Plusieurs centaines de personnes défilent à Toulouse en hommage à Clément Méric

Quelques centaines de personnes ont défilé samedi après-midi à Toulouse en hommage au jeune militant d'extrême gauche Clément Méric,décédé après avoir été violemment frappé lors d'une bagarre avec des skinheads dans la capitale

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Plusieurs centaines de personnes de la gauche et d'une ultra-gauche très remontée après la mort de Clément Méric ont défilé samedi à Toulouse sous tension et haute surveillance de la police, mobilisée en nombre dans la crainte d'incidents. Quinze cents personnes selon les organisateurs, 800 selon la police ont pris part à la manifestation contre l'extrémisme de droite et à la mémoire de Clément Méric. Les autorités ont mis en place un important dispositif pour parer des violences ou des provocations dans une ville où l'ultra-gauche est active et où l'organisation d'extrême droite Jeunesses nationalistes avaient prévu une marche aux flambeaux samedi soir. Cette marche avait été interdite par la préfecture à cause du fort risque de trouble à l'ordre public.
Un premier cortège, d'environ 400 personnes selon la police, composé de militants d'extrême gauche "antifa", s'est rendu aux Monuments aux morts où 250 militants des Jeunesses nationalistes avaient prévu leur marche aux flambeaux pour commémorer la victoire remportée en 721 par le Duc Eudes d'Aquitaine sur les Sarrasins. 


