À quelques centaines de mètres du Monument des combattants de la Haute-Garonne, dont le déplacement et la préservation des platanes à proximité, a été au cœur de l'actualité la semaine dernière. Des arbres sont abattus pour le chantier de la future ligne C du métro toulousain.
Moins d'une semaine après la grande opération de déplacement du monument des combattants de la Haute-Garonne à Toulouse, à quelques centaines de mètres de là, des arbres sont abattus pour le chantier de la future ligne C du métro toulousain.
Depuis ce mercredi matin, des riverains et passants sont surpris par l'installation de grilles de sécurité aux abords du port Saint-Sauveur.
Un panneau d'information leur apprend que l'esplanade de la capitainerie et l'espace Marie-Christine Lafforgue vont subir quelques transformations pour permettre la construction d'un ouvrage annexe (puits de secours et de ventilation) de la future ligne de métro.
Il y a bien sûr eu des réunions d'information (obligation d'informer la population), des affiches posées sur des portes d'immeubles.
Dans la dernière "Info travaux Tisséo" affichée, il est fait mention d'enlèvement de 12 arbres". Mais de là à comprendre que des arbres, même si leur nombre a été revu à la baisse, vont être abattus, beaucoup sont choqués par l'évènement du jour.
"On marche sur la tête, c'est honteux ! Je ne comprends pas qu'on enlève encore des arbres de nos jours"
Lou, riveraineFTV / V. Beaulieu
"C'est mon quartier, çà me désole"
Cyrille, riverainFTV / V. Beaulieu
Une pétition a été lancée samedi dernier, elle dépasse les 300 signatures. Tisséo avance leur objectif : pour un arbre enlevé, 3 seront replantés dans le secteur.
"On n'a rien contre le métro mais on accepte mal qu'il n'y ait aucun respect pour le végétal. Les arbres récupèrent les particules fines, plus ils sont grands plus ils en récupèrent. Ce sont des vecteurs de santé publique. En plus, sans les arbres adultes, il n'y aura plus de fraîcheur. C'est un écocide avec l'argent du contribuable"
Cendrine Froment - membre du groupe national de surveillance des arbres GNSA ToulouseFTV / V. Beaulieu
Certains des micocouliers, qui seront abattus d'ici ce mercredi soir, ont plus de 50 ans.
Dans son livre "Du bon usage des arbres : un plaidoyer à l'attention des élus et des énarques" Francis Hallé, éminent botaniste, évoque le système de compensation : "Replanter dix jeunes arbres, au lieu d'un vieux, est une triple arnaque. Un pan du patrimoine disparaît ainsi que la faune et la flore associées. Un vieil arbre ne coûte rien alors que les 10, c'est nous qui les payons. La pire arnaque est écologique : il faut attendre 25 ans pour que la surface cumulée atteigne la taille du vieil arbre".
Tisséo, qui travaille avec un écologue étudie chaque site impacté par le chantier, assure "après avoir réussi à réduire le nombre d'arbres impactés bien en deçà de l'engagement pris pendant l'enquête publique, nous procédons en dernier recours à la coupe des arbres à proximité des zones de travaux".
Pour la représentante du GNSA présente sur place, "des solutions existent : transplantation, changement de place des bouches d'aération pour préserver les arbres adultes".
"Ce n'est pas éthique, par rapport à tout ce qui se passe (réchauffement climatique, défense de l'environnement), c'est au détriment de l'intérêt public"
une riveraineFTV / V. Beaulieu
L'abatteuse est finalement arrivée vers 16h, une vingtaine de personnes a tenté de s'opposer à son installation.
Après l'abattage de ces 7 arbres, leurs souches seront arrachées. Des diagnostics de fouilles archéologiques préventives se feront d'ici la fin 2023.
Les travaux de génie civil commenceront dans la foulée. La mise en exploitation de la ligne C du métro toulousain est annoncée pour 2028.
Cette zone fait partie du projet urbain "Grand parc canal" de la Métropole, l'aménagement se terminera à l'horizon 2030.
(MAJ - jeudi 9 septembre) Suite à la publication de cet article Tisséo noous a envoyé les élements suivants : "Les emprises des travaux du chantier de la Ligne C sur le site de Port Saint Sauveur concernent un puits de ventilation et d’accès secours de la future ligne de métro. Ce puits de ventilation et de secours ne peut pas être positionné ailleurs, afin de respecter des règles très strictes et contraignantes de sécurité des tunnels en cas d’incendie. Par ailleurs, ces mêmes emprises se situent pour moitié dans le site classé du canal du Midi. Cette protection est la plus forte en droit de l’environnement, et l’autorisation spéciale de travaux est délivrée directement par le Ministère de l’Ecologie.
- Tisséo a présenté dès l’enquête publique de 2019 l’impact et les mesures associées sur les arbres, dénombrant alors 14 arbres dans les emprises. Un avis favorable a été donné par le ministère de l’Ecologie.
- Lors de l’enquête publique d’autorisation environnementale de 2021, le dossier spécifique de demande d’autorisation spéciale de travaux en site classé a été soumis à une nouvelle enquête publique. Ce dossier détaille l’impact sur les arbres, réduits au nombre de 13, et les mesures prises pour reconstituer un espace qualitatif d’ambiance portuaire avec replantation de 13 arbres sur site, et 26 arbres dans le quartier.
La Commission Départementale de protection des Sites et Paysages ainsi que le ministère de l’Environnement ont rendu un avis favorable après consultation du dossier, préconisant certains ajustements techniques immédiatement adoptés par la maîtrise d’ouvrage, et autorisant l’abattage des 13 arbres.
- Enfin en octobre 2022, un arrêté préfectoral autorisait la coupe des arbres d’alignement concernés par les travaux de la ligne C.
Les mesures prises pour la protection des arbres
Dans le cadre de la mise en œuvre de la démarche Eviter Réduire Compenser, Tisséo a constamment cherché à réduire le nombre d’arbres à couper au Port Saint Sauveur, comme sur l’ensemble des sites. Ce nombre initialement estimé à 14 en 2019, est réduit de moitié à 7 aujourd’hui. Tisséo va en effet mettre en défens 2 arbres situés dans les emprises et en transplanter 5 autres. Le chantier sera par ailleurs suivi par la DREAL, qui s’est rendue sur site le 4 septembre pour un état des lieux contradictoire des arbres, ainsi que par un bureau d’étude expert arboricole pour veiller à la santé des arbres aux abords des emprises. Il convient enfin de noter que 4 des 7 arbres coupés sont actuellement malades, dont 1 à risque de rupture, comme le confirme un diagnostic phytosanitaire réalisé par un bureau d’étude indépendant."