Dans une tribune signée par 35 députés de la majorité, l’élu héraultais fait des propositions pour rouvrir les restaurants avant l’heure. Baisse de la jauge et mesures renforcées peuvent réduire les risques selon lui.
"Jusque là, je considérais que l’Etat faisait beaucoup pour les restaurateurs. Mais j’ai été alerté ici sur le terrain. Certains sont dans une situation dramatique." Philippe Huppé, député de la 5e circonscription de l’Hérault, a décidé de monter au créneau à travers cette tribune lancée dans la presse. Il plaide pour une réouverture anticipée. Malgré les déclarations d’Emmanuel Macron qui a fixé la date du 20 janvier pour les bars et restaurants, si la situation sanitaire le permet.
Près de 300 professionnels héraultais sont allés manifester le 26 novembre dernier à Marseille aux côtés de leurs pairs pour exprimer leur colère.Certains restaurateurs m’ont dit : on ne repartira pas. Il risque d'y avoir beaucoup de casse.
Cette réouverture rapide, le président de l’UMIH 34, Jacques Mestre, la réclame aussi car beaucoup d’établissements croulent sous les factures.
Accueillir la moitié de la clientèle
Philippe Huppé met en avant l’exemple de la Catalogne où il est possible depuis une semaine de profiter d’un café en terrasse ou d’un petit plat à table. La jauge a été abaissée à 30 % et l’horaire de fermeture fixé à 21h30."Chez nous, explique Philippe Huppé, les restaurants pourraient fonctionner sur réservation. Baisser la jauge à 50 %, limiter les tables à 4 convives et les installer en quinconce. Je propose aussi que l’Etat aide les établissements à s’équiper de meilleurs systèmes de ventilation."
Ne pas ouvrir partout en même temps
Dans sa tribune, il préconise aussi une ouverture par zones, en fonction de l’état sanitaire local. On sait par exemple que le virus circule plus en ville que dans les zones rurales.Néammoins, ces mesures seront-elles suffisantes pour éviter les foyers de contamination ? Car le risque s’accroît fortement dès lors qu’on enlève son masque, qu’on est en dans un lieu clos et fréquenté. Selon le gouvernement, "les études scientifiques démontrent que ces établissements, en dépit des protocoles sanitaires exigeants […] restent et resteront des lieux de contamination".
Aller au resto ? 4 fois plus risqué, selon une étude américaine
Deux études américaines récentes se sont penchées sur le risque que représentent les bars et restaurants. La première a enquêté sur 314 personnes ayant passé un test PCR. Les cas positifs étaient plus nombreux à être allés au restaurant que les cas négatifs. La deuxième étude a été publiée le 10 novembre dans la revue scientifique "Nature" (lien en anglais).Les chercheurs ont mis en parallèle le déplacement de la population et la circulation du coronavirus. À Chicago, par exemple, 10% des lieux seraient responsables de 85% des contaminations. Les restaurants seraient 4 fois plus risqués que les salles de sport ou les cafés. Les scientifiques ont ensuite étudié des modèles en baissant la fréquentation et en limitant les heures de pointe. Une jauge à 20% permettrait de faire baisser les contaminations de 80 %.
Un sujet sensible en Occitanie
En Occitanie, destination touristique et gastronomique, d’autres députés de la majorité ont décidé de co-signer cette tribune et de contester le calendrier fixé par l'exécutif.Les Gardois Annie Chapelier et Olivier Gaillard, l’Héraultais Christophe Euzet, le Catalan Romain Grau, Jean-Bernard Sempastous, député des Hautes-Pyrénées et Jean-François Portarrieu, député de Haute-Garonne. "Cette tribune n’a pas pour but de jouer contre notre camp mais de faire des propositions," justifie Philippe Huppé. Et si Matignon reste pour l’heure silencieux, une réunion pour évoquer le sujet est prévue mardi 1er décembre. J-50 avant l'ouverture programmée des restaurants.