A quelques jours de l'ouverture du festival de BD d'Angoulême, rencontre avec le dessinateur toulousain Cyrille Pomès. Adapté d'un roman jeunesse, "Le fils de l'ursari", qu'il co-signe avec Xavier-Laurent Petit et Isabelle Merlet, est en sélection pour le grand rendez-vous annuel du "9ème art".
"Le fils de l'ursari", publié aux éditions Rue de Sèvres, figure parmi les bandes dessinées en sélection pour le festival d'Angoulême (30 janvier/2 février), dans la catégorie "Ado". Dans cette adaptation du roman éponyme de Xavier-Laurent Petit, Cyrille Pomès nous fait découvrir le quotidien d'une famille rom d'Europe de l'Est, dont le père est un "ursari", un dresseur et montreur d'ours qui combat à mains nues son animal pour gagner quelques pièces au hasard des places de villages.
Le quotidien d'une famille de Roms dans l'enfer d'un bidonville parisien
Rackettée et devenue paria dans son pays d'origine, contrainte à l'exil, la "tribu" de Ciprian, le petit garçon héros de l'histoire, débarque en France et déchante rapidement. Elle doit survivre dans l'insalubrité d'un bidonville parisien et se retrouve confrontée à la violence des réseaux mafieux ou des évacuations policières. La vie de ce gamin rom, faite de mendicité, de rapines et de débrouillardise, se voit transformée lorsqu'il rencontre par hasard des joueurs d'échecs qui décèlent chez lui des qualités de champion. L'histoire évite l'écueil du misérabilisme. L'humour de certains dialogues, les rebondissements qui la jalonnent lui confèrent une dimension poétique, non dénuée d'optimisme.
Une première BD jeunesse
Cyrille Pomès, qui a adapté, scénarisé et dessiné ce récit, ne s'était jamais jusque là aventuré dans le domaine de la jeunesse. Auteur de bandes dessinées de reportage remarquées (Le Printemps des Arabes/ La Dame de Damas, éditions Futuropolis) ou de récits illustrés issus de ses rencontres avec des migrants dans la jungle de Calais, ce Toulousain d'adoption formé à l'Ecole Européenne Supérieure de l'Image (E.E.S.I) d'Angoulême fait mouche, en captant au final l'attention des plus jeunes lecteurs comme celle des adultes, grâce à un style de dessin semi-réaliste mis au service d'une aventure à rebondissements.Pour d'autres projets, j'ai eu l'opportunité de donner la parole à des gens qui ne l'ont jamais, à Calais, à Mayotte, au contact de réfugiés ou de migrants. Dans "Le fils de l'ursari", l'idée est de montrer de l'intérieur comment ces mômes qui vivent dans ces bidonvilles se retrouvent à mendier à Toulouse ou à Paris et de faire comprendre à des enfants, des ados, la situation de départ : l'endettement dans le pays d'origine, le "business" de la misère...
Cyrille Pomès, dessinateur
Pour ce sixième album, déjà récompensé en Belgique en 2019 par le prix Atomium de la BD Citoyenne, Cyrille Pomès a collaboré avec Isabelle Merlet. La coloriste est venue magnifier les traits en noir et blanc du dessinateur, notamment pour les nombreuses scènes nocturnes.
Voici une planche de l'album, version "story-board"
Le "story-board" devient dessin en noir et blanc
L'auteur, qui aime ancrer ses récits dans la réalité sociale, s'est lui-même inspiré d'une histoire vraie, celle de Fahim, un jeune garçon originaire du Bangladesh, exilé en banlieue parisienne avec sa famille sans-papiers, devenu prodige et champion d'échecs avec l'équipe de France après sa naturalisation.