Coronavirus et confinement : face à la chute de la vente de poissons, la pêche en appelle à l'Europe et l'Etat

Eux aussi subissent le confinement, même s’ils sont autorisés à sortir en mer pour travailler : les pêcheurs de notre littoral méditerranéen d'Occitanie ne vendent pratiquement plus de poissons. Ils en appellent aux acheteurs, à l'Europe et à l'Etat.
 

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Encore jeudi, quelques chalutiers ont pris la mer. Mais ce vendredi, les criées de vente aux poissons ont fermé sur Sète et Agde dans l’Hérault, Le Grau du Roi (Gard) et Port-La-Nouvelle (Aude).
En cause, la mévente des produits de la pêche, explique Didier Favolini, mareyeur sur Sète :

Dès que l’on a entendu parler ou annoncer le confinement, les gens se sont rués sur les produits de longue conservation comme les pâtes, le riz....Ils n’ont pas acheté de produits frais. Et aujourd’hui, certains hésitent aussi à aller devant les étals.


Voici une dizaine de jours, le mareyeur avait déjà ressenti le premier contrecoup avec la baisse des exportations vers les marchés italiens et espagnols, deux pays voisins trés touchés eux aussi par le coronavirus. Et depuis lundi, c’est l’effondrement des ventes en France aussi. Même sur les étals des poissonniers du coin :

C’est un serpent qui se mord la queue. Moins de bateaux sortent, nous on vend moins, les transporteurs du coup lèvent le pied, les gens achètent moins, les bateaux sortent du coup encore moins…C’est toute la chaîne qui diminue.


Aujourd’hui, Didier Favolini a dû placer quatre de ses employés en chômage technique. Tout comme l’ont été certains marins employés à bord de chalutiers.

Un effondrement des ventes

Moins de travail et moins de rentrées d’argent aussi. Par rapport à une semaine moyenne de mars 2019, ce sont ainsi près de 42 tonnes de moins qui ont été pêchées et débarquées pour la semaine du 16 au 20 mars 2020, toutes espèces confondues, à la Criée de Sète (Source : Organisation des Producteurs Sathoan). Et 183.000 € de chiffres d’affaires en moins !

 
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L’Etat et l’Europe interpellés

Pour faire face, les professionnels se tournent d’abord vers la Communauté européenne. Avec plusieurs demandes :
  • Que les aides européennes attribuées traditionnellement en compensation des arrêts temporaires pour protection de la ressource soient un recours désormais en cas de crise sanitaire.
  • Que les aides au stockage pour congeler des produits pêchés non vendus supprimées en 2014 soient rétablies dans ces circonstances exceptionnelles.
  • Que l’Europe permette à l’Etat français de déplafonner les aides exceptionnelles directes versées aux entreprises (30.000 € pour 3 ans actuellement), quel que soit le nombre de bateaux.
Les professionnels demandent aussi à l’Etat français la mise en place d’un fonds de compensation. Avec comme argument la demande du gouvernement aux entreprises et professionnels cette semaine d’assurer en cette période de pandémie et de confinement la « continuité alimentaire ».

Une grande enseigne

Pour Bertrand Wendling, Directeur Général de l’Organisation des Producteurs Sathoan, 
 

Il faut qu'il y ait une cohérence entre ce que l'on demande aux pêcheurs et les moyens qu'on leur donne pour encaisser les surcoûts d'une pêche sans assurance de vendre!


Depuis le confinement, certains hyper et supermarchés privilégient le libre-service plutôt que les rayons avec vendeur, histoire de limiter les échanges avec la clientèle. Mais voilà, peu de poissons de Méditerranée se prêtent au conditionnement en filet sous vide, à cause notamment de leurs petites et moyennes tailles.

Malgré ce pour l’heure, une enseigne (le groupe Leclerc, via sa centrale d’achats) s’est engagée à acheter et vendre le thon rouge des petits métiers de la marque Pavillon France et du label Pêche durable. Pour Bertrand Wendling, "Ce ne sera pas grand-chose, mais déjà un réamorçage de pompe!"

Didier Favolini lui se veut optimiste :

J’espère que gens vont revenir vers une consommation de produits frais, une fois le fonctionnement de confinement bien compris. Il ne faut pas que l’on tombe dans la malbouffe !

Certains acheteurs locaux confinés dans leurs communes littorales restent cependant encore fidèles aux étals des petits métiers, même si eux aussi sont moins nombreux à sortir en mer, comme le montre ce reportage de Luc Calmels et Juliette Mörch à Palavas-les-Flots dans l'Hérault :
 

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