La peine a été requise ce mercredi contre 12 militants écologistes jugés devant le tribunal correctionnel de Béziers pour avoir mené en 2016 une action anti-glyphosate dans un magasin de Pézenas dans l'Hérault.
"Aujourd'hui ce n'est pas le procès de Monsanto, ce n'est pas le procès de l'État mais celui de 12 personnes jugées pour des faits de délinquance de droit commun", a martelé le substitut du procureur Samuel Serre.Les 12 militants du collectif des "faucheurs volontaires d'OGM" étaient jugés pour "destruction de biens" après avoir rendu "impropres à la vente" ces produits dans le Bricomarché de Pézenas dans le cadre d'une action nationale le 19 mars 2016.
Plusieurs bidons aspergés de peinture
Les militants avaient sorti des rayons et aspergé de peinture des pesticides contenant du glyphosate. M. Serre a estimé que les 12 prévenus étaient "entrés dans un établissement privé pour le vandaliser".
Ces bidons contiennent des poisons pour nous, pour nos enfants et petits-enfants, pour notre environnement, c'était mon devoir
À la barre les accusés, soutenus par plusieurs dizaines de militants anti-OGM et anti-pesticides, ont "revendiqué" cette "action non-violente", parlant de "désobéissance citoyenne" visant à "informer l'opinion publique sur la nocivité du glyphosate et sur la résistance face à la valse hésitation des politiques".
"Ces bidons contiennent des poisons pour nous, pour nos enfants et petits-enfants, pour notre environnement, c'était mon devoir" d'agir ainsi, témoigne ainsi Pascale. "Je revendique le droit de ne pas être empoisonnée depuis la naissance", renchérit une autre militante.
Alain, un paysan de 67 ans cité par la défense témoigne de son côté de son "enfer au quotidien": il souffre depuis 13 ans d'une maladie de Parkinson, reconnue par la Mutuelle sociale agricole (MSA) comme maladie professionnelle liée aux pesticides.
Des produits au coeur d'un scandale
Se basant sur de nombreuses études scientifiques et sur les "Monsanto Papers", Me Nicolas Gallon a plaidé la relaxe des prévenus et "l'état de nécessité face au danger imminent et actuel que représentent le glyphosate et ses dérivés". Il a également demandé au tribunal de renvoyer l'affaire au niveau européen sur la base notamment du "droit à un environnement sain".
Selon lui, l'action jugée "s'inscrit dans le contexte du scandale de l'autorisation sans cesse renouvelée du glyphosate" et de "l'impuissance politique" face aux "manoeuvres
qui sapent la démocratie" du géant Monsanto.
La grande surface a réclamé l'indemnisation des pertes commerciales du magasin pour un montant de plus de 12.500 euros. Mais un ouvrier paysagiste a affirmé à la barre avoir vu en avril 2016 des produits couverts de peinture et dont la notice d'utilisation était donc "illisible" en vente en promotion dans le même magasin.
La juge unique a mis son jugement en délibéré au 4 juillet.