Virgile Lebrun est militant de la cause écologique. Ce mercredi, il a été convoqué par le tribunal correctionnel de Toulouse pour "soustraction frauduleuse du portrait présidentiel". Une action qu'il assume malgré les peines qu'il encourt.
Le rendez-vous est donné aux journalistes en début de ce mercredi après-midi dans une café du quartier St Cyprien à Toulouse.
Les militants du Mouvement Action Non Violente-COP 21 ont souhaité une rencontre avec les trois prévenus, dont le procès se tenait ce matin au tribunal correctionnel de Toulouse. Le matin même, ils étaient une centaine de militants a avoir manifester. Le procès a été finalement reporté au 12 mai 2020.
Virgile Lebrun fait partie des "décrocheurs de portrait présidentiel" convoqués au tribunal.
Ce Toulousain de trente ans est diplômé d'un Master en Energie renouvelable et Physique des plasmas.
Lors d'une expérience à Airbus comme ingénieur dans un projet d'avions électriques, il pense pouvoir apporter sa contribution à l'écologie. Ce projet était du green washing, nous confie t-il, déçu, il démissionne de son poste.
Son militantisme pour le climat a débuté voilà un an et demi. Il s'engage aux côtés des militants du Mouvement Action Non Violente-COP 21 (ANV-COP21) à l'origine de la campagne "décrochons Macron" qui lutte en faveur du climat.
A la question "est-ce-que l'enjeu vaut le coup ? " retrouvez ci-dessous la réponse de Virgile Lebrun :
Une action illégale
Le 19 juillet dernier, il s'est introduit dans la petite mairie de Mérenvielle (31) avec Clarisse, militante comme lui au sein de la même association, pour décrocher le portrait du président Macron du mur de la salle municipale. Une opération non violente et à visages découverts pour dénoncer l'inaction climatique.L'idée initiale était de le transporter symboliquement devant un projet d'autoroute qu'ils estiment climaticide.
Ils savent tous les deux que leur action est illégale mais "quand tous les moyens légaux sont épuisés et que rien ne bouge, il faut désobéir".
Une discussion s'engage avec le maire qui dit ne pas pouvoir célébrer un mariage quelques jours plus tard, si le portrait d'Emmanuel Macron n'est pas en place. Ils restituent le tableau.C'est symbolique, on veut montrer en décrochant ce tableau, le vide de la politique climatique et sociale du gouvernement d'Emmanuel Macron.
A l'extérieur, les gendarmes relèvent la plaque d'immatriculation de la voiture de Virgile. Ils seront tous les deux convoqués à la gendarmerie pour être entendus.
Alice, une amie militante qui attend dehors est invitée à entrer dans la gendarmerie, elle sera placée elle aussi en garde de vue pendant 24 heures.
Les 3 amis militants placés sous contrôle judiciaire auront interdiction d'approcher une mairie, obligation de pointer au commissariat tous les 15 jours et interdiction de se fréquenter jusqu'à la date du procès, fixée ce mercredi 20 novembre.
Une peine disproportionnée
Un décrochage qui peut coûter cher : tous les trois risquent une peine d'emprisonnement de 5 ans et 75.000 euros d'amende.Ce mercredi matin, au moment même où se tenait le procès, un nouveau décrochage avait lieu dans la petite mairie de Lasséran dans le Gers.Pour un tableau d'une valeur de10 euros et offert par les préfectures aux mairies, c'est une infraction disproportionnée au regard du préjudice.