100% des écoles en grève : mobilisation inédite à Agde pour passer en zone d'éducation prioritaire

Tous les enseignants d'Agde dans l'Hérault sont en grève, ce jeudi, pour demander le passage des écoles de la ville en réseau d'éducation prioritaire (REP+). Dans le centre-ville, le taux de pauvreté atteint 46% mais le ministère tarde à mettre à jour la carte d'éducation prioritaire du pays.

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C'est du jamais vu : à Agde, l'ensemble des établissements scolaires de la ville sont en grève ce jeudi 30 novembre. 

"Même le groupe scolaire du littoral et l'école maternelle Albert Camus, qui ne sont pas concernés [par les revendications des grévistes], ont fermé pour nous soutenir", se réjouit Emmanuel Rassat, enseignant et délégué Sud Education, depuis la manifestation organisée dans les rues du centre-ville.

Professeurs et parents d'élèves réclament le passage en Réseau d'éducation prioritaire (REP+) de six écoles primaires et des deux collèges de la ville.

La première demande du maire à ce sujet remonte à 2006. Sans succès jusqu'ici mais la dégradation progressive des conditions socio-économiques agathoises et l'ampleur de la mobilisation actuelle pourraient bien, cette fois-ci, jouer en la faveur des écoles de la ville. 

46% de pauvreté au centre-ville

À Agde, le taux de chômage tourne autour des 25% depuis des années, quand la moyenne nationale est restée inférieure à 10%. Dans le centre-ville, déterminé quartier prioritaire depuis 2014, 46,2% des habitants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018.

"Ce sont des scolarités en pointillé, des familles dont la priorité est de se nourrir avant de penser à l'éducation", témoigne Emmanuel Rassat, qui tourne dans les écoles de la ville pour accompagner des élèves aux besoins spécifiques (UPE2A). 

Le passage en réseau d'éducation prioritaire offrirait du temps pour former les professeurs, plus de budget alloué au matériel et aux sorties scolaires, ainsi qu'une reconnaissance (financière et symbolique) du travail enseignant réalisé dans ces établissements. 

Une carte prioritaire qui date de 2014

Alors pourquoi les écoles de la ville ne sont toujours pas classées REP+ ? Tout d'abord car la dernière révision de la carte prioritaire remonte à 2014. À cette époque, l'indice de position sociale (IPS) des écoles agathoises n'était pas aussi faible qu'aujourd'hui. 

Une mise à jour du réseau est en projet au ministère. "On nous l'a promis en 2019 mais rien n'a été fait", souffle Emmanuel Tassard. Puis, l'ancien ministre de l'éducation Pap Ndiaye redonne espoir aux Agathois en 2022 quand il annonce une refonte de la carte pour la rentrée 2024. 

Le rectorat ne confirme pas cette information. "Nous n'avons pas encore reçu de consignes en ce sens", commente Catherine Côme, fraîchement nommée à la direction académique des services de l'éducation nationale de l'Héraut (Dasen). 

Un coup de projecteur sur la ville

L'instance s'engage toutefois à "écouter avec beaucoup d'attention et de bienveillance les remarques des élus et des enseignants".

En temps venu, le rectorat communiquera les indicateurs (IPS des écoles, taux de boursiers parmi les élèves...) nécessaires à la prise de décision du ministère. 

D'ici là, les établissements scolaires tenaient à ce coup de projecteur sur les conditions d'éducation dans la ville, pour dire, comme Emmanuel Tassard, que "100% des enseignants agathois perdent une journée de salaire pour rentrer en réseau d'éducation prioritaire".

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