La concertation publique concernant la création d'un hôpital unique à Lanne (Hautes-Pyrénées) vient de débuter ce 13 mai 2024. Elle s'étend jusqu'au 13 juillet prochain. Ce projet qui prévoit le regroupement des activités des sites de Tarbes et Lourdes, ne fait pas l'unanimité localement.
442 lits, 65.000 m² pour un budget de 260 millions d'euros, livraison prévue 2029. Voilà quelques chiffres qui définissent l'ampleur du projet de centre de soins qui doit sortir de terre sur la commune de Lanne. Il s'agit en fait d'un hôpital unique qui regrouperait les activités des établissements de Lourdes et Tarbes-la Gespe, et ce, pour "maintenir une offre qualitative et publique de soins pérenne" indique le centre hospitalier Tarbes-Lourdes, porteur du projet aux côtés de l'ARS, l'État et le Département.
Un projet ambitieux contesté
L'ambition est de répondre aux problématiques locales, à savoir un vieillissement de la population dont 39% auraient plus de 65 ans d'ici 2050. Face à cela, une faible densité de médecins généralistes sur l'ensemble du département avec de nombreux départs à la retraite prévus dans les années qui viennent et c'est toute l'offre de soins qu'il faut repenser, argumentent les porteurs du projet.
La concertation publique lancée
L'hôpital unique, les habitants des Hautes-Pyrénées en entendent parler depuis 2018. Une nouvelle étape est franchie avec la concertation publique. Elle est lancée depuis le lundi 13 mai et s'étend jusqu'au 13 juillet 2024.
"C'est à la demande de l'hôpital de Tarbes-Lourdes que ce débat est organisé. Pour un tel projet, il est important de recueillir la parole des usagers, des soignants, des habitants", indique la direction du service communication de l'établissement. La direction de l'hôpital doit s'exprimer plus amplement lors d'un point presse prévu ce mercredi 15 mai.
Durant deux mois, la population est invitée à consulter en ligne le dossier du projet et donner son avis par mail ou lors de réunions publiques programmées dans le département des Hautes-Pyrénées d'ici le 13 juillet.
Quatre options de réflexion sont proposées
1 - Un maintien des sites actuels
2 - Une réhabilitation du site de la Gespe et une mise aux normes sismiques du site de Lourdes
3 - Un regroupement sur le site de la Gespe
4 - La construction d'un nouvel établissement. C'est bien sûr cette option que soutient le centre hospitalier de Tarbes-Lourdes.
Mais l'association de sauvegarde des hôpitaux et de la santé des Hautes-Pyrénées dénonce sur sa page facebook un projet "dépassé, insincère et très fragile".
"Cela arrive bien tard"
L'association milite depuis des années contre ce projet en distribuant des tracts sur les marchés et en organisant des mobilisations sur le territoire. L'association affirme même avoir recueilli près de 23 000 signatures pour sa dernière pétition.
L'ouverture d'une concertation publique est une bonne nouvelle, mais jugée trop tardive par José Navarro de l'association de sauvegarde des hôpitaux et de la santé dans les Hautes-Pyrénées : "Je pense que nos multiples actions ne sont pas étrangères à la saisine de la commission nationale du débat public par les porteurs de projet. Mais franchement cela arrive bien tard ! On parle d'un hôpital qui doit être livré en 2029."
Pour notre association, l'hôpital public est un sujet bien trop grave pour n'y consacrer que deux mois de concertation.
José Navarro
Et de poursuivre : "Il faut bien avoir à l'esprit que cela va engager les populations locales pour les 50 prochaines années", s'agace José Navarro."
Car pour son association, des alternatives doivent être étudiées sérieusement. "Franchement, la réhabilitation des structures existantes mériterait qu'on s'y penche vraiment. Un hôpital unique à la place d'établissements à Tarbes et à Lourdes éloigne les populations des centres de soins. Cela va engendrer une multiplication de déplacement et réduire le nombre de lits ! Et puis un établissement à Lourdes au regard du nombre de pèlerins me semble pleinement cohérent par exemple !" argumente José Navarro.
La concertation publique propose pour son ouverture un premier grand débat le 15 mai à 18h à la Bourse du travail de Tarbes. L'association de José Navarro compte bien être présente et alimenter le débat à chaque réunion publique. "Notre souhait est de participer pleinement à tous les échanges et de mener la bataille pour que des alternatives à ce projet du passé soient étudiées. On sera présent partout", assure José Navarro déterminé malgré le calendrier serré qui prévoit un début des travaux en juin 2026 pour une mise en service en 2030.