Le mois dernier, la Cour des comptes publiait un rapport sur la rénovation énergétique, dans lequel elle dénonce certaines failles du Certificat d’économie d’énergie, un des dispositifs d’aide à la rénovation thermique. Ils pointent son manque d’efficacité au regard de son coût, 6 milliards d’euros en 2023. Des conclusions qui inquiètent les professionnels du secteur, le dispositif étant déjà assez complexe pour les particuliers.
"C'est le bon isolant qui a été posé", vérifie, mètre à la main, Maxence Hilgenberg, responsable d'agence Cozynergy, expert en rénovation énergétique. Ce professionnel de la rénovation accompagne Anthony Lizon dans la réception de chantier de sa maison. Une bâtisse dont le jeune propriétaire a fait l'acquisition à Baziège en Haute-Garonne, alors qu'elle n'était qu'une véritable passoire thermique. Il s'est alors lancé dans de grands travaux : pose de pompe à chaleur, isolation par l'extérieur, tout y a été refait.
Un chantier rendu possible grâce aux aides
Un chantier rendu possible, grâce aux aides de l'Etat, explique le propriétaire, à notre équipe de journalistes : "C'est 50 000 euros pour la rénovation énergétique, juste pour les ravalements de façade et l'isolation par l'extérieur. Et avec les aides, on est à 8 000 de restant à payer."
Ces aides sont évidemment conditionnées à certains critères : les revenus, avoir recours à une entreprise agréée et effectuer des contrôles post-chantier. Le dispositif censé limiter les fraudes et les malfaçons rendent les démarches difficiles pour les particuliers.
C'est assez complexe, car les démarches sont longues. Ce sont des dossiers qui peuvent prendre 4 à 8 mois, pour être déposés et acceptés
Maxence Hilgenberg, responsable d'agence Cozynergy, expert en rénovation énergétique
"C'est relativement long, nous, on a l'avantage de faire ça tous les jours, pour faire gagner du temps au client et gagner surtout en qualité de chantier pour le cliente, ajoute-t-il
Des changement de critères qui perturbent le marché
L'éco-délinquance qui ternit l'image de la profession et dénoncée dans un récent rapport de la Chambre des comptes via le dispositif des certificats d'économie d'énergie, est bel et bien un frein pour ce marché. Car pour la combattre, l'Etat réévalue régulièrement les critères.
" La réponse à cette éco délinquance ne doit pas être, selon moi, le changement de dispositif, estime Nicolas Durand, PDG de Cozynergy. Mais cela doit plutôt être de renforcer les contrôles, plus de présence terrain, mais pas changer tous les six mois les dispositifs, ça c'est très compliqué, pour les entreprises de s'adapter à chaque dispositif et pas que pour les entreprises, mais également pour " ma Prim' rénov", qui n'a pas toujours les logiciels et les procédures de contrôles sur les nouveaux dispositifs."
Les acteurs de la rénovation réclament la prolongation des règles en vigueur, sans quoi les objectifs environnementaux, ne seront pas atteints pour le secteur du bâtiment.