Son chant rythme les nuits de printemps. Le crapaud accoucheur ou alyte est un amphibien qui se fait remarquer par un chant qui ne ressemble en rien au croassement de ses cousins. Présent partout en France, il est commun dans les zones montagneuses comme le Massif central et les Pyrénées.
Les soirées et les nuits de printemps résonnent du chant des merles, des huppes. Mais un autre son vient parfois se glisser dans ces symphonies printanières. Un chant aux sonorités flûtées, un "tut-tut" entêtant qui rythme la nuit.
Difficile à croire, mais ce chant émane d'un crapaud. Le crapaud ou alyte accoucheur. Un petit amphibien de moins de 5 cm. Une espèce que l'on retrouve de la plaine jusqu'à la montagne à 2000 mètres d'altitude.
Un chant proche de celui du petit duc
S'il chante, c'est pour séduire la femelle. Et on est loin du croassement de ses cousins. "C'est un chant qui peut ressembler à celui du petit duc. Il est toutefois plus flûté que nasillard. Surtout, chaque son est espacé de 3 à 4 secondes. Pour le petit duc, on est plus entre 5 et 6 secondes", précise Christophe Cuenin, agent technique de l'environnement du Parc national des Pyrénées.
Si vous partez à la recherche de l'Alyte, le crapaud accoucheur, il vaut mieux donc tendre l'oreille le soir venu. Le repérer visuellement est plus difficile ! Des campagnes d'observations volontaires sont d'ailleurs organisées régulièrement. " En journée, il se cache dans des terriens qu'il construit lui-même. Il apprécie les sols meubles et sablonneux ", explique Christophe Cuenin. Ce petit crapaud a une autre particularité qui concerne sa reproduction, il y a quelques années un documentaire était consacré à cette espèce dans « Les Superpapas de la Nature », sur France 2.
Un papa poule
L'autre particularité de ce petit crapaud : le mâle porte les œufs de la femelle. Il en prend soin pendant plusieurs semaines. "Il a une sorte filet entre les pattes arrières. Les œufs ressemblent à des petites perles d'environ 2mm de diamètre et sont de couleur claire. Il dépose ensuite les œufs sur des plantes. Mais des plantes qui ont les pieds dans l'eau !"
L'animal est assez commun, protégé comme tous les batraciens. Mais il pourrait devenir fragile à l'avenir.
Des menaces pèsent sur sa survie
"Il aime les zones humides et on sait que ces zones sont menacées par l'artificialisation des sols notamment. Il aime aussi les tourbières. C'est vrai qu'avec le réchauffement climatique ces zones d'habitat risquent d'être perturbées", regrette Christophe Cuenin. "S'ajoute à cela une autre menace, un champignon qui se développe à la surface de sa peau. Le champignon attaque la muqueuse et le crapaud meurt en fait d'une sorte de septicémie", nous explique Christophe Cuenin. Il nous invite, si possible, à observer l'iris de cet amphibien. "Sa pupille est verticale. L'iris est unique pour chaque individu avec de très jolis méandres dorés. C'est magnifique !"
Un chant mélodieux, bien que répétitif, des yeux dorés, certes un peu globuleux, un mâle soucieux de sa progéniture... l'alyte accoucheur a presque tout d'un prince charmant.