Depuis 10 jours, le fleuve Garonne bat des records de bas débit. Sur cette période de mi-octobre, c'est un record absolu depuis 30 ans. Pour le Syndicat Mixte d'Etudes et d'Aménagement de la Garonne : "On économise chaque mètre cube avec une gestion très fine au quotidien.
Ce n'est pas complètement inquiétant mais ce n'est pas rassurant. Le faible débit actuel de la Garonne interroge et incite surtout à la prudence en ce mois d'octobre 2022.
Record absolu depuis 30 ans
Sur la webcam braquée sur la Garonne et installée sur le site du Bazacle à Toulouse, on peut voir chaque jour le débit du fleuve. Ce jeudi à 18h, il était de 38 m3/seconde contre 73 m3/seconde en moyenne les autres années à la mi-octobre.
Du 1e juin au 31 octobre, le SMEAG (Syndicat Mixte d'Etudes et d'Aménagement de la Garonne) est missionné par l'État pour la gestion du fleuve. "Depuis 10 jours, nous battons des records en termes de débit. Du jamais vu depuis 30 ans. C'est particulièrement flagrant en aval du fleuve vers Portet-sur-Garonne (31), Lamagistère (82) et Tonneins (47), reconnaît Bernard Leroy en charge de la gestion d’étiage de la Garonne. Au pied des Pyrénées en amont de la Garonne ça va mieux, car elle bénéficie des pluies orageuses venues d'Espagne qui apportent aussi à ses affluents comme la Neste ou le Salat."
Les canicules successives de mai jusqu'au mois d'août ont asséché les sols. Si l'on rajoute de faibles précipitations, on comprend pourquoi le bas débit est de rigueur sur le fleuve et ses affluents.
Des lâchers d'eau limités
Face à cette situation, le gestionnaire de la Garonne procède à des lâchers : 4,5m3 par seconde depuis hier minuit et ce, jusqu'au 31 octobre où ce sera le préfet de Haute-Garonne qui aura la main sur la gestion. "Nous n'avons pas les moyens de faire mieux. On ne peut pas se permettre de lâcher plus car on ne sait pas ce qui se passera dans les prochains mois. Le pire est derrière nous car les nuits sont plus longues et l'eau plus fraîche avec une bonne oxygénation", déclare Bernard Leroy.
Cette ressource en eau provient du bassin du Tarn et du lac d'Oô dans les Pyrénées. Les bas débits à cette période sont moins graves et la faune aquatique n'en pâtit pas trop. "Mais il ne faudrait pas que survienne un incident comme par exemple un camion qui déverse des produits dans la Garonne accidentellement. Car les niveaux sont si faibles que ce serait une catastrophe."
Le SMEAG a déjà utilisé 75% de ses stocks en eau. Il ne reste donc que le 1/4 des réserves pour finir l'année.
Mais la Garonne n'est pas pourvue de grandes réserves comme les autres fleuves à l'instar de la Seine ou de la Loire où la tension est bien moindre. De plus, les retenues sont essentiellement hydro-électriques. "Avec la crise énergétique, il faut faire très attention. S'il n'y a plus d'eau cet hiver pour produire de l'électricité, ce sera problématique," reconnaît Bernard Leroy.
Il ne faudrait donc pas qu’en novembre les niveaux de précipitations soient bas. Sinon les 2 missions de service public à savoir garantir un niveau d'eau et ne pas trop déstocker pour produire de l'énergie seront compliquées à mener de front.