Le tribunal de commerce a désigné mardi 15 septembre 2020 le nouveau repreneur de la société de sondage BVA, dont le siège est situé à Balma près de Toulouse. Il s'agit d'Alcentra, un fonds de dettes britannique. Une nouvelle qui déçoit et inquiète les salariés et la direction actuelle.
"Les bras m'en tombent..." Ce sont les mots du patron de BVA depuis 34 ans. Sous le choc et la stupéfaction, Gérard Lopez ne comprend pas cette décision du tribunal de commerce de Toulouse. Le 15 septembre, l'instance a rendu sa décision sur la reprise de la société de sondages BVA. Quatre repreneurs s'étaient fait connaître, parmi lesquels le patron actuel de BVA, qui avait porté une offre soutenue par les salariés. C'est finalement Alcentra, un fonds de dettes britannique, filiale de l'Américain BNY Mellon, qui a été retenu.
Après un bilan record de 200 millions d'euros en 2019, BVA a été frappé de plein fouet par la crise sanitaire, connaissant une baisse d'activité de l'ordre de 40%. La société avait été placée en redressement judiciaire en juin dernier.
"C'est une déception"
La surprise est aussi du côté des salariés. "C'est une déception, ça va à l'encontre du choix des salariés", explique Ludovic Briey, secrétaire du CSE (Comité Social et Économique) de BVA. Le soutien avait été donné à l'offre de reprise de la direction, qui envisageait un maintien de la totalité des emplois en France.30% des emplois maintenus sous conditions
1000 personnes travaillent à BVA, dont 500 sur le siège de Balma. Or l'offre d'Alcentra ne prévoit la reprise que d'une partie des emplois, environ 320, et sous conditions : "Il y a une sûreté d'emploi de deux ans, à condition de remplir le business plan, qu'eux-mêmes vont établir".De son côté Nicolas Besson, le directeur exécutif d'Alcentra European Direct Lending a exprimé sa satisfaction à l'AFP : "Cela va permettre au groupe de reprendre sa stratégie de croissance."
Nous allons procéder à la réunion des activités américaines et européennes du groupe, pour garantir l'intégrité du groupe et la pérennité à long terme.
Alcentra, spécialisé dans le rachat de dettes... L'activité est bien éloignée de celle exercée à BVA, qui travaille sur l'analyse de données. Il y a "une méconnaissance du métier", expriment les représentants du personnel, et "un manque d'expertise du secteur".
Quel avenir pour le site de Balma
Le directeur actuel, Gérard Lopez, ne cache pas non plus son inquiétude sur les affirmations de ce repreneur concurrent. Le siège social va être délocalisé à l'étranger, probablement au Luxembourg, un message clair : "Il n'y a aucun projet pour le site toulousain. Nous, nous avions un projet pour faire grossir Toulouse. Nous sommes tellement attachés à notre ville," témoigne, remonté, celui qui a été aux manettes de l'entreprise pendant 34 ans.Suite à cette décision judiciaire, il nous précise : "nos avocats étudient les voies de recours possibles."
Dernière problématique : la protection des données. Dans le cadre de ses analyses, BVA travaille sur des informations sensibles. Les voir partir aux mains des Américains suscite d'ores et déjà des inquiétudes.