Hérault : le maire de Bédarieux en colère contre le journal Libération "Non, Bédarieux ne mérite pas ça"

Le maire de Bédarieux n'a pas apprécié l'article de Libération du 21 avril dernier consacré à la disparition et à la mort d'Aurélie Vaquier. Cette affaire tragique qui a connu un retentissement national, a débouché sur une polémique. 

Pour qui n'a jamais mis les pieds à Bédarieux, petite commune de 6.000 habitants située dans l'Hérault, dans une partie du territoire que l'on nomme, les Hauts-Cantons, on ne peut pas dire que le premier paragraphe de l'article de Libération du 21 avril dernier consacré à la tragique affaire de la disparition d'Aurélie Vaquier incite à venir s'y promener.

"On n’arrive pas à Bédarieux par hasard. Pour rejoindre cette petite commune de l’Hérault depuis Béziers, il faut traverser une route étroite et sinueuse, étranglée par un tunnel en pierres grises, tout aussi étroit. L’endroit n’a rien d’une destination touristique, encore moins d’un bassin d’emploi dynamique. Les rares passants rencontrés le reconnaissent volontiers : la vie a déserté la ville depuis bien longtemps.".

Et c'est bien cette entrée en matière qui a mis le maire de Bédarieux en colère.

Bédarieux mérite mieux que ça !

Francis Barsse, fraichement élu à la tête de la ville ne souhaitait pas polémiquer avec "un journal qui n'est plus l'ombre de ce qu'il a été et qui doit être lu par une quinzaine de Bédariciens et Bédariciennes tout au plus" dit il. Mais ce papier partial ne pouvait rester lettre morte.

Le maire qui a hésité avant d'adresser un courrier au rédacteur en chef de "Libération" a surtout souhaité réagir pour dénoncer une vision très parisianiste de sa ville qui ne colle pas avec la réalité encore moins selon lui avec les habitants qui ne sont pas des taiseux comme il est indiqué dans l'article.

On ne voulait pas renchérir sur cette triste affaire qui a eu le rayonnement national que l'on sait, mais je ne pouvais pas laisser dire certaines choses sur la ville, qui ne reflètent pas la réalité. Les Bédariciens ne l'auraient pas compris.

Francis Barsse, maire DVG de Bédarieux.

Et même si Libération n'a pas plus d'audience que ça à Bédarieux, le maire Francis Barsse n'a pas l'intention de laisser dire "n'importe quoi" non plus sur la ville dans laquelle il vit depuis 35 ans.

Le maire nous confirme qu'il a été élu au printemps dernier, avec au coeur de son programme l'idée et l'intention de rendre Bédarieux plus attractive. La ville a subit une désindustrialisation sévère dans les années 80 qui a laissé des traces. Mais comme dans de nombreuses petites villes en France à la même époque.

C'est fini l'époque du charbonnage, mais nous avons des atouts qu'il faut mettre en avant. Nous possédons des infrastructures que beaucoup de villes de notre taille n'ont pas. Deux lycées, deux halles de sport, un cinéma moderne...

Francis Barsse, maire de Bédarieux.

Et l'élu, de citer des entreprises performantes, qui irriguent le grand sud et parfois le monde entier comme "KP1", une usine de béton précontrain ou encore l'usine textile "Boyer", une vieille manufacture, fierté locale qui confectionne des vêtements d'une haute technicité, sans parler de "RecFrance" qui possède de nombreux brevets et exporte des produits santé high tech dans le monde entier.

Non, Bédarieux n'est pas qu'une ville telle qu'elle est présentée dans cet article et l'édile tenait à le dire, à le faire savoir. Cet article du quotidien parisien ne pouvait pas mieux tomber pour vanter les mérites de cette ville des Hauts-Cantons qui souffre depuis de nombreuses années d'un déficit d'image.

La venue d'une "envoyée spéciale" de Paris à Bédarieux ce n'est pas tous les jours. Mais la journaliste, elle, n'était pas là pour faire du tourisme. Elle voulait comprendre ce qui avait bien pu se passer dans cette sordide histoire de disparition et sa première vision de Bédarieux ne lui a pas donné envie d'être buccolique et le papier de notre consoeur n'était pas là pour ça. En revanche, l'approche a été suffisament maladroite pour que la polémique enfle et prenne des proportions inatendues, de défense du territoire rural, face à une vision trop "parisianiste" selon l'élu.

La lettre lue et vue par 60 000 internautes

Paris contre la province. Le débat est vieux comme le monde. Mais en ces temps de pandémie, il est toujours bon de réaffirmer certaines valeurs et son identité. La France est d'une grande diversité, mais il ne faudrait pas non plus qu'une vision étriquée de nos provinces viennent ternir une image que l'on a parfois du mal a redorer. Et c'est là que le maire de Bédarieux à son mot à dire, d'autant que les métropoles n'ont pas en ce moment le vent en poupe. Trop peuplées, trop polluées, la province a des atouts qu'elle aimerait faire valoir. 

Le maire n'est pas non plus totalement aveugle. Il reconnait que malgré des infrastructures et des moyens de communication qui se sont améliorées ces dernières années, le chômage est encore trop important à Bédarieux. 

Ce n'est pas avec un article comme celui de Libération que l'on va donner aux gens l'envie de venir s'installer à Bédarieux et encore moins d'investir. Ce qui est dommage car certaines entreprises locales ont du mal a recruter. De nombreux emplois ne sont pas pourvus. 

Francis Barsse, maire de Bédarieux.

L'article sur cette tragique affaire, a donc permis au premier magistrat de Bédarieux de prendre la défense de sa ville et de ses habitants et d'en faire la promotion à moindre frais. Jamais il n'aurait pensé que son courrier adressé au rédacteur en chef de Libération en fin de semaine dernière n'aurait fait autant de bruit. Il aurait voulu qu'on situe sa ville sur une carte de France, il ne pouvait pas mieux espérer !

La publication du courrier sur notre site municipal a d'ailleurs été vue par 60 000 personnes ce qui est largement plus que le nombre d'exemplaires vendus chaque jour par Libération.

Francis Barsse, maire de Bédarieux.

A Bédarieux, l'affaire Vaquier est encore bien présente d'autant que l'instruction est toujours en cours. Mais d'un fait divers dramatique, on est passé à une polémique dont se serait bien passé la ville mais qui a eu le mérite au moins de mettre les pendules à l'heure. Désormais au siège de Libération on est averti.

Bédarieux est tout disposé à recevoir des journalistes parisiens qui voudront bien ouvrir les yeux, sans forcer le trait, sur une commune, certes loin de la capitale mais qui n'est pas pour autant un désert rural.

Bédarieux est la porte d'entrée du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc où vivent des femmes et des hommes tout aussi intéressants que celles et ceux que l'on peut rencontrer du côté intérieur du périphérique... qu'on se le dise.

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