"On en a marre" : nouvelle agression dans un établissement scolaire, les professeurs lancent une opération "collège mort"

La violence est devenue quotidienne au collège Paul Riquet, dans le centre-ville de Béziers (Hérault). Des violences qui émanent de certains élèves mais aussi de leurs parents. En classe, dans la cour et même à l'extérieur de l'établissement, élèves comme enseignants en subissent les conséquences et la dénoncent aujourd'hui.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est une énième agression, survenue mercredi, qui a lancé l'alerte. Ce vendredi 11 octobre 2024, 100 % des professeurs et d'assistants d'éducation du collège Paul Riquet à Béziers se sont déclarés grévistes, manifestant leur colère et leur lassitude devant les grilles de l'établissement.

Présente au moment de l'agression, Fanny Ruiz, une assistante d'éducation explique à Daniel de Barros et Yannick Le Teurnier, journalistes à France 3 Occitanie : "Mercredi, on a dû appeler des parents pour un problème avec une jeune fille de cinquième. Le papa est arrivé au collège, à l'accueil, et a commencé à nous insulter et à crier. Il nous a menacés de mort".

La papa nous a menacés de mort

Fanny Ruiz, une assistante d'éducation

Violences verbales et physiques

Un déchaînement de violence que connaissent malheureusement trop les membres du personnel de l'établissement. "On subit pas mal de violence physique de la part des enfants, mais surtout de la violence verbale de la part des parents, poursuit Fanny Ruiz. On est constamment au téléphone avec les parents et souvent on se fait insulter".

"Certains assistants ont déjà eu des blessures attestées par la médecine du travail", ajoute Lauriane Glas, professeure d'anglais et membre des représentants du personnel de l'établissement. Mais ceux que l'on appelait encore il y a peu les "surveillants" ne sont pas les seuls à subir la violence dans ce collège du centre-ville de Béziers, à une centaine de mètres des allées Paul Riquet.

"Notre métier c'est de séparer des bagarres, réparer des conflits, se faire agresser par des parents", résume l'enseignante. À ses côtés, Rodolphe Aubry, lui aussi membre des représentants élus du personnel de l'établissement abonde : "On est dans un des quartiers les plus démunis de la République et on ne nous donne pas les moyens d'enseigner correctement et pouvoir faire en sorte que ces élèves puissent apprendre dans les meilleures conditions".

Conditions de travail et d'apprentissage dégradées

Cette altération de la qualité d'études est constatée par les élèves comme par leurs parents. La situation empire d'année en année. "Trois de mes enfants sont passés par ce collège, fait valoir Gaëlle Hadet, maman d'un élève de cinquième. Les deux premiers sont grands, ce n’était pas pareil à leur époque. Depuis l'année dernière, les enfants en ont marre, on en a marre. Ils ne peuvent pas travailler comme ils veulent. Ils ne sont pas concentrés, les bagarres sont tous les jours. On veut de la sécurité pour nos enfants et plus de personnel". 

Il y a eu 40 conseils de discipline au sein du collège l'an dernier. 90 % d'entre eux se sont soldés par une exclusion définitive sans sursis. Mais ces élèves exclus tournent dans les collèges de Béziers.

Lauriane Glas, professeure d'anglais

Des demandes formulées et répétées par le corps enseignant auprès du rectorat. Les mobilisations se succèdent années après années, mais les représentants du personnel affirment faire face au silence du rectorat : "nos demandes répétées ne sont suivies d'aucun effet et d'aucune réponse de la part du rectorat, regrette Rodolphe Aubry. On se sent même méprisés."

L'an dernier, à quelques kilomètres de là, dans le collège de la Dullague, les professeurs avaient déjà alerté leurs autorités au travers d'une journée "collège mort". Ils dénonçaient déjà un manque criant de moyens et une violence qui explose de la part des élèves comme des parents. 

Cet après-midi, une délégation de cinq enseignants ainsi que la cheffe d'établissement doivent être reçue par la directrice des services départementaux de l’Hérault, Catherine Caume.

Écrit avec Daniel de Barros et Yannick Le Teurnier

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information