Une centaine de jeunes migrants campent dans des tentes sur les allées Jules-Guesde dans le centre de Toulouse. Médecins du Monde et d'autres associations ont donné une conférence de presse ce lundi 29 août pour protester. Une mobilisation de soutien a lieu place du Capitole à 17h30.
Ils ont été évacués de l'ancien Ehpad des Tourelles près de la rocade toulousaine de façon musclée par de nombreux policiers le 26 août. Une centaine de jeunes migrants a trouvé refuge dans des tentes dans le centre ville de Toulouse, sur les allées Jules Guesde à deux pas du tribunal de grande instance.
Ces jeunes occupaient l'Ehpad depuis la fin 2019, le temps que leur dossier soit étudié. Nombre d'entre eux, reconnus mineurs, ont été pris en charge au fil du temps pas le Conseil départemental de Haute-Garonne tandis que d'autres continuaient d'arriver en provenance d'Afrique de l'Ouest pour la majorité d'entre eux.
Pas de relogement
Vendredi 26 août, les autorités ont estimé que trois d'entre eux seulement avaient les papiers permettant leur prise en charge. Les autres n'ont pas eu de solution de relogement. Or, pour les associations qui les soutiennent, la préfecture s'en tient à une liste obsolète.
Elles ont tenu ce lundi 29 août, une conférence de presse sur place et rappelé que les jeunes migrants ont dû faire face le 26 août à "la violence des gaz lacrymogènes autant qu’à celle imposée par le silence écrasant des représentants des institutions qui étaient sur place", a indiqué Médecins du Monde.
"On a risqué notre vie pour venir ici, a expliqué l'un de ces jeunes à notre équipe de reportage le lendemain de l'expulsion. On n'est ici pour faire n'importe quoi. On a juste besoin de d'encadrement pour être accompagnés par le gouvernement français".
L'association, tout comme TEC 31, AutonoMIE, estiment que ces jeunes sont des adolescents qui mènent des recours auprès de la justice et déplorent qu'ils soient laissés dans l'attente d'une décision "sans protection, sans accès à un hébergement adapté, sans suivi éducatif, sans accès aux soins et à l'éducation et sans possibilité de répondre à leurs besoins fondamentaux".
"96% d'entre eux reconnus mineurs"
Elles précisent que 96% d’entre eux sont finalement reconnus mineurs par le juge et pris en charge par l’ASE (aide sociale à l'enfance). "Pendant les longs mois que prend l’examen de leur recours, le site des Tourelles, bien qu’inadapté à l’accueil de mineurs et sous-dimensionné, était jusqu’à vendredi le seul lieu où ils pouvaient être mis à l’abri et recevoir au quotidien une assistance des associations présentes (santé, éducation, aide juridique, aide alimentaire, etc...)".
Les associations dénoncent les conséquences de l'expulsion : ces jeunes se retrouvent à la rue, une situation qui vient s'ajouter aux traumatismes rencontrés sur la route de l’exil et à l'insécurité rencontrée depuis leur arrivée en France et certains ont besoin de soins, estime Médecins du Monde.
L'association TEC 31 notamment, qui oeuvre pour leur scolarisation depuis 2019 en leur proposant une remise à niveau, estime que cette situation les fragilise d'autant plus que certains doivent faire leur rentrée dans des établissements scolaires dans les jours qui viennent. Une dizaine d'entre eux seraient concernés d'après Jenifer Gruman, l'une des bénévoles de l'association.
Rassemblement de soutien
"Ils veulent continuer à s'éduquer, explique-t-elle. Ils tiennent, ils sont motivés. Ce qu'on leur fait est inadmissible. C'est ubuesque. Quand j'explique la situation aux chefs d'établissements qui doivent les accueillir, ils n'ont pas de mots. Personne ne sait comment ils vont faire en étant dehors".
Alors que le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc se félicite de l'évacuation de l'Ehpad qui a vocation à devenir un centre d'accueil pour les femmes à la rue enceintes ou accompagnées de leurs enfants de moins de 3 ans, la Nupes juge inacceptable ce traitement.
La préfecture n'a pas pour l'heure donné suite à notre demande d'information concernant le devenir de ces jeunes. Le groupe AMC organise ce lundi un rassemblement de soutien à ces jeunes, place du Capitole, à 17h30.