Le collectif Faiseurs de Ville veut créer des "rues scolaires" à Toulouse. Autrement dit, il souhaite fermer l'accès automobile devant les écoles aux heures d'entrée et de sortie des enfants. La première expérimentation devrait avoir lieu au printemps 2022.
Une circulation parfois dense devant les écoles, des voitures stationnées en double file ou des trottoirs trop étroits au point d'interférer sur la sécurité des enfants ? C'est le constat des Faiseurs de ville, un collectif créé par quatre ingénieurs toulousains. Alors, pour "éviter des accidents et redonner de l'autonomie aux enfants pour faire les trajets maison-école seuls", ils souhaitent lancer une expérimentation de "rues scolaires" : des rues fermées à la circulation des voitures aux horaires d'entrée et de sortie des élèves.
"Le but est de travailler main dans la main avec la direction des établissements scolaires et les parents d'élèves. Des questionnaires seront distribués pour savoir comment le projet est accueilli", explique Raphaël André, membre du collectif.
L'expérimentation sera ouverte aux 166 écoles de la ville, selon les chiffres du rectorat de l'académie de Toulouse. Mais l'objectif des Faiseurs de Ville est plus grand : "avoir une réflexion globale sur la mobilité dans Toulouse".
Si les parents ne prennent plus la voiture pour amener leurs enfants à l’école, ils penseront peut-être à un autre mode de transport ensuite pour aller au travail. C’est une bonne porte d’entrée pour transformer la ville et donner plus d’espace aux transports doux (NDLR : marche, vélo)
Raphaël André, membre du collectif des Faiseurs de Ville
Selon une étude Ifop, publiée en septembre 2020, la voiture serait le premier mode de transport scolaire, alors même que 50% des enfants vivant en ville habiteraient à moins de 15 minutes à pied de leur établissement scolaire.
Un soutien de l'association des parents d'élèves FCPE
L'expérimentation est soutenue par la Fédération des Conseils des Parents d'Élèves 31 (FCPE 31). Mais selon le vice-président de l'association, Eric Pinot, la sécurité des enfants n'est en partie plus assurée à cause du comportement de certains parents qui déposent en voiture leurs enfants à l'école. "Beaucoup trop de personnes se garent sur le passage piéton et les pistes cyclables. C'est extrêmement dangereux pour les enfants qui traversent la chaussée seuls." Il décrit des "situations tendues aux entrées des écoles".
"La FCPE soutient cette expérimentation à 100% mais nous nous demandons comment cela peut être mis en place. Repenser la circulation, embaucher des agents pour gérer le trafic... ce n'est pas évident", s'inquiète Éric Pinot, père d'une fillette de 9 ans, scolarisée à l'école Jean Jaurès.
Pour les Faiseurs de Ville, l'application de ce projet est simple. "Plusieurs solutions peuvent être imaginées : le personnel des écoles peut sortir des barrières par exemple. Les villes où les rues scolaires ont été mises en place n'ont pas eu de mal à trouver de solution", rapporte Raphaël André, membre du collectif des Faiseurs de Ville.
L'association 2 Pieds 2 Roues souhaite aussi voir des "rues scolaires" se développer dans la ville rose.
Un projet déjà expérimenté à Cugnaux en 2021
Dans d'autres villes en France, le projet est devenu pérenne. À Paris, 150 projets de "rues scolaires" ont été mis en place. Une expérimentation a également été lancée en avril 2021 dans la ville de Cugnaux, en périphérie de Toulouse. L'axe de l'école Léon-Blum a été fermé aux voitures pendant plus d'un mois entre 8h40 et 9h10 et entre 16h15 et 16h45.
A Toulouse, seule la rue d'Artagnan où est située l'école Alexandre Falguière, est piétonne. Une première expérimentation avait été prévue en 2021 aux abords de l'école maternelle Marie et Pierre Curie.
"Philippe Perrin [NDLR : ancien conseiller municipal délégué au vélo, aux cheminements piétons et à la voirie] s'était rendu sur place pour constater la circulation des voitures. Des travaux ont été entrepris pour installer des ralentisseurs, mais ça n'est pas suffisant", rapporte Raphaël André.
De son côté, la municipalité affirme étudier des solutions pour rendre le ville "plus agréable pour les petits Toulousains".
"Depuis juin 2021, mon prédécesseur Philippe Perrin et Marion Lalane de Laubadère, adjointe au maire en charge des écoles, ont entamé un diagnostic pour chaque école de la ville. Nous cherchons des solutions justement pour rendre l'abord des écoles plus sécurisant pour les enfants".
Maxime Boyer, adjoint au maire en charge de la voirie
L'élu dit n'être "fermé à aucune proposition" et est prêt à travailler avec le collectif Faiseurs de Ville. "Il faut être pragmatique, étudier chaque école au cas par cas. Il n'y a pas de solution unique". La municipalité prévoit de terminer son recensement dans les prochains mois et espère pouvoir entamer des essais avant fin 2022. "Une expérimentation doit se faire sur plusieurs mois, pas seulement sur quelques jours. Il faut comprendre le changement d'habitudes des citoyens pour pouvoir leur apporter le meilleur aménagement", précise l'élu.
L'expérimentation du collectif Faiseurs de Ville sur l'ensemble des écoles réceptives au projet est elle prévue pour le printemps 2022.. Elle ne durerait "en premier lieu que quelques jours maximum pour permettre aux parents de voir si cette solution leur convient". Une réunion d'information est prévue le jeudi 13 janvier en visioconférence via ce lien : https://meet.google.com/vjn-avyw-ggj.