Ces propos ont été tenus sur le ton de l'humour devant un parterre d'une cinquantaine de professeurs de gestion-administration dont les postes devraient disparaître dans la nouvelle réforme. Problème : la scène s'est déroulée au lycée Jean Moulin à Béziers où il y a eu 6 suicides en 11 ans.
Il y a des traits d'humour qui ne passent pas. Celui de la directrice des ressources humaines du rectorat d'académie de Montpellier restera dans la mémoire des enseignants de Gestion administration.
Venus des Pyrénées-Orientales, de l'Aude et de l'Hérault, ils étaient convoqués, le 21 février dernier par la direction des ressources humaines pour évoquer leur avenir et de possibles reconversions car, dans le cadre de la réforme de l'éducation, la totalité des postes de la discipline devraient disparaître à moyen terme.
"Que doit-on faire si les propositions de reconversion ne nous conviennent pas", interroge lors de la réunion, une enseignante de Narbonne.
"Je vais me permettre une réponse avec de l'humour, pensez à l'euthanasie", a déclaré aux professeurs concernés, la directrice des ressources humaines du rectorat d'académie de Montpellier.Je vais me permettre une réponse avec de l'humour, pensez à l'euthanasie
Professeurs médusés
L'humour de la responsable des ressources humaines ne passe pas et ce d'autant moins que la scène se déroule "devant un parterre de professeurs de gestion-administration médusés, et dans un lieu, le lycée Jean Moulin à Béziers où il y a eu 6 suicides depuis 2012", s'indigne René Chiche, professeur de philosophie et représentant du syndicat Action et démocratie AD CFE-CGC.Cynisme absolu
"Sur le moment nous avons été ébahis, témoigne une enseignante présente à la réunion. Quand vous avez déjà subi une réforme de la carte scolaire, ces propos-là relèvent d'un cynisme absolu".
« Pensez à l’euthanasie si les reconversions proposées ne vous plaisent pas ». déclare la DRH de l'académie de Montpellier devant une assemblée de professeurs médusés dans un lieu, le Lycée Jean Moulin à Béziers, où il y a eu 6 suicides depuis 2012... !!!
— René Chiche (@rene_chiche) 21 juin 2019
Pour info @jmblanquer
Gérard Lenfant, également membre du syndicat CFE-CGC et enseignant à Narbonne considère ces agissements comme, "une agression psychologique et pourraient être assimilés à une incitation au suicide, comme le "suicidez-vous" des gilets jaunes aux forces de l'ordre".
Les professeurs de gestion qui ont pris cela à la légère au début, en parlent depuis quatre mois et se disent finalement choqués par ce qu'ils ont entendu de la part de la DRH.
Savoir qu'après l'obsolescence, il y a l'euthanasie, c'est vraiment un contexte très morbide
"La réforme induit des suppressions de postes. Pour des agents qui passent des concours assez sélectifs, savoir qu'ils seront bientôt obsolètes, c'est une situation de stress. Savoir qu'après l'obsolescence, il y a l'euthanasie, c'est vraiment un contexte très morbide", soupire Gérard Lenfant.
Le rectorat s'excuse
Contactée, la communication du rectorat répond que "ces propos regrettables ont été tenus en février 2019 devant une assemblée prévenue de leur teneur humoristique, en décalage avec la réunion en cours. Ils ont été tenus sans volonté de nuire, ni de heurter."
"Il s'agit d'une vraie maladresse pour laquelle la Directrice des ressources humaines s'excuse auprès des personnes choquées", conclut la direction de la communication.
Article 40
Une délégation syndicale a été reçue au rectorat ce jeudi. A la question de savoir si la DRH va être sanctionnée, la rectrice aurait répondu qu'elle a un devoir de discrétion. "S'il y a sanction, elle n'a pas à nous le dire", précise Gérard Lenfant qui était dans la délégation.On veut de l'efficacité et un signe fort pour des collègues à cran, ajoute le syndicaliste. Si la DRH remet les pieds au rectorat cela voudra dire que nous n'avons pas été entendus
Si la DRH reste en fonction, nous solliciterons le ministère et saisirons le procureur au titre de l'article 40 pour dénoncer des faits délictueux.
On veut de l'efficacité et un signe fort pour des collègues à cran, ajoute le syndicaliste. Si la DRH remet les pieds au rectorat cela voudra dire que nous n'avons pas été entendus", conclut le délégué syndical.