Diagnostiqué schizophrène, l'homme accusé d'avoir violé et tué une jeune Biterroise enceinte de huit mois a néanmoins été jugé apte à comparaître devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques. Les experts ont expliqué mercredi les raisons de leur décision.
Le psychiatre Roland Coutanceau et le psychologue Alain Penin, qui se sont exprimés au troisième jour du procès, avaient signé conjointement le rapport ayant conclu à une seule "altération du discernement" au moment des faits mais pas à son abolition.
Altération du discernement et non abolition !
C'est ce qui a rendu Cédric Bernasconi, 40 ans, apte à être jugé pour les viols et le meurtre il y a deux ans au Pays basque, de Mélodie Massé, 23 ans, originaire de Béziers enceinte de huit mois, qui se reposait dans la maison de sa mère avant son accouchement.
Entendu en visioconférence, Roland Coutanceau a évoqué le passé psychiatrique du quadragénaire, diagnostiqué schizophrène à l'âge de 20 ans. Son dossier fait mention de "nombreuses hospitalisations, longues, dans des moments aigus délirants", rappelle l'expert.
A l'époque des faits, Cédric Bernasconi a arrêté son traitement neuroleptique et n'a plus aucune interaction sociale. Sans domicile fixe, il fume du cannabis et vit de petits larcins qui lui vaudront un séjour en prison.
Pour Roland Coutanceau, l'accusé a une "intelligence normale", un "vocabulaire relativement fourni" et présente une "personnalité psychopathique".
Mais s'il retient "l'altération du discernement" compte-tenu de ses antécédents psychiatriques, Roland Coutanceau réfute l'abolition.
Il faudrait que les éléments délirants soient la motivation de ses actes", argumente l'expert, "or le sujet explique très bien qu'il était là pour voler. Il n'était pas au moment des faits en situation délirante. Il évoque ensuite une tentation (sexuelle) et restitue de manière assez lisible comment il a agressé.
Un accusé manipulateur ou qui enrobe les choses ?
L'accusé avait en effet assuré être entré dans cette maison "par hasard" pour un cambriolage. En entendant la voix de Mélodie Massé, il avait soudain été pris d'une "pulsion sexuelle". La victime, ligotée, était morte étouffée par son bâillon.
"Cédric Bernasconi a expliqué à la cour qu'il n'a pas voulu la mort de Mélodie Massé. Est-ce qu'il peut aménager son discours ?", demande la présidente au psychiatre.
Ce qu'il dit pourrait avoir une certaine plausibilité. Il s'exprime bien mais est-ce qu'il peut oublier des choses ? Oui, même s'il donne un récit relativement cohérent", estime Roland Coutanceau.
"Est-il manipulateur ?", reprend Sandrine Larie, l'avocate de l'accusé.
Je ne dirais pas qu'il est manipulateur mais il est intelligent donc quand on est intelligent, on peut avoir une facilité à enrober les choses", répond l'expert.
L'avocat des parties civiles, Me Bertrand Arotseche, met même en doute le caractère spontané du crime en laissant entendre que l'accusé ait pu faire un "repérage" des lieux où il s'était rendu le matin, avant d'y retourner l'après-midi.
Cedric Bernasconi nie toute préméditation, même s'il admet être allé une première fois près de la maison "pour s'isoler" puis y être retourné pour ramasser des châtaignes qu'il avait repérées.
Le docteur Alain Pénin décrit pour sa part un accusé égocentrique, suspicieux, impulsif, mais il exclut toute "dangerosité psychiatrique" au moment des faits, parlant seulement de "dangerosité criminologique" donc passible de jugement.
Pour lui, le détachement et la froideur apparents de l'accusé, qui a détaillé quasi cliniquement les faits qui lui sont reprochés, sont caractéristiques des personnalités schizophrènes.