Le théâtre du Capitole de Toulouse a organisé des rencontres dans les établissements scolaires de la région. Un partenariat entre le rectorat et le théâtre pour faire découvrir l’opéra aux élèves. Une chanteuse lyrique était présente pour répondre aux questions et chanter quelques extraits.
Dans cette classe de troisième, au collège Léo Ferré à Saint-Lys (Haute-Garonne), les élèves ont plutôt l’habitude d’écouter du rap. Jul a plus la cote que Mozart ou Puccini. Et pourtant, quand la soprano Céline Laborie chante un extrait de La flûte enchantée de Mozart, l’auditoire semble subjugué. Les quelques 25 élèves accompagnés de la principale de l’établissement, du professeur de musique et du professeur principal écoutent attentivement la jeune femme.
Le pouvoir de la musique
Le directeur artistique du théâtre du Capitole, Christophe Ghristi, avait prévenu quelques minutes auparavant. "L’un des messages que nous voulons faire passer", dit-il aux élèves,"c'est que l’opéra est quelque chose de simple et direct pour exprimer des sentiments." Et c’est vrai que cet extrait de La flûte enchantée, chanté en allemand, semble toucher les collégiens même s’ils ne comprennent pas les paroles.
"Dans tous les opéras il y a un système comme au cinéma de sur-titrage", précise le directeur artistique, "donc on chante dans la langue originale de l’opéra, en allemand donc pour La flûte enchantée mais vous avez la traduction en français pour pouvoir suivre ce que dit le personnage. Vous n’avez peut-être pas compris un mot mais vous avez ressenti le sentiment qu’elle exprime : la tristesse. C’est le pouvoir de la musique de nous faire sentir et reconnaître les différents sentiments par les sons."
Le deuxième extrait choisi pour les élèves c'est un passage de Roméo et Juliette de Charles Gounod.
"Vous allez voir le contraste", explique Christophe Ghristi, "la première scène est très joyeuse, le drame viendra plus tard. Juliette chante la joie de vivre et exprime la jeunesse de son personnage et l’énergie vitale qui la représente".
S'entraîner comme un sportif de haut niveau
Ecouter de l'opéra dans une salle de classe ne peut pas laisser indifférent ; la proximité avec une chanteuse lyrique et la puissance du chant impressionnent forcément. Les questions sur ce métier sont nombreuses.
"J’ai toujours chanté", explique Céline Laborie. "A l’âge de 10 ans j’ai commencé à prendre des cours de chant et puis j’ai fait le conservatoire et j’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion."
"Combien de répétitions par semaine ?" demande un élève. "Cela dépend si on est en production pour un spectacle", explique la jeune femme. "En général il y a un mois et demi de travail, répétitions et opéra compris, donc je vais forcément répéter plusieurs heures par semaine. Les cordes vocales c’est un muscle donc si je m’arrête je vais moins bien chanter, c’est de l’entraînement comme un footballeur par exemple donc en général je m’entraîne une heure et demi à 2 heures par jour et jusqu’à 3 heures mais pas plus."
Interrogée sur les voyages, la chanteuse précise que c'est un métier où l'on est amené à se déplacer très souvent ce qui permet de rencontrer beaucoup de monde. Un job extraordinaire confirme le directeur artistique du théâtre du Capitole qui tient aussi à souligner les difficultés de ce métier comme se retrouver seul dans sa chambre d'hôtel après un concert devant des milliers de personnes.
"On met 6 mois pour apprendre un rôle", explique aussi la soprano. "Il faut connaître par coeur les paroles et la musique, être techniquement prêt et très à l'aise musicalement pour la mise en scène". Le meilleur rôle demande une jeune fille ? "Un rôle m'a marqué" dit Céline Laborie. "J'ai fait la princesse dans L'enfant et les sortilèges au Capitole, c'était mon premier rôle en sortant du conservatoire. J'ai adoré, c'était un rêve de petite fille."
Après un peu plus d'une heure de questions-réponses, l'échange se poursuit à bâtons rompus entre un petit groupe d'élèves et l'équipe du théâtre. Les collégiens connaissent désormais un peu mieux le chant lyrique, de quoi leur donner, peut-être, l'envie d'en faire un métier ou de devenir un spectateur fidèle des opéras.