation française.
Le projet, d'un montant de 28 millions d'euros, est financé à hauteur de 15% par la Région Occitanie (soit une participation sous différentes formes de 4,2 millions d'euros). La collectivité, actionnaire minoritaire d'Ipsophène, affirme qu'elle aura un droit de regard sur l'activité de la start-up.
Fournir 100% des besoins d'urgence en temps de crise.
Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie en charge de l'Économie
Un processus innovant et plus rapide avec réduction des déchets et de la consommation d'énergie. Voilà ce qui a séduit la collectivité régionale. "C'est un procédé continu, qui permet des gains de productivité très élevés, affirme Jalil Benabdillah. Aujourd'hui, il faut à peu près sept jours pour produire un principe actif de paracétamol alors que cette usine va le produire en cinq heures."
"Des accords déjà signés avec des laboratoires"
La société Ipsophène, basée à Saint-Orens-de-Gameville en Haute-Garonne, a été créée en juin 2021. Son activité principale ? "La fabrication de principes actifs et de produits finis dans le domaine pharmaceutique", peut-on lire dans ses statuts. Son président, Jean Boher, s'est exprimé, ce lundi 19 février 2024, sur les antennes de France Bleu Occitanie.
"Je ne peux pas dire que les principaux laboratoires français seront nos clients, mais je peux dire que nous avons déjà signé des accords avec différents laboratoires qui sont très intéressés pour acheter notre molécule", a-t-il alors déclaré.
L'idée est aussi de rester compétitif avec des matières premières franco-françaises.
Le retour du paracétamol en Europe
La dernière usine européenne de paracétamol a fermé en 2009 du fait de la concurrence étrangère et des coûts de production. Depuis, 85% de son principe actif était importé d'Asie ou des États-Unis. Puis, la crise Covid est passée par là.
"Une production française, qui plus est toulousaine, c'est une bonne nouvelle, nous affirme Jean-Marie Guillermin, vice-président du conseil de l'ordre des pharmaciens en Occitanie. Cela peut permettre d'éviter éventuellement de grosses pénuries que nous avons connues."
La pandémie de coronavirus a mis en exergue les tensions sur l'approvisionnement en médicaments fabriqués à l'étranger. Les pénuries sont régulières. Et l'État s'est engagé dans une "reconquête sanitaire avec un plan de relocalisation des médicaments essentiels." Paracétamol, Amoxicilline, Morphine et Ventoline figuraient, en juin 2023, dans la liste des 25 premiers médicaments concernés.
