Toulouse: une centaine d'ex-salariés de Freescale aux prud'hommes de Toulouse

Les avocats d'une centaine d'ex-salariés et de la direction de l'usine de semi-conducteurs Freescale se sont opposés jeudi sur la justification économique des licenciements d'août 2012, un dossier sur lequel le conseil de prud'hommes rendra sa décision le 26 mai 2016.

Quelque 80 anciens salariés, en majorité opérateurs sur la chaîne de production de l'usine toulousaine, s'étaient déplacés pour assister aux débats.

La procédure avait été engagée en juillet 2013 mais a connu deux reports.
La direction du groupe américain, ancienne filiale de Motorola, a décidé en 2009 de fermer cet atelier de production, occupant alors 821 salariés, et a licencié en août 2012 les 400 salariés restants. L'activité de recherche et développement a été maintenue et emploie environ 500 personnes.

Pas de "motif économique recevable"
Les 97 plaignants estiment que leur licenciement n'a pas de "motif économique recevable", selon leur avocat, Me Renaud Frechin.
"On nous dit qu'il s'agit de technologies vieillissantes, qu'il y a des surcapacités aux Etats-Unis, mais il n'y a aucune démonstration de la réalité de cette menace" sur la compétitivité de l'entreprise, a-t-il plaidé.
Selon lui, le rachat en 2006 de Freescale par des fonds américains, dont Blackstone, a entraîné un passage "d'une logique industrielle à 10, 20, 30 ans" à "une logique purement financière".
"Vous vouliez mincir pour rentrer dans votre robe de mariée avec NXP", concurrent qui a racheté Freescale en mars 2015, a-t-il lancé.
Les salariés contestent aussi les conditions de reclassement: la direction a "sciement réduit les alternatives" en ne proposant "aucune mesure d'adaptation", estime Me Frechin.

Problématique industrielle selon la direction
"La fermeture du site est une problématique industrielle, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire", a répliqué Me Nicolas Christau, avocat de la direction de Freescale.
Il avait apporté à l'audience trois galettes de silicium, un matériau semi-conducteur, de différentes tailles. L'usine produisait en effet des disques de 6 pouces, une technologie jugée "obsolète" par la direction.
"Entre 2002 et 2012, la société a perdu des parts de marché et de chiffre d'affaires", a-t-il souligné, en particulier suite à la crise financière de 2008.
"La société n'avait pas financièrement la capacité de passer à une production de 12 pouces", a-t-il défendu.
Montrant des cartons contenant selon lui les lettres adressées aux salariés pour leur proposer des reclassements à l'étranger, qui n'ont reçu que quelques réponses, il a défendu les "14.000 euros pour la formation" et les "12.000 euros d'aide à la création d'entreprise" proposés aux salariés.

Mensonges selon la CGT
"Ce sont des affirmations, mais sans aucune preuve, et au-delà il y a des mensonges grossiers de la direction", a réagi Eric Hirson, ancien délégué CGT de l'usine, qui estime que sur la centaine de salariés se retrouvant aux prud'hommes, les trois-quarts sont aujourd'hui au chômage.

Vidéo : le reportage de Karine Pellat et Xavier Marchand

Salariés et direction s'opposent sur la justification des licenciements

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