Trois lycéens de 16 ans viennent d'être mis en examen, vendredi 7 mai, pour violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique. La justice les accuse d'avoir jeté des pierres et des oeufs lors d'une manifestation à Béziers (Hérault) pour s'opposer au maintien des épreuves du bac.
De façon plutôt inhabituelle, le parquet de Béziers (Hérault) a annoncé la nouvelle par un communiqué de presse. Vendredi 7 mai, trois adolescents de 16 ans sont mis en examen pour violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique. L'un d'eux est également poursuivi pour dégradations d'un bien par incendie, en l'occurrence pour deux poubelles brûlées, et un deuxième pour outrages à l'encontre des mêmes policiers l'interpellant.
Dans le cadre d’une manifestation de lycéens à Béziers le 5 mai 2021, des containers poubelles ont été brûlés et des projectiles lancés contre des policiers (pierres, canettes, œufs). Les pompiers qui intervenaient pour éteindre des containers en feu rue Ignace BRUNEL avaient été à leur tour la cible de nombreux projectiles, de même que les policiers qui étaient intervenus pour protéger les pompiers en faisant reculer les manifestants d'une dizaine de mètres. Trois lycéens ont été interpellés et placés en garde à vue au commissariat de police de Béziers.
Les trois lycéens sont scolarisés au lycée Jean Moulin à Béziers (Hérault). Comme l'a rapporté mercredi 5 mai nos confrères de France Bleu Hérault, des élèves de terminales de cet établissement avaient, ce jour-là, installé des barrières devant leur lycée. Une mobilisation suite à l'appel national du "Bac noir" afin de "s'opposer au maintien des épreuves du baccalauréat" en raison de la dégradation de leur condition d'enseignement, durant la crise sanitaire.
Le lycée Jean Moulin totalement bloqué au petit matin à Béziers via @bleuherault https://t.co/XB2kkS0PSK
— France Bleu Hérault (@bleuherault) May 5, 2021
"Les flash-balls ont été pointés vers les jeunes"
Au total, la manifestation avait réuni plus de 400 élèves, venant de toute la ville. Quelques élèves avaient alors projeté des objets, des pierres, des œufs et des bouteilles sur les policiers présents.
Les trois adolescents mis en examen ont reconnu les faits. Mais dès mercredi, la section SNES-FSU du lycée Henri IV de Béziers dénonçait "l'important et inhabituel déploiement de forces de l’ordre avec casques, gilets, matraques, flash balls et gaz lacrymogènes.Les rues autour du lycée étaient bloquées. Au cours du rassemblement, les flash-balls ont été pointés vers les jeunes, qui ont reculé par peur."
Une répression de la mobilisation
"Un tel déploiement des forces de l'ordre ne pouvait que créer de la provocation de la part des élèves, dénonce Christophe Benoit du SNES-FSU. La seule réponse apportée pour répondre à l'angoisse légitime de ces lycéens est la répression."
Un sentiment renforcé chez ce professeur d'histoire du lycée Henri IV de Béziers par les 48 heures de garde à vue imposées aux trois adolescents et par la diligence du parquet à communiquer à la presse ces mises en examen.
"Il y a une volonté de faire peur. C'est une façon de dissuader les jeunes d'aller manifester. Ils en ont pourtant le droit" estime le syndicaliste qui rappelle qu'il y a deux ans un lycéen avait perdu un oeil après un tir de flash-ball.
Suivis par les services de la protection judiciaire de la jeunesse, les trois lycéens passeront prochainement devant le juge des enfants.