Retour des tensions au sommet, saison cahoteuse et qualification précaire : à l'heure d'affronter Toulon à Nice samedi en Top 14, la transition du Stade Toulousain vers l'après-Guy Novès est loin d'être un long fleuve tranquille.
Et si le modèle bâti par Novès et le président Jean-René Bouscatel, qui a permis aux Rouge et Noir de régner sur la France pendant près de vingt ans, était à bout de souffle ?
Jean-René Bouscatel a en tout cas reconnu que le club arrivait "à la fin d'un cycle". "Nous sommes en train de restructurer le club sur le plan sportif (...) et cela ne peut pas se faire en un jour", a convenu le président du Stade Toulousain désormais dépassé par les nouveaux riches Toulon ou le Racing 92.
Le contexte est "compliqué pour nous", admettait pour sa part le nouvel entraîneur Ugo Mola après la victoire difficile face à un Racing 92 bis (14-3) il y a une dizaine de jours. "On nous ressasse assez souvent que c'est une transition mais qu'elle est pas forcément toujours à la hauteur de ce qu'on espérait, on nous ressasse qu'on est en danger", commentait-il, un brin agacé. "Tout le monde attend que ça tombe et que ça trébuche mais force est de reconnaître qu'on est encore là. On va bien préparer cette dernière ligne droite pour se qualifier et donner peut-être un petit peu tort à pas mal de personnes", espérait Mola.
Une guerre interne en coulisses
En tout cas, maintenant que Novès, emblématique patron du Stade qui a soulevé en tant qu'entraîneur dix Brennus et quatre Coupe d'Europe, est parti pour le XV de France, les tensions qui ont déjà secoué le club fin 2014 semblent reprendre de plus belle.Selon plusieurs médias, Jean-René Bouscatel, dont le mandat s'achève en 2017, serait poussé vers la sortie par certains. En coulisses, les clans s'agitent et si le président verrait bien l'actuel directeur sportif Fabien Pelous lui succéder, l'ancien troisième ligne et patron de la régie publicitaire du club, "A la Une", Didier Lacroix, lorgnerait également ce poste hautement honorifique dans la Ville rose.
Ces tensions ont été démenties par le président de Toulousains pas particulièrement sereins, sur le plan sportif, à cinq journées de la fin de la saison régulière. Après avoir bien géré le début de saison et l'absence de leurs internationaux durant la Coupe du monde, ils ont très mal négocié le virage du Tournoi : coleaders fin janvier, ils ont connu un trou d'air en février et mars pour chuter à la cinquième place actuellement. S'ils semblent donc assez bien partis pour décrocher un barrage à l'extérieur, leurs poursuivants (Castres et Bordeaux-Bègles) ne sont qu'à quatre longueurs et leur calendrier n'incite pas à l'euphorie, entre le voyage à Nice face au RCT puis la réception de Clermont (avant-dernière journée).
Qualification obligatoire pour Toulouse
Échouer à se qualifier serait vécu comme un drame absolu à Toulouse, dont "le Stade" est systématiquement présent en phase finale depuis quarante ans. Mais force est de constater que le club, dont le dernier Brennus remonte à 2012, ne domine plus de la tête et des épaules depuis plusieurs saisons le rugby français et européen. S'il reste le club le plus titré sur la scène continentale (1996, 2003, 2005, 2010), il a été éliminé cette saison pour la troisième fois en quatre ans dès la phase de poules."Cela fait trois ou quatre saisons que l'on n'est pas bon. C'est dommage car on a une belle équipe. Il faudrait que tout le monde se bouge un peu plus. Que chacun donne plus, que se soit au niveau des joueurs ou du club en général...", a lancé lundi l'arrière international Maxime Médard.
"Le club est plus fort que ça", déclarait pour sa part il y a peu le troisième ligne international Louis Picamoles, "il va falloir se remettre en question pour,
qui sait, reprendre un peu l'avance qu'on avait sur les autres clubs il n'y a pas si longtemps que ça."