Hérault : la gestion des centres de vaccination en question

Malgré les annonces rassurantes du gouvernement, il est toujours difficile de trouver un créneau pour se faire vacciner quand on a plus de 75 ans, dans l'Hérault. En cause, le peu de vaccins disponibles. Mais certains témoignages sous-entendent qu'il y a aussi parfois des passe-droits.

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Depuis le 18 janvier et l’ouverture de la vaccination aux plus de 75 ans, Emilienne* cherche un rendez-vous pour son mari, cardiaque, trois pontages et deux infections pulmonaires à son actif. Plusieurs fois par jour, elle se connecte sur doctolib et téléphone au 0809541919. Sans aucun succès pour l’instant. Alors, en désespoir de cause, elle va tenter le système D.

Une amie m’a donné une adresse mail où expliquer la situation de mon époux. Elle m’a dit qu’elle avait eu rendez-vous comme ça pour elle, mais qu’il ne fallait pas en parler…

Dans cet autre centre de l’Hérault, une dame, arrivée à l’heure à son rendez-vous pour se faire vacciner, a eu la surprise de le voir annulé. « La personne suivante, elle, avait bien son rendez-vous comme prévu. Et quand j’ai demandé pourquoi le mien était annulé, un employé du centre m’a dit que je n’habitais pas là, que la priorité était donné aux habitants de la commune et que je n’avais qu’à me plaindre à mon maire », nous raconte-t-elle outrée. Et toujours pas vaccinée.

Rappelons qu’il n’y a pas de condition d’adresse à remplir pour obtenir un rendez-vous dans un centre quel qu’il soit.

Gestion opaque ?

Nous avons reçu plusieurs témoignages de ce type. Afin de ne stigmatiser personne, dans un contexte social où les tensions montent vite, nous avons choisi de les rendre anonymes.

Face à la difficulté de trouver un rendez-vous, nos interlocuteurs se sont étonnés de voir que certaines de leurs connaissances étaient appelées pour venir se faire vacciner tout de suite, alors qu’elles n’avaient pas de rendez-vous prévus. « Comme par hasard, elles ont de la famille qui travaille à la mairie/dans le centre/à l’hôpital… ». Ce type de sous-entendus revient fréquemment dans les conversations. Colère ? Exagération ? Probablement. Il n’en reste pas moins que l’agacement est réel face à la très grande difficulté de trouver un rendez-vous. Bien-sûr, le peu de vaccins disponibles ne peut que créer des tensions et laisser libre court à toutes les interprétations sur d’éventuels passe-droits.

Des passe-droits, il y en a forcément. Pour rendre service ou éviter de perdre une dose de vaccin le plus souvent. Impossible à quantifier et sans doute bien moins nombreux qu’imaginé. Le principal problème reste la quantité de doses de vaccins disponibles, encore largement insuffisantes pour permettre une gestion fluide des centres de vaccinations. Il y a aussi quelques  bugs informatiques ou des personnes qui prennent plusieurs rendez-vous et ne les annulent pas.

En Haute-Garonne par exemple, le record de créneaux bloqués par une seule et même personne revient à "une dame qui avait pris onze rendez-vous", selon Vincent Bounes, patron du Samu 31 et responsable de la permanence téléphonique du département, "beaucoup de doublons sont liés à des maladresses". 

Gestion complexe !

Pour apporter des précisions sur la gestion quotidienne des centres de vaccinations, nous en avons contacté plusieurs dans l’Hérault. Tous n’ont pas encore répondu à l’heure où nous publions cet article. Et l’Agence Régionale de Santé d’Occitanie, également sollicitée, n’a pas encore apporté de réponses à nos questions.

A Sète, la municipalité gère deux centres de vaccination, avec les infirmières et médecins libéraux. Pour Jocelyne Gizardin, adjointe au maire en charge de l’action sociale et de la santé, les personnes qui ne viennent pas à leurs rendez-vous sont « très très rares ». Il n’y a pas de listes d’attente établie mais une ligne téléphonique réservée aux plus de 60 ans. Cette ligne bleue (04 99 04 73 33), mise en place lors du premier confinement afin d’aider les personnes âgées isolées, a été réactivée face aux difficultés de la vaccination.

« On a 400 appels par jour», explique l’élue sétoise, « Le plus souvent, il s’agit de rassurer, faire patienter et parfois aider à la prise de rendez-vous sur internet.

On n’a pas de créneau réservé.

Jocelyne Gizardin, adjointe au maire de Sète

A Clermont-l’Hérault, la mairie a mis en place, avec le centre communal d’action sociale, une liste d’attente. 450 personnes y sont inscrites début mars. C’est une demande de l’hôpital qui gère les vaccinations. En cas de désistement, elle permet d’éviter que des doses soient perdues.

La station balnéaire de La Grande-Motte a fait un choix identique. « Cela nous permet d’aider les personnes âgées qui n’ont pas internet et surtout d’appeler les personnes en cas de désistement », explique Elodie Armand, la responsable du centre de La Grande-Motte. Aux personnes qui s’inscrivent, il est bien précisé qu’il faut continuer à essayer de prendre des rendez-vous par la plateforme doctolib. « Si des personnes ont des pathologies lourdes, avec une attestation de leur médecin, on le précise sur la liste d’attente, pour qu’elles soient appelées en priorité », précise Elodie Armand.

On fait de notre mieux mais c’est compliqué à gérer. On essaie d’expliquer et d’être transparent mais ce n’est pas évident.

Elodie Armand, responsable du centre de vaccination de La Grande-Motte

Difficulté supplémentaire pour la Grande-Motte : c'est un centre ponctuel, qui ouvre en fonction des doses de vaccin reçues. Il faut, comme dans la plupart des centres contactés, beaucoup de flexibilité et une adaptation permanente du planning. Une situation difficile à vivre aussi pour le personnel des centres "qui fait de son mieux, sans autre remerciement souvent que l'agressivité ou l'énervement de ceux qui désespèrent de voir arriver leur tour", selon un médecin généraliste qui vaccine à Montpellier.

 D'après les chiffres communiqués par l'ARS mardi 2 mars, en Occitanie, 28,5% des plus de 75 ans ont bénéficié d'une première injection du vaccin.

 

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