Un second cortège d'environ 450 personnes, selon la police, et composé de militants de partis et d'organisation de gauche plus modérés ainsi que de citoyens venus manifester leur indignation après la mort de Clément Méric a pour sa part défilé jusqu'à la préfecture. La manifestation de la gauche et de l'ultra-gauche s'est achevée sans heurts. Mais elle aura été marquée par une flagrante division : l'ultra-gauche a marché bruyamment aux cris de
"fascistes assassins, homophobes complices" ou "face aux milices fascistes, pas de quartiers", plusieurs centaines de mètres devant les délégations des partis et syndicats établis: Solidaires, auquel appartenait Clément Méric, CGT, FSU, PS, PCF etc.
Les deux cortèges se sont même séparés à l'approche de la préfecture. Un orateur de l'ultra-gauche a dénoncé par haut-parleur la "récupération" de la manifestation par les partis et syndicats. "Dramatique !", a laissé tomber le porte-parole local d'un syndicat, consterné comme beaucoup d'autres par une telle division. L'ultra-gauche et en son sein la nébuleuse de l'Union antifasciste toulousaine revendiquent d'avoir été les premières à appeler à manifester contre le rassemblement programmé par les Jeunesses nationalistes, avant la mort de Clément Méric. Après la disparition du jeune militant d'extrême gauche, les syndicats et partis établis ont appelé eux aussi à manifester. Mais ils n'ont pas réussi à s'entendre avec l'ultra-gauche pour défiler ensemble.
Après la manifestation de samedi, les policiers toulousains restent mobilisés. Si les autorités ont interdit la marche aux flambeaux des Jeunesses nationalistes, ces dernières ont déclaré maintenir un banquet prévu dimanche dans l'agglomération en faisant valoir qu'il était privé et ne pouvait donc pas être interdit.
Les Jeunesses nationalistes, organisation de jeunesse de l'OEuvre française nostalgique du pétainisme, sont distinctes des Jeunesses nationalistes révolutionnaires pour lesquelles le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a demandé samedi d'engager une procédure de dissolution.
Un peu plus tôt dans la journée, une information judiciaire pour "homicide volontaire" avait été ouverte, visant Esteban, le principal suspect dans la mort de Clément Méric à la suite des coups reçus lors d'une rixe avec des skinheads à Paris.
L'ouverture de cette instruction par le procureur de la République de Paris François Molins a été suivie par l'annonce par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault de la décision "d'engager immédiatement" une procédure de dissolution du groupuscule d'extrême droite Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Selon une source policière, les JNR, composées de 20 à 30 militants, sont présentées comme le service d'ordre du mouvement d'extrême droite radicale Troisième Voie, deux structures dirigées par Serge Ayoub, l'ancien chef des skinheads parisiens. Ce dernier a d'ailleurs été entendu vendredi par les enquêteurs.
Les cinq personnes qui sont présentées samedi à un juge d'instruction ont toutes "reconnu être sympathisantes du mouvement ultranationaliste Troisième Voie", a assuré le procureur de la République de Paris. Seule Katia a "reconnu être adhérente" du mouvement, Esteban, le principal suspect, affirmant lui "n'avoir été encarté que 6 mois".
A l'issue de deux jours d'enquête, le procureur de Paris estime que la mort de Clément Méric procédait bien d'une "intention d'homicide". Le jeune homme est mort des coups reçus au visage et non en raison de sa chute comme l'a révélé l'autopsie, a confirmé samedi le procureur.
A priori, seul Esteban aurait donc porté les coups mortels. Le parquet a requis son placement en détention provisoire, ainsi que pour trois autres personnes visées par une information judiciaire pour "violences volontaires en réunion". Le parquet a requis le placement sous contrôle judiciaire de Katia, la petite amie d'Esteban, visée par une information judiciaire pour "complicité de violences volontaires en réunion".
Les "premières conclusions" de l'autopsie ont démontré, selon le procureur de la République, "qu'il y a eu une "multiplicité" de coups et que "le décès n'est
pas dû à un hématome qui aurait été causé par la chute par terre mais aux traumatismes crâno-faciaux occasionnés par les coups de poing portés à la victime".
  Suspicions d'usage d'un poing américain
"La force et la violence des coups de poing portés au visage de Clément Méric c'est-à-dire sur une partie du corps particulièrement exposée alors que la victime était physiquement beaucoup moins baraquée, les suspicions d'usage d'un poing américain et enfin la cause de la mort due à plusieurs coups portés et non pas à la chute consécutive" ont convaincu le parquet d'ouvrir une information pour "homicide volontaire", a dit le procureur. Ni l'enquête jusqu'ici, ni l'autopsie, n'ont permis de confirmer l'utilisation d'un poing américain par Estaban qui soutient "avoir frappé à mains nues" et donné "deux coups", a cependant précisé François Molins. Toutefois, un témoin, ami de Clément Méric, assure qu'il en portait bien un,  et deux poings américains ont été retrouvés chez lui lors de la perquisition à son domicile.
L'enquête réalisée par les enquêteurs du 1er district de police judiciaire a également écarté la thèse du guet-apens. La présence des deux groupes impliqués dans ce drame à une "vente privée de vêtements de marque anglaise" dans le quartier Saint-Lazare, à Paris, mercredi, "semble totalement
fortuite", a expliqué le procureur. Selon lui, un ami de Clément Méric, militant d'extrême gauche lui aussi présent dans cette salle des ventes, a reconnu et chambré un membre du groupe d'extrême droite, Troisième Voie, venu avec deux autres amis, un garçon et une fille, Katia. Selon le procureur, Esteban les a rejoints quelques temps après.
Selon le procureur, c'est bien le groupe de la victime qui a provoqué en premier. En revanche, sur l'origine exacte de la rixe, à savoir qui a porté les coups en premier, le flou persiste. Les suspects "prétendent avoir répliqué" aux coups qu'ils disent avoir reçus dans un premier temps, a expliqué le procureur. Il a décrit une "rixe", une "scène de violence avec échange de coups" en s'appuyant sur l'audition de "témoins objectifs", comme deux vigiles de la salle de vente, et des personnes impliquées.
Dès jeudi soir, plus de 15.000 personnes avaient manifesté dans toute la France en hommage à Clément Méric.

Le reportage sur la manifestation toulousaine de Stéphane Compan et Luc Truffert :

 


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