Dopé par les confinements successifs, le trafic de tabac est reparti à la hausse en 2021. Une augmentation continue depuis plusieurs années qui suscite de l’inquiétude auprès des buralistes.
Aujourd’hui, une cigarette sur 5 consommée en France est issue de la contrefaçon. C’est ce que révèle une étude publiée fin mars par la Seita, la société d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes. Selon ces chiffres, “entre décembre 2017 et décembre 2021, le poids des cigarettes de contrefaçon explose”. Un pic est enregistré partout en France métropolitaine entre les mois de mars et mai 2020, au moment des confinements successifs liés à la pandémie mondiale de Covid-19.
En Occitanie, près de 20% des cigarettes consommées en 2021 étaient contrefaites, assure la Seita.
“Notre chiffre d’affaires chute chaque année”
Thierry Arnaudin, président régional de la confédération des buralistes Occitanie est installé à Lourdes (Hautes-Pyrénées). Depuis plusieurs années, il assiste, impuissant, à l’essor constant du marché parallèle du tabac. “C’est un véritable fléau”, commente le buraliste. “Le trafic de cigarettes représente un énorme manque à gagner. Notre chiffre d’affaires chute chaque année. Et si on continue à perdre trop de volume tous les ans, on ne pourra plus assurer nos salaires”, craint le buraliste.
Il déplore notamment le “tourisme fiscal” que mènent certains Français lorsqu’ils se rendent dans les territoires frontaliers et se procurent des cigarettes et du tabac bien moins cher pour le revendre en France. “Je n’en veux pas aux particuliers qui profitent d’un week-end en Andalousie pour ramener quelques cartouches. Certains paquets coûtent 5€ là-bas, quand ici c’est le double. Ils en profitent, c’est compréhensible ”, tempère Thierry Arnaudin. Sur la période 2017-2020, le prix moyen d’un paquet de 20 cigarettes est passé de 7€ à 10€ en France, rappelle Seita Imperial Tobacco.
Même quand on ne fume pas, on ramène des cigarettes de l’étranger. C’est ce qui encourage le marché parallèle
Thierry Arnaudin, buraliste à Lourdes (Hautes-Pyrénées)
“Ce qui nous embête, c'est le trafic de grande échelle. Ce sont les trafiquants qui passent les frontières en caravane ou en camionnette avec le coffre rempli. Ils alimentent ensuite Toulouse, Bordeaux, tout le réseau national”, déplore Thierry Arnaudin.
Saisies records en Occitanie
“Il faut aussi signaler que chez nous, le trafic par fret postal est également en hausse”, insiste Thierry Arnaudin. Selon lui, “toutes les semaines à La Poste, des colis arrivent de partout : du Luxembourg, de Belgique… Ils sont pleins de cartouches”.
Pour tenter de freiner le trafic de tabac transfrontaliers, les douanes françaises multiplient les opérations.
En 2019, dans le cadre du “plan tabac Occitanie”, l’unité locale de Toulouse-Perpignan a pu interpeller un individu en provenance d’Espagne qui transportait 100 cartouches de cigarettes, 12 kilos de tabac à narguilé non déclarés et plusieurs dizaines de milliers d’euros en espèce. Une saisie record pour le service. La même année, 18 millions de paquets de cigarettes sont sortis des circuits clandestins. D’autres saisies similaires ont eu lieu en Occitanie.
La lutte contre les marchés parallèles s’intensifie
Cette année, une convention nationale pour la lutte contre les marchés parallèles de tabac en France a été signée par le gouvernement français et la confédération des buralistes.
Elle doit permettre d’intensifier la lutte contre la vente de tabac de contrebande en France. Elle pourrait également “renforcer la sécurité des buralistes”, a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
