Toulouse : des voies de circulation réservées aux cyclistes, c'est "l'urbanisme tactique" post-confinement

Adapter la circulation dans la ville de Toulouse aux conditions du déconfinement est une nécessité : réserver des voies de circulation aux cyclistes ou supprimer des places de stationnement au profit des piétons, font partie des solutions prônées par le concept de "l'urbanisme tactique".

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A partir du lundi 11 mai, l'activité - donc la circulation - va reprendre progressivement à Toulouse : même si Tisséo annonce une nette augmentation des cadences sur ses réseaux métro-bus-tram, beaucoup d'habitants préfèreront ne pas courir le risque de la promiscuité dans les transports en commun.
Le danger c'est de les voir opter en masse pour la voiture : un choix qui entraînerait une très forte densification de la circulation automobile avec ses cohortes de bouchons.

Créer des voies cyclables

Pour éviter cela la Mairie de Toulouse a décidé de pratiquer "l'urbanisme tactique" : proposer des solutions alternatives en faveur des deux-roues (et des piétons) - comme c'est déjà le cas à Paris, Lyon, Rennes, Nantes, et Montpellier - en s'inspirant des propositions formulées par le Cerema, un établissement public (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement).
Premier exemple de la mise en pratique d'une de ces solutions : la création d'une voie de circulation réservée aux cyclistes le long d'un des axes à 2x2 voies de la ville, en l'occurence l'avenue Etienne Billières, sur une longueur de 700 mètres entre la place Saint-Cyprien et la Patte d'oie.
Jusqu'à présent elle était constituée de 2 voies réservées aux voitures et aux autobus dans chaque sens, les contre-allées bordées de places de stationnement étant ouvertes aux deux-roues, mais avec toutes sortes de désagréments : les automobilistes effectuant leur "créneau" ou s'arrêtant en double-file, les piétons faisant du lèche-vitrines sans se soucier du traçage au sol, tous constituent autant d'obstacles et de dangers pour les cyclistes, Cela devient une sorte de gymkana, parfois même un véritable "parcours du combattant".

Depuis le jeudi 23 avril dernier, une "voie cyclable" a été mise en place dans chaque sens, matérialisée par une ligne tracée en peinture jaune et des panneaux rouges et blancs alternant avec des briques en plastique remplies d'eau pour servir de lest. On appelle ça un "mur d'eau".

La vitesse limitée à 30 km/heure

Point important : la vitesse y est désormais réduite de 50 à 30 km/h et des radars pédagogiques ont été implantés aux deux extrêmités de l'avenue pour éveiller la vigilance des conducteurs.
Pour l'association "2 pieds 2 roues" cette première expérimentation va dans le sens de ses préconisations, réunies dans un document qui a été communiqué à la mairie le 24 avril dernier.

Pour nous il faut faire deux efforts qualitatifs pour la sécurité : élargir la voie cyclable à la largeur totale de l'ancienne voie de circulation automobile, et rapprocher les plots les uns des autres pour éviter le risque que des véhicules ne s'y stationnent en double-file entre 2 plots

explique Guillaume Crouau, l'un des responsables de l'association.
Selon Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire en charge des transports, une deuxième expérimentation devrait être mise en place rapidement sur l'avenue de Grande-Bretagne, entre la Patte d'oie et le nouveau quartier de la Cartoucherie.
Là aussi il s'agira d'un axe à 2x2 voies modifié de la même façon, sur une longueur de 700 mètres également.

Il s'agit de réaliser des tests sur plusieurs semaines mais à terme ces aménagements temporaires ont vocation à devenir permanents. Cette crise est l'occasion d'accélérer le changement dans certaines habitudes, et de promouvoir les alternatives à la voiture

ajoute Jean-Michel Lattes.

En effet toute une autre série de créations de voies cyclables sont dans les cartons, et peuvent en sortir dans un proche avenir :
  • 2X500 mètres sur une partie de l’avenue Paul-Séjourné, en lien avec le pont du Béarnais pour aller vers le boulevard Lascrosses
  • le long de la route de Saint-Simon, sur sa partie allant de l’hippodrome aux Arènes
  • 900 mètres à aménager sur le boulevard d’Atlanta, à proximité d'Auchan au nord-est de Toulouse
  • les boulevards Silvio Trentin et de Suisse, de la Barrière de Paris jusqu'aux Ponts Jumeaux
  • le bas de l'avenue Jean-Rieux "pour combler une discontinuité cyclable"
Pour le maire de Toulouse, il faut tirer parti du fait que la sortie du confinement, à partir du lundi 11 mai, va se faire de manière très progressive : Jean-Luc Moudenc pense ainsi pouvoir faire évoluer les habitudes des habitants de la métropole, en faisant entrer progressivement ces mesures dans leur vie quotidienne, pour les pérenniser dans le temps.

Penser aussi aux piétons

Reste une question en suspens, pour l'association "2 pieds 2 roues" : quel sera le sort réservé aux piétons, quand on sait que de très nombreux trottoirs urbains sont particulièrement étroits ?
  • Comment faire respecter la distanciation sociale de 1m50 ?
  • Quid du respect de cette mesure barrière dans les files de clients faisant la queue devant les petits commerces ?
Il faudra sans-doute supprimer des places de stationnement, comme dans le cas de la contre-allée de l'avenue Etienne Billères, évoqué plus haut.
Des exemples de ce genre, sur l'ensemble de la ville de Toulouse, il en existe beaucoup, pour les piétons comme pour les deux-roues.
L'association doit les évoquer avec les services techniques de la municipalité, ce mardi 28 après-midi, au cours d'une réunion de travail organisée par visioconférence... Coronavirus oblige.
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