Dans le cadre de l'opération "Tous donneurs, tous receveurs", dans laquelle France 3 et France Bleu s'engagent conjointement le 20 juin, partons à la découverte d'un médicament peu connu et ouvrant des perspectives de soins infinies : le microbiote fécal. En d'autres termes : vos excréments.
Quand on parle don d'organes, on imagine des organes vitaux par des donneurs brusquement décédés, des dons de reins pour des donneurs compatibles, le don du sang ou de plaquettes pour des donneurs habituels...
Un donneur sélectionné sur dix volontaires, 90 % de réussite
On imagine moins facilement que l'on peut aussi donner... ses excréments ! Mais ne donne pas sa crotte qui veut : un donneur sur dix volontaires a ce privilège de voir ses excréments sélectionnés pour participer à une transplantation de microbiote fécal (TMF).Ce médicament est ensuite administré, le plus souvent par lavement, à un patient, notamment ceux qui souffrent d'infection due à la bactérie Clostridium difficile, responsable de diarrhée qui peuvent durer plusieurs mois.On mélange la selle à une solution de sérum physiologique glycériné, on centrifuge, on filtre et on obtient un aspect velouté (Véronique Duhald, infirmière au CHU Toulouse-Rangueil)
A Toulouse, en trois ans, le taux de réussite sur une cinquantaine de patients est supérieur à 90 %.Je me suis dit que j'allais essayer parce que je ne pouvais plus vivre comme cela (Maryse Pages, transplantée)
Pour faciliter l'absorption par le patient, la TMF sera bientôt disponible en gélule. Elle seule permet de restaurer la flore intestinale dégradée par une bactérie agressive.
Des applications pour Alzheimer, Parkinson ou les insuffisances cardiaques ?
Mais les applications de cette transplantation mal connue peuvent aller plus loin. A l'institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires de l'Université Paul Sabatier de Toulouse (INSERM), on étudie ses multiples propriétés. Plus précisément, celles des molécules que produisent les millions de bactéries de notre flore intestinale.Un excrément pour mieux soigner. Ce n'est pas de la science-fiction comme le confirme, Christophe Heymes, lui aussi directeur de recherches Inserm à Toulouse : "A terme, on pourrait envisager de donner des bactéries à des gens souffrant d'insuffisance cardiaque et ainsi améliorer le pronostic vital de ces patients".On espère que ces molécules produites par ces bactéries vont avoir un impact et en effet l'expérience démontre qu'il y a un impact sur la santé au sens large, que ce soit sur les maladies métaboliques comme le diabète ou l'obésité, les maladies cardiaques mais aussi les maladies neuro-dégénératives type Alzheimer ou Parkinson (Rémy Burcelin, directeur de recherches Inserm)
Le saviez-vous ? La thérapie de demain se trouve peut-être dans vos intestins.