La cour de révision rendra sa décision le 2 juillet. Deux hommes plaident l'erreur judiciaire pour le meurtre de Lunel.
Abderrahim El-Jabri et Abdelkader Azzimani sauront le 2 juillet si la commission accepte de saisir la Cour de révision, seule habilitée à annuler la condamnation, assortie ou pas d'un nouveau procès. Le meurtre qu'on leur reprochait, remonte à 1997 à Lodève.
Deux hommes condamnés à vingt ans de prison pour un meurtre qu'ils ont toujours nié, commis en 1997 dans l'Hérault, ont défendu aujourd'hui à Paris, leur réhabilitation devant
la commission de révision des condamnations, convoquée après l'interpellation de
deux autres suspects des faits.
Le parquet général s'est prononcé en faveur d'une saisine de la Cour de révision lors de l'audience empreinte "d'émotion" qui s'est tenue à huis clos, selon Me Jean-Marc Darrigade, l'un des avocats des deux hommes.
"Abderrahim El-Jabri a rappelé aux magistrats que son père était mort durant les années qu'il a passées en prison et dit qu'il espérait être blanchi tant que sa mère, malade, est encore en vie", a rapporté l'avocat.
Condamnés à 20 ans
Ces deux quadragénaires en liberté conditionnelle depuis 2009 pour l'un, 2011 pour le second, ont été condamnés en 2003 à vingt ans de réclusion pour le meurtre en 1997 à Lunel (Hérault) d'Abdelaziz Jhilal, 22 ans, petit dealer de cannabis, lardé de 108 coups de couteau.
L'affaire a rebondi en 2011 avec l'arrestation et la mise en examen pour assassinat d'un manutentionnaire de 30 ans et d'un directeur de centre de loisirs de 33 ans, qui ont disculpé les deux condamnés.
L'obstination de ces derniers à vouloir prouver leur innocence a permis ces dernières années d'accumuler les preuves en leur faveur: rétraction d'un témoin à charge, scellés avec des traces d'ADN retrouvées sur la scène de crime versés en 2010 au fichier des empreintes génétiques, le même ADN relevé douze ans après les faits au cours d'une garde à vue du manutentionnaire arrêté dans une procédure anodine.
Erreur judiciaire
"C'est la démonstration d'une erreur judiciaire grossière, orchestrée", a déploré Me Luc Abratkiewicz, au côté des deux hommes, lors d'une conférence de presse avant l'audience.
"Nous avons subi un lourd préjudice. Nous sommes toujours là? mais nous ne sommes plus les mêmes qu'avant", a témoigné Abdelkader Azzimani, 47 ans, qui espère avoir fait lundi "un premier pas vers l'acquittement.
Depuis 1945, sept acquittements ont été prononcés après procès en révision.