Triste record à la prison de Tarbes. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Justice, l’établissement pénitentiaire de la ville compte une densité carcérale de 192%. C'est le taux le plus élevé en France.
Le ministère de la Justice publie tous les mois les chiffres concernant la population carcérale en France. La prison de Tarbes au premier mai comptait 131 détenus pour 68 places. Soit une densité carcérale de 192,6%. C'est le taux le plus élevé en France.
"Cela fait deux ans que je travaille à la maison d’arrêt de Tarbes, je n’avais jamais vu ça", reconnait un surveillant de prison. "A la date d’aujourd’hui dit Jean-Claude Vigneau secrétaire Force Ouvrière pénitentiaire, il y a 14 détenus qui dorment sur des matelas au sol."
C'est un principe inscrit dans la loi depuis 1875 : les cellules ne devrait abriter qu'un seul détenu mais la plupart sont équipées de lits superposés. "On peut donc accueillir 120 personnes dans des conditions acceptables", dit le syndicaliste. "Mais cela reste problématique et on gère tant bien que mal car nous sommes des professionnels et nous travaillons avec discernement."
"On a l’impression qu’il y a une guéguerre entre le ministre de la Justice et les magistrats" explique-t-il. "Ils incarcèrent à tour de bras. Sur la maison d’arrêt de Tarbes, on a des personnes qui rentrent pour un mois ou deux de prison pour des petites affaires, c’est ridicule." Pour désengorger les établissements, il faudrait selon lui utiliser plus souvent les bracelets électroniques.
Un taux d'occupation dans la moyenne selon l'administration
La direction interrégionale des services pénitentiaires de Toulouse confirme que la "capacité opérationnelle" de la maison de Tarbes est de 120 places. Avec 134 personnes détenues hébergées cela représente un taux d’occupation de 112%. "Un taux qui s’inscrit dans la moyenne nationale d’encombrement des maisons d’arrêt et des quartiers maison d’arrêt", explique l'administration.
"La maison d’arrêt de Tarbes, poursuit la direction des services pénitentiaires, comme toute autre maison d’arrêt ou établissement avec un quartier maison d’arrêt de la région Occitanie n’échappe pas à la présence de matelas au sol".
Dans cet établissement il s'agit d'un "phénomène relativement récent et conjoncturel presque essentiellement lié à l’organisation sanitaire (Covid) rendue nécessaire par la réservation d’un quartier dédié pour les détenus « entrants » et les retours des détenus permissionnaires lesquels sont donc placés en septaine (isolement sanitaire de 7 jours)" explique encore l'administration.
Au 1er mai 2021 selon les chiffres du ministère de la Justice, on comptait 80 417 personnes écrouées en France, un chiffre en progression de 17,9 % par rapport au 1er mai 2020.
Selon l'observatoire international des prisons (OIP), ces chiffres ne traduisent pas une augmentation de la délinquance. Et plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse de la population détenue :
- la pénalisation d’un nombre de plus en plus important de comportements (création des délits de racolage passif, mendicité agressive, occupation d’un hall d’immeuble...)
- le développement de procédures de jugement rapide, comme la comparution immédiate, qui aboutissent à un taux plus important de condamnation à de l’emprisonnement ferme (environ 70 %)
- l’allongement de la durée des peines : ainsi, de 2002 à 2018, la durée moyenne de détention est passée de 7,9 à 9,8 mois
Une surpopulation carcérale importante en Occitanie
En Occitanie, de nombreux établissements pénitentiaires présentent des densités carcérales comme on peut le voir sur la carte ci dessous.
Le gouvernement a mis en place un plan pour créer 15 000 places de prison en France à l'horizon 2027 et notamment 700 places à Nîmes (Gard), 615 places à Muret (Haute-Garonne) et 515 places à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).