Centrale EDF de Berriac : cité de l'Espérance ou cité du cancer?

C'est le magazine Society qui relance la polémique sur la cité de l'Espérance. A Berriac, dans l'Aude, la communauté gitane logée près du transformateur électrique se plaint d'un nombre de cancers anormalement élevé. Un médecin expert mandaté par la justice doit rendre ses conclusions en décembre.

L'affaire n'est pas nouvelle mais le sort des gitans de la cité de l'Espérance, à Berriac près de Carcassonne, est pointé du doigt cette semaine par le magazine Society. Article relayé ce mercredi matin par Vincent Delerm dans sa revue de presse exceptionnelle sur France Inter. 

Cet article intitulé "La cité du cancer" relate l’histoire de la communauté gitane relogée à la fin des années 60 à Berriac, près de Carcassonne. Entre transformateur électrique et lignes très haute tension, depuis des années les habitants se plaignent de problèmes de santé. Voici l'extrait du reportage de Society choisi par Vincent Delerm:

Aujourd’hui, cancers, problèmes de thyroïdes et spasmophilie se multiplient, et cette population se sent délaissée…le maire de la commune Michel Soulès, le seul maire gitan de France, a vu toute sa famille mourir de cancers. « mon frère en a eu deux, au poumon et au cerveau, mon père trois, à la gorge, à la vessie et aux poumons. Si on fait le tour de la communauté, tous ont au moins un cas de cancer. ». La famille d’Elisa n’échappe pas à la règle, elle a épousé à 18 ans un gitan « on s’est mariés par amour raconte t elle, et puis on est venus ici, on nous disait que c’était bien. J’ai vu les gens tomber malades. Ma fille a eu un cancer du sein. Mon gendre vient de mourir d’un cancer. Ma petite-fille a eu un cancer généralisé à 7 ans.»

Des témoignages qui font froid dans le dos et qui correspondent à l'action en justice lancée par une quinzaine de familles (18 plaignants) habitant à proximité du transformateur de Berriac.

Reportage de A.Grellier et F.Guibal

Les habitants de Berriac qui habitent près de la centrale électrique développent un nombre de cancers anormal. ©A.Grellier et F.Guibal

La cité de l'Espérance expertisée


Mandaté par le tribunal administratif de Montpellier, un médecin de l'Institut du cancer de Montpellier (Val d'Aurelle) a actuellement pour mission d'examiner les habitants malades, de rechercher l'origine, les causes, la nature et l'étendue des éventuelles pathologies, ainsi que d'évaluer le préjudice corporel. Il devra également se prononcer sur un lien de causalité entre l'installation électrique et les pathologies. Les conclusions de son expertise devraient être présentées au juge montpelliérain avant la fin 2016. 

Les conclusions contradictoires des expertises précédentes


En 2013, l'Agence régionale de santé (ARS) de Montpellier saisie du dossier communiquait à la presse ses conclusions suite à une enquête médicale réalisée en 2009. En voici un extrait:

"...L’étude épidémiologique portant sur la période 1993/2008 a été menée en 2009. Conduite auprès des médecins généralistes soignant les habitants de la cité, cette étude a recensé un cas de cancer de la thyroïde, deux cas d’affections thyroïdiennes bénignes et deux cas de leucémie.
Le nombre de cas identifiés et la diversité des pathologies recensées ne permettaient pas de conclure à un nombre anormal de ces pathologies parmi les habitants du secteur concerné. Les conclusions ont été rendues, en 2010, au maire de Berriac. Aucun signalement nouveau n’a été transmis à l’ARS depuis 2010. Toutefois, afin de prendre en compte les inquiétudes persistantes de la population
concernée, l’ARS va actualiser l’étude épidