Le tribunal de Béziers a condamné aujourd'hui quatre hommes à trois ans de prison dont 9 mois avec sursis. Les prévenus, âgés d'une trentaine d'années, comparaissaient pour avoir agressé six policiers dans la nuit du 22 au 23 août.
Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du procureur en condamnant les quatre trentenaires à trois ans d'emprisonnement dont 9 mois avec sursis probatoire. Ils ont tous été maintenus en détention.
Les faits remontent à la nuit du 22 au 23 août. Apercevant “une voiture qui zigzague” sur la route, deux policiers décident de procéder à un contrôle. Positifs à l'éthylotest, les quatre trentenaires s’opposent avec véhémence à l’immobilisation du véhicule. Les “négociations” tournent à l’outrage : tutoiement, insultes, rapprochement physique…
Les deux agents de police appellent en renfort la Brigade Anti-Criminalité (BAC).
Bagarre, tentative de fuite et confusion
À partir de ce moment, une bagarre générale s’engage. À deux heures du matin, la scène n’est éclairée que par les gyrophares des policiers. La confusion est telle que le tribunal peine à isoler les actes de chaque prévenu. Les policiers eux-mêmes restent prudents dans leurs accusations.Seules leurs blessures ne font aucun doute : l’un des policiers souffre de multiples fractures au visage. Un médecin lui prescrit 12 jours d'ITT.
Ces faits sont de plus en plus récurrents. Nous interpellons notre hiérarchie, la justice, nos gouvernants, pour qu'ils fassent cesser ces agissements.
Présent lors de l’audience, l’agent n’a pu être opéré qu’à la fin du mois d’août, et ne peut consommer que des aliments liquides.
En récidive légale de conduite en état d’ivresse, le conducteur a également tenté de prendre la fuite pendant les échauffourées. Les prévenus sont tous connus de la justice pour usage de stupéfiants.
Un procès pour l’exemple
Au cours des débats, l’affaire prend une dimension politique. Soulignant la présence des syndicats de police, l’un des avocats de la défense exhorte le tribunal à "ne céder à aucune pression".En effet, si le rassemblement de soutien organisé devant le palais de justice par Alliance et SGP Police a dû être annulé, les représentants ont bien pu entrer dans la salle, contrairement à la famille des prévenus. Cette asymétrie a généré incompréhension et tensions tout au long de l'après-midi. "On a l'impression que c'est un procès politique, que ça dépasse l'histoire qui se passe là", avance un ami des prévenus.
Dans son réquisitoire, le procureur de la République Raphaël Balland diagnostique une “confrontation qui monte entre une certaine jeunesse et les forces de l’ordre”. Il demande alors “de la fermeté, à titre d’exemple”
"On a le sentiment que ces quatre jeunes hommes vont payer pour les autres", rétorque la défense. "Intégrés, travailleurs et stables, ils vont être mangés à la sauce de l'exemplarité pour satisfaire une certaine ambiance politique".L’exemplarité n’est pas la justice. C’est une dérive regrettable.
David Mendel, avocat d'un des prévenus, regrette que cette condamnation "fasse diversion pour ne pas traiter les véritables problèmes de la police".
À partir de la date du procès, la défense a dix jours pour déterminer si elle fait appel de la décision.