Privé de nombreux éléments retenus en bleu ou blessés, le Stade Toulousain aborde une période délicate en termes de gestion de l'effectif, qui va le forcer à faire des impasses, à commencer par ce samedi face au Racing.
Voici venue l'heure des calculs et des choix. Sur les six prochains matches de Top 14, entre ce samedi et le 22 mars, Toulouse se déplacera quatre fois (Racing-Métro, Biarritz, Castres, Stade Français) pour deux réceptions (Montpellier et Biarritz). Une période où il lui faudra composer sans un fort contingent d'internationaux, parmi lesquels Louis Picamoles, Yoann Huget, Maxime Médard ou encore Jean-Marc Doussain, mobilisés par le Tournoi des six nations qui débute le 1er février.
Et c'est sans compter les blessés: parmi les cadres, manquent à l'appel le capitaine Thierry Dusautoir, indisponible jusqu'en avril, le centre Florian Fritz, de retour au mieux début mars, ainsi que l'ouvreur Luke McAlister et le troisième ligne Grégory Lamboley, dont la saison est terminée.
Bref, l'encadrement Rouge et noir va devoir établir des priorités pour rester à flot en vue de la phase finale du Top 14. Le club est certes dans les clous (4e, 44 pts) mais loin d'être à l'abri d'une dégringolade, avec seulement quatre longueurs d'avance sur la 7e place. Le poids des doublons, "je vous en parle depuis des années et cela me tue", soupire le manager Guy Novès. "On va devoir faire des choix. C'est suffocant (...) On va donner le meilleur mais il ne faudra pas s'étonner des résultats", prévient-il.
Montpellier d'abord
La venue de Montpellier, le 8 février, pour laquelle "la mobilisation sera générale," a été ciblée. On en oublierait presque la rencontre de samedi face au Racing-Métro au Stade de France. D'autant que les Toulousains n'ont guère brillé jusque-là hors de leurs bases. Pour trouver trace d'un succès l'extérieur en Top 14, il faut remonter au 30 mars 2013 et un voyage au Stade de France... face au Racing-Métro (27-26).
Les chances de victoire avec "une équipe bis", dixit Novès, paraissent minces, alors que les Racingmen ont un besoin vital de points. Mais officiellement il est interdit d'avouer que ce "choc" ne sera qu'un ersatz. "On n'a jamais fait de croix sur aucune rencontre et on ne va pas commencer aujourd'hui", clame Novès. Le président René Bouscatel s'est même fendu d'un communiqué cette semaine, affirmant qu'il n'était "pas question de ne pas honorer l'affiche projetée par un club ami".
"Cette histoire d'impasse, c'est compliqué, admet de son côté l'entraîneur des lignes arrières, Jean-Baptiste Elissalde. Les joueurs lisent la presse et je ne peux pas leur demander d'un côté de s'investir à 150%, et, moi, dire que l'on va galvauder le match du Racing". "Si leur engagement et leur état d'esprit est le bon ils marqueront des points pour les matches à fort enjeu", positive-t-il.
Un contexte plus tendu
Certains, comme l'arrière polyvalent Clément Poitrenaud, préfèrent croire en la bonne étoile du club et à sa solide expérience. "On s'en est souvent bien sorti les années précédentes", rappelle-t-il. Qualifié vingt fois de suite pour les demi-finales du championnat, le Stade a en effet toujours su faire le dos rond. L'an passé, il avait conservé sa 3e place pendant le Tournoi, entre la 17e et la 22e journée, avec trois victoires et trois défaites.
Mais cette fois le contexte est plus tendu. Le président Bouscatel ne cesse de s'élever contre la nouvelle convention FFR-LNR qui statue sur la mise à disposition des internationaux "et qui rend le Top 14 inéquitable et dévalorisé". En parallèle, la suprématie de l'équipe, championne d'Europe 2010 et de France 2011 et 2012, s'est essoufflée. Et le niveau entre les équipes s'est resserré.
Impossible donc de relâcher la pression, comme le souligne Elissalde: "il n'y a plus d'équipe de niveau Pro D2 en Top 14 comme il y a 4 ou 5 ans, et tu sais que tu vas laisser des plumes lors de ces doublons".