A l'ombre des chênes, le collectif de photographes toulousains Vertige donne à voir sa dernière exposition sur le thème "Ici et ailleurs". 11 photographes donnent leur vision d'un monde familier et étranger à la fois. Une balade riche en émotion, au frais, dans une forêt à Puysségur en Haute-Garonne.
Au départ, la magie opère, celle du vivant : des feuilles visitées par la brise, des écorces jouant au soleil. On est à Puysségur au nord-ouest de Toulouse en Haute-Garonne. Le pied, dans une forêt de chênes fraîche et paisible.
Après quelques pas, l'esprit en paix délesté des vicissitudes, le corps léger ouvert aux sensations que seule la nature procure, c'est la rencontre : 11 regards, 11 focales sur "Ici et ailleurs".
En une prise, un monde dual, vu d’en haut, qui résonne avec l’état du monde... L'abondance s'oppose à l'aridité, les campagnes verdoyantes aux terres arides. Mais aussi la planète, sa rondeur, sa beauté. Reportage.
Des univers totalement étrangers les uns aux autres se succèdent dans cette exposition singulière. Chacun des onze protagonistes dévoile son œil, met à nu son filtre, sa focale sur le monde tel qu’il est ici, tel qu’il se rêve ou se vit ailleurs.
"Je suis originaire d'Iran. Mon ici et mon ailleurs s'entremêlent, c'est-à-dire que je transporte mon ailleurs ici dans mon quotidien, explique l'une des photographes, Baharak Pentecôte. Toutes les personnes que j'aime, toutes les personnes qui ont traversé ma vie, tous les lieux qui me touchent sont aussi bien ici qu'ailleurs. Donc pour moi, ça paraissait une évidence, encore fallait-il pouvoir le traduire en image".
La question du temps qui nous traverse et nous emporte est posée…Dans l’art, dans la ville que visite une faune à l’empreinte fugace. Sommes-nous ici, sommes-nous ailleurs, là où volent nos songes et nos pensées ?
"Ici et ailleurs, un dédoublement, une simultanéité comme si la photographie offrait la possibilité magique de l’ubiquité" confie Jean-Luc Aribaud du collectif Vertige. "C'est "montrer que l’ici – même partagé – est différent pour chacun d’entre nous car il se colore et se trouble de cet ailleurs qui chemine à travers les mémoires, les imaginaires, les rêves et les fantasmes propres à la personnalité humaine".
"Ainsi ces images de quotidien tendrement hantées et perturbées par des clichés de famille ; ces vues du ciel quand on est un homme rivé à la terre avec des envies de hauteurs cosmologiques ; ces visages égarés, hésitant à choisir leurs propres espaces de vie et d’amour ; ces visiteurs fantomatiques étrangement mêlés aux personnages historiques des tableaux, ou inversement, peut-être (...)".
Daniel Lavergne expose des mots étrangers qui entrent en résonnance avec des paysages des quatre coins du globe : "c'est une façon de voir la vie avec une vision ouverte sur le monde. Et quand on ramène les choses à notre petitesse, on se rend compte que "Ici et ailleurs", ça ouvre l'esprit".
Pour un autre membre du collectif, Stéphane Friedelmeyer, ici, c'est la paix. Ailleurs, parfois, c'est la guerre. "Les journaux informent, illustrent, décrivent et décryptent. Mais la compréhension, l'appréhension, l'empathie sont-elles possibles quand tous les repères s'effondrent, quand l'expérience est impossible ? Alors, si c'était ici, à Toulouse, en France, peut-être serait-ce comme cela, et les journaux d'ailleurs illustreraient ainsi notre ici".
L'exposition a lieu jusqu'au 24 septembre dans la forêt du camping Namasté à Puysségur en Haute-Garonne. L'entrée est libre.