Vol d'un tableau "inestimable" en 2017 à Béziers : un Ukrainien écope de cinq ans de prison, l'œuvre n'a pas été retrouvée

La justice a condamné mardi à cinq ans de prison un marchand d'art ukrainien, poursuivi pour une razzia dans des musées et des salles de vente en France. Il est reconnu coupable du vol d'une œuvre de Giorgio De Chirico au musée Fabrégat de Béziers en 2017. La toile n'a toujours pas été retrouvée.

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Vadym Huzhva, 64 ans, a été reconnu coupable du vol de cinq tableaux et un livre rare, commis entre 2017 et 2018, d'un bout à l'autre de l'Hexagone. C'est le vol en plein jour du "Port de la Rochelle", toile de l'impressionniste français Paul Signac, au musée des Beaux-Arts de Nancy en mai 2018, qui avait permis de remonter jusqu'à lui. Et c'est également à Nancy qu'il a été jugé.

La peine prononcée est légèrement en deçà des réquisitions réclamées devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) par le procureur de la République, Vincent Legaut : il avait réclamé sept ans de prison et une interdiction définitive du territoire pour le prévenu.

A l'encontre de ses deux complices, jugés par contumace puisque détenus en Ukraine dans une autre affaire et dont l'implication est plus floue, la tribunal a prononcé trois ans d'emprisonnement. Un quatrième suspect, une femme, n'a pas été identifié.

Les peines demandées tenaient compte du fait que ces vols ont été "préparés par des spécialistes" et qu'ils concernent "des objets de très grande valeur", avec une "répétition, indice de dangerosité en termes de récidive", avait souligné le procureur.

Découpé au cutter

Le vol ainsi que la récupération du "Port de La Rochelle" sont rocambolesques. "C'est presque un miracle que ce dossier arrive devant vous", avait lancé Alain Behr, avocat de la ville de Nancy. "Sans deux affaires extérieures, ses chances d'élucidation auraient été nulles", avait concédé le procureur. La première, c'est le vol d'un tableau d'Auguste Renoir dans une salle des ventes à Vienne, en décembre 2018. Vadym Huzhva est arrêté par la police autrichienne. Dans son téléphone sont trouvés les coordonnées de deux comparses.

La police française fait le lien avec les vols de tableaux d'Eugène Boudin et de Galien-Laloue à la salle des ventes du Château de Versailles et d'un livre de gouaches de peintres russes à Drouot, commis en 2017. Sont également manquants un autre tableau de Renoir dérobé à la salle des ventes de Saint-Germain-en-Laye et un Giorgio De Chirico volé au musée Fabrégat de Béziers.

En avril 2019, lors d'une perquisition au domicile ukrainien de l'un des comparses, visé par une enquête criminelle pour assassinat, est retrouvé, par hasard, le tableau de Paul Signac. Le musée de Nancy récupérera ce tableau de 1915, évalué 1,5 million d'euros, en septembre 2021. Lors du vol, la toile avait été soigneusement découpée au cutter tandis que le cadre avait été laissé sur place par le voleur, considéré comme un vrai professionnel de la découpe. Les autres œuvres n'ont pas été retrouvées.

"Une coïncidence, pas une preuve"

"Calomnies !", a lancé plusieurs fois au cours des débats Vadym Huzhva, s'énervant contre la présidente, vociférant contre la juge d'instruction et se disant victime d'un "complot". C'est d'ailleurs la ligne de défense suivie par son avocate, Samira Boudiba, qui a plaidé la relaxe, estimant qu'il n'y avait pas assez d'éléments de preuve.

Celui qui se présente comme un antiquaire indépendant entre l'Ukraine et la Russie a réponse à tout, notamment pour expliquer sa présence sur les lieux et aux dates des vols. "Le fait qu'il soit en France à chaque fois qu'a lieu un vol est une coïncidence, pas une preuve !", a soutenu l'avocate.

En face, l'accusation a déroulé les faits imputés aux suspects: un abonnement à la Gazette Drouot; des repérages quelques semaines avant les vols; des allers-retours en avion et des réservations d'hôtels en périphérie des villes visées; des photos d'œuvres d'art retrouvées dans le téléphone de Vadym Huzhva; des images de vidéosurveillance révélant un même mode opératoire.

Ecrit avec AFP.

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