Le chef de l'Etat a de nouveau reçu lundi à l'Elysée, 5 présidents de grandes métropoles dont Jean-Luc Moudenc. De leur côté, les présidents des départements concernés se dressent contre ce projet.
Emmanuel Macron a reçu lundi cinq présidents de métropoles, Alain Juppé (Bordeaux), Christian Estrosi (Nice), Jean-Luc Moudenc (Toulouse), Johanna
Rolland (Nantes) et Damien Castelain (Lille), pour avancer sur son projet de fusion de ces grandes agglomérations avec leur département.
Il s'agit des dirigeants des cinq métropoles de plus de 500.000 habitants en dehors de Paris, Lyon et Marseille, où ce rapprochement est déjà acté ou en cours. Une première rencontre, non-annoncée, avait eu lieu pendant l'été, révélée par le Canard Enchaîné.
Dans ces territoires, comme il l'avait dit pendant sa campagne, Emmanuel Macron souhaite fusionner les instances départementales et communales, en s'inspirant de l'exemple du Grand Lyon où le rapprochement a été décidé en 2014.
"Un consensus s'est dégagé"... mais Nantes sort des négociations
"Un consensus s'est dégagé sur un schéma-cible de département-métropole, qu'il faut encore affiner", a assuré l'Elysée à l'issue de cette rencontre.Néanmoins la présidente socialiste de Nantes Métropole et maire de la ville, Johanna Rolland, a déclaré à Ouest-France que "la réforme proposée ne correspond pas à la réalité nantaise ". Dans la journée de mardi, elle a indiqué que Nantes sortait des discussions sur ce sujet avec l'Etat, estimant que dans sa métropole la coopération entre institutions est à un niveau satisfaisant.
L'objectif d'Emmanuel Macron est de mieux coordonner les politiques publiques en évitant les doublons et en réunissant les compétences éclatées entre département et ville, comme pour la gestion de la mobilité, la politique de la ville, encore la politique sociale. Hors du territoire de la métropole demeurerait un département résiduel.
Un président de métropole élu au suffrage universel, cumul impossible avec le mandat de maire
Actuellement par exemple, une ville peut construire un quartier d'habitation mais c'est au département de décider s'il y implantera un collège. L'idée est que le président du département-métropole soit élu au suffrage universel direct, en même temps que le maire. En raison de la règle du non-cumul des mandats, ce ne pourrait pas être la même personne, précise l'Elysée.Pour ce projet, Emmanuel Macron veut obtenir l'adhésion des maires des territoires concernés ainsi que du Sénat, puisque qu'il faudra une loi pour acter cette réforme.
Quant aux maires des grandes villes concernées, ce sont actuellement les mêmes que les présidents de métropoles reçus lundi sauf à Lille, dont la maire, la socialiste Martine Aubry, n'était pas présente à l'Elysée lundi.
"Le gouvernement n'engagera cette réforme qu'avec la volonté explicite des élus d'y aller", a assuré l'Elysée, qui espère boucler le dossier dans les prochains mois, afin qu'une loi soit votée avant les élections municipales. En ce cas, l'élection au suffrage universel direct du président de la métropole n'interviendrait qu'en 2026.
Les départements concernés sont vent debout
Ce projet inquiète les conseils généraux des départements concernés, qui craignent que les métropoles règnent en maîtres sur les parties dynamiques du territoire et ne laissent aux conseils généraux que les zones périurbaines ou rurales.Leurs présidents, Georges Méric (Haute-Garonne), Jean-Luc Gleyze (Gironde), Philippe Grosvalet (Loire-Atlantique), Jean-René Lecerf (Nord) et Charles Ange Ginesy (Alpes-Maritimes), ont écrit le 10 septembre au président de la République pour s'en inquiéter.
"La perspective d'une réforme des métropoles calée sur le seul +modèle lyonnais+, au détriment des départements dans leurs compétences et périmètres actuels, nous paraît contenir le risque irrévocable d'accentuer davantage les fractures territoriales qui affaiblissent notre pays, fragilisent le tissu social et alimentent la montée des extrêmes", ont-ils écrit.