L'annonce a été faite à l'occasion du One Summit Ocean de Brest. La société Mercator Ocean basée à Toulouse et spécialisée dans l'océanographie va devenir une organisation intergouvernementale pour six pays européens. Explications.
Mercator Ocean International, société de 70 personnes basée à Toulouse, c'est un peu la vigie de tous les océans de la planète, le leader mondial de l’océanographie numérique. Quelle est la température de l'eau dans le Pacifique, la hauteur des vagues au Cap de Bonne-Espérance ou la salinité de la mer Méditerranée ? Mercator Ocean peut donner des réponses quotidiennes précises.
6 états européens ont signé
Du 9 au 11 février 2022, Brest a accueilli un sommet international organisé à l'initiative d'Emmanuel Macron pour la protection des océans. Avec la déclaration de Brest lors du One Ocean Summit, l’Espagne, l’Italie, la Norvège, le Portugal, le Royaume-Uni et la France se sont engagées à transformer la structure toulousaine Mercator Ocean International en une "organisation intergouvernementale en charge du premier océan numérique du monde".
En signant la déclaration de Brest, ces 6 états côtiers vont construire ensemble le premier océan numérique mondial. Une avancée conséquente pour connaître davantage les océans, la biodiversité, les populations de poissons et les équilibres climatiques. "Nous sommes ravis de la confiance qui nous est accordée. L'océan est une partie essentielle du système terrestre et c'est très important dans notre lutte contre la crise climatique. Construire ensemble un océan numérique nous aide tous à agir plus concrètement face à ces défis environnementaux", déclare Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean International.
Mercator Ocean à la pointe
La prévision océanique est assez récente. Mercator Ocean International (MOi) est né à Toulouse en 1995 sous forme de société française à but non lucratif. 10 ans plus tard, le premier bulletin océanique couvrant l’ensemble du globe est diffusé. En 25 ans, l'ensemble de l'océan a été numérisé avec des données mises à jour et accessible. La France est pionnière en la matière. Le service fournit actuellement des informations et une expertise à plus de 450 000 utilisateurs dans le monde, des entreprises aux simples particuliers en passant par les Etats.
Cette expertise scientifique et cette technologie reposent sur trois piliers :
- Les infrastructures européennes d’observation de la Terre et des océans telles que le programme Copernicus de l’UE et le réseau européen EMODnet (European Marine Observation and Data Network)
- la capacité de modéliser l’océan, de prévoir son état dans le passé et dans le futur grâce à de puissants algorithmes développés par le site toulousain
- des technologies numériques de plus en plus sophistiquées, qui bénéficient de l’intelligence artificielle et du supercalculateur en nuage
Toutes ces données seront couplées pour réaliser un jumeau numérique de l'océan.
Un jumeau numérique de l'océan
Il s’agit de mettre sur pied une représentation numérique la plus complète possible de l’océan permettant des simulations grâce à l’intelligence artificielle pour mieux prioriser les actions à mener. MOi va coordonner, augmenter les multiples bases de données, satellites et observations qui existent déjà mais de manière dispersée, en Europe et dans le monde.
La plateforme numérique offrira un accès gratuit pour modéliser, explorer, découvrir, mieux appréhender l'état passé, actuel et futur de l'océan. Un océan numérique à usage opérationnel pour la science, les décideurs politiques, industriels, défenseurs de l'océan, ou simples citoyens.
La France, l'Espagne, l'Italie, la Norvège, le Portugal et le Royaume-Uni forment le premier cercle des Etats membres de l'Organisation intergouvernementale qui verra le jour. Les autres pays européens pourront les rejoindre plus tard.
Une première évaluation du processus de transformation de Mercator Ocean International sera faite lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui se tiendra à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet 2022.
Pour Pierre Bahurel, l'objectif est simple : "faire de chaque citoyen un citoyen de l’océan".
