Souvent associée à la vieillesse et aux jeunes mamans, l’incontinence liée à l’effort est aussi fréquente chez les sportives. Handball, volleyball, athlétisme, 80 % des trampolinistes en souffrent. Une pathologie tue et sous-estimée. Les joueuses du Stade Toulousain ont décidé de briser le tabou

Lorsqu'on pense incontinence, on pense aux personnes âgées ou aux jeunes mamans. Pourtant, la pathologie est fréquente chez les sportives de haut-niveau. Un tabou que les joueuses du Stade Toulousain ont fait le choix de briser.

54% des joueuses du Stade Toulousain déjà impacté

Plus qu'une gêne, cela a un véritable impact sur la santé des athlètes qui pratiquent une activité avec des sauts, des impacts comme le volley, le hand, le basket et le rugby. Au Stade Toulousain, 54% des joueuses en ont déjà souffert

"Il faut lever le tabou, prendre la parole. On s'est rendu compte que ça jouait énormément sur la performance et également sur notre confort physique. Quand on est en période de menstruation ou quand on a des gênes, on va être plus fatigué et moins performante, que ce soit à l'entrainement ou en match. Et si pendant ces phases d'entraînements, on ne l'exprime pas cette gêne, cette instabilité, cette contre-performance, ça peut nous apporter des blessures, des choses plus graves", témoigne Fiona Lecat, 3ᵉ ligne du Stade toulousain.

Ne pas s'hydrater de peur d'avoir des fuites

Certaines d'entre elles préfèrent même ne pas s’hydrater la journée précédant un match et durant le match lui-même, de peur d’avoir des fuites. Engendrant des conséquences graves, la déshydratation altère la concentration et peut provoquer des claquages ou des élongations… pire encore, ce serait mauvais pour le cœur et le cerveau. 

Les sportives de haut niveau ne sont pas les seules concernées. Selon une étude suédoise, de 2002, 15 % des sportives de loisirs souffrent d’incontinence d’effort.  

Lors d'un effort intense, un saut ou plaquage, la pression sur l'abdomen est telle que la vessie laisse échapper quelques gouttes d'urine. Alors pour contrer cette pathologie, l'entraînement est adapté.

"Sur le terrain, on ne peut pas leur dire en permanence de tenir le périnée, retenir l'urine. Donc là, on intègre des automatismes qu'il faut mettre en place au fur et à mesure de leurs séances", précise Stéphanie Férase, préparatrice physique du Stade toulousain féminin. Elle ajoute : "c'est un travail très long. Ça ne se fait pas du jour au lendemain"

c'est aussi une épreuve, c'est très variable en fonction des jeunes filles, de leur contraception

Mélanie Maestrello,

médecin généraliste et médecin du Stade Toulousain féminin

Un travail long et un sujet méconnu des scientifiques, car aucune étude d'ampleur n'existe à ce jour. Les soignants font au mieux au quotidien. "On a du mal à trouver un protocole qui soit un peu standardisé pour essayer de l'appliquer à ces jeunes filles. Tout en sachant que ce problème-là, c'est aussi une épreuve, c'est très variable en fonction des jeunes filles, de leur contraception", explique Mélanie Maestrello, médecin généraliste et médecin du Stade Toulousain féminin.

Associer performance et bien être

Alors au Stade Toulousain, médecins, préparateurs physiques, sages-femmes et ostéopathes s'unissent pour tenter d'associer performance et bien être.

Avant d'être une sportive de haut niveau, elle est une femme

Keyidi Myaro,

ostéopathe, kinésithérapeute

"C'est remettre la femme au centre du sport. Avant d'être une sportive de haut niveau, elle est une femme. Moi, je suis sûre qu'à partir du moment où l'on va en parler de plus en plus, cela va intéresser des scientifiques, des chercheurs, qui vont se dire que ce serait bien de faire des études sur le sujet. On va vraiment arriver à trouver des solutions concrètes et c'est génial pour les futures générations", se réjouit Keyidi Myaro, ostéopathe, kinésithérapeute et entraîneur au sport à la performance.

Une campagne de prévention en 2023

Une prise en charge adéquate de l'incontinence d'effort est un enjeu de santé majeur. Il s'agit de mieux accompagner les athlètes dans leur vie de sportives tout en les aidant à mieux vivre leur vie de femme.  

Le Comité National Olympique et Sportif Français va lancer, au deuxième trimestre 2023, une campagne de prévention auprès des athlètes et des cadres techniques afin de les sensibiliser aux risques du sport intensif sur le périnée. Une première.

(Avec Sandra  WACHLEWICZ)

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