Réforme du lycée professionnel : imbroglio et premières tensions sur des suppressions de places dans des établissements de Toulouse

Des professeurs du lycée Bellevue de Toulouse ont cessé le travail mardi 9 mai après avoir appris une éventuelle suppression de sections dans les classes de seconde de leur établissement. Finalement, des places seraient supprimées dans ces classes de bac pro commerce, mais ces approximations illustrent le lancement délicat de la réforme du lycée professionnel menée par le gouvernement.

La réforme du lycée professionnel est à peine amorcée qu'elle suscite déjà de grosses inquiétudes dans les établissements. Hier, mardi 9 mai, Myriam Martin, une représentante du personnel du lycée Bellevue de Toulouse (Haute-Garonne) et ancienne conseillère régionale LFI, apprend, sur le site de l'Éducation nationale, la suppression de sections en classes de seconde dans son établissement à la rentrée prochaine. Pour elle, c'est la douche froide. 

Retournement de situation en moins de 24 heures

Myriam Martin informe son proviseur, qui tombe des nues. Il n'est pas au courant de l'annonce. La représentante du personnel et certains de ses collègues décident de cesser le travail mardi 9 mai à partir de midi. "C'est inadmissible d'apprendre cela sur un site. On ressent un profond mépris" témoignait la représentante quelques minutes après avoir cessé le travail.

Après plusieurs heures d'attente, durant lesquelles le proviseur entre en contact avec le rectorat de Toulouse, cette annonce prend une autre tournure mercredi 10 mai : "106 places de seconde de bac pro commerce seraient supprimées à la rentrée au sein de l'Académie de Toulouse" selon Myriam Martin, recontactée aujourd'hui.

"Des élèves de troisième vont se retrouver sur le carreau"

Pas de quoi rassurer la représentante du personnel du lycée, passablement énervée de l'incertitude ambiante. "Des sections pourraient être fermées, des élèves de troisième vont se retrouver sur le carreau s'il n'y a pas de place pour aller en bac pro commerce" s'insurge-t-elle. Le nombre de suppression de place est pourtant connu, "mais où ? Et comment ?" s'interroge Myriam Martin.

Les élèves auraient la possibilité de se tourner vers d'autres lycées professionnels proposant un bac pro commerce comme à Tournefeuille ou au Mirail, s'ils ont soumis plusieurs voeux. Mais le flou persistant sur le nombre de places disponibles dans cette filière à la rentrée crispe la représentante du personnel du lycée Bellevue. "Parfois, les jeunes patientent jusqu'à septembre. Les places sont déjà très limitées. Les gamins peuvent se retrouver sans solutions". 

L'Académie de Toulouse affirme que "rien n'est envisagé à ce stade"

Contactée mardi en fin de journée (avant la nuance de l'annonce), l'Académie de Toulouse a tenu à temporiser. "Il n’y a, à ce jour, aucune décision de fermeture. Il est bien entendu qu’aucune décision ne saurait être prise sans information préalable. Rien n’est pour l’instant acté ni même envisagé à ce stade" affirmait le service académique.

Selon les annonces du gouvernement, la réforme du lycée professionnel entraînera la création de "80 nouvelles formations d'avenir, pour accueillir 1.050 élèves dès la rentrée 2023". Mais là aussi, difficile d'y voir clair selon Myriam Martin. "On nous parle des métiers du numérique, sans savoir ce qu'il y a derrière. On ne comprend pas très bien ce que c'est, avec le risque de se retrouver avec des formations qui n'intéressent pas les élèves". 

Une réunion entre proviseurs et le ministère de l'Éducation nationale devrait avoir lieu la semaine prochaine pour aborder ces zones d'ombres. Myriam Martin en espère peu de choses, elle qui se sent sans repères, preuve d'une cassure entre professeurs et gouvernement. "L'incertitude est grande et l'inquiétude forte. On n'a aucune confiance" conclue-t-elle. 

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Occitanie
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité