Le musée départemental de la résistance et de la déportation à Toulouse (Haute-Garonne) propose jusqu'au 29 octobre 2022 une exposition consacrée à Joséphine Baker, artiste vedette et femme d'engagements, entrée au Panthéon le 30 novembre 2021.
Elle est la première femme noire à être entrée au Panthéon et repose désormais aux côtés de Voltaire, Victor Hugo et Marie Curie comme une grande personnalité ayant marqué l'histoire de France.
Du Missouri à Paris
Joséphine Baker était une femme exceptionnelle, au destin exceptionnel. Petite fille métisse et pauvre, née à Saint-Louis dans le Missouri aux Etats-Unis, elle subit de plein fouet la ségrégation raciale. Et décide d'y échapper en devenant chanteuse et danseuse.
Des débuts incertains qui se transforment en succès quand la jeune femme se produit à New-York, dans le premier spectacle musical conçu et interprété par des noirs.
Sa soif de liberté toujours plus grande, elle arrive ainsi à Paris en 1925. C'est pour elle une révélation. "C'est le coup de foudre immédiat", explique Ingrid Leduc, directrice des musées du département de Haute-Garonne et co-commissaire de l'exposition. "Pour la première fois, elle a le droit d'exister en tant que personne, elle a le droit d'exister en tant que femme et personne ne lui fait remarquer qu'elle est noire. Elle a les mêmes droits que tout le monde, elle peut aller partout et elle découvre une effervescence artistique qu'elle ne connaissait pas, parce que c'est le Paris des années 30, ce Paris des revues incroyables, ce Paris des Folies Bergères".
Très rapidement, Joséphine Baker devient l'icône des nuits parisiennes. Elle fascine tout autant qu'elle scandalise, sa liberté est sans limites, elle revendique haut et fort sa place de femme, sa place d'artiste...
"J'ai deux amours"
Son amour pour la France, qu'elle a si souvent chanté, va se voir renforcer par la seconde guerre mondiale. En tournée auprès des soldats, elle refuse la défaite. Et refuse de se produire à Paris durant l'occupation.
Dans son château des Milandes où elle s'installe avec son mari, se réunissent autour d'elle des personnes désireuses d'entrer en résistance. Joséphine Baker devient agent de renseignements. Elle part également en tournée dans le monde pour récolter de l'argent mis à disposition de l'action de la France libre. Grande admiratrice du général de Gaulle, elle entretiendra toute sa vie une correspondance avec lui, en témoignent des lettres signées de sa main "votre sale gaulliste" que l'on peut lire au musée de la résistance et de la déportation de Toulouse.
Militante des droits humains
Mais la guerre terminée, ses combats ne cessent pas. Elle s'engage pour les droits civiques aux Etats-Unis, son pays d'origine où elle n'a toujours pas le droit de boire un café aux côtés des blancs. Elle participe à la marche de Martin Luther King, à Washington en 1963.
Parallèlement, Joséphine Baker s'engage aussi pour les enfants. Elle en adopte douze, du monde entier, sa tribu arc-en-ciel, comme elle dit.
En 1961, elle reçoit, aux Milandes, la légion d'honneur et la croix de guerre, pour son engagement au service de la France. 60 ans avant de faire son entrée au Panthéon.
C'est la vie de cette femme exemplaire, qui continue d'inspirer, que l'exposition du musée départemental de la résistance de Toulouse propose de découvrir, avec, à l'appui, de très nombreux documents et des œuvres exceptionnelles prêtées pour l'occasion, dans une belle muséographie.
"Joséphine Baker, une vie d'engagement" est à voir jusqu'au 29 octobre 2022. Plusieurs événements émailleront la durée de cette exposition temporaire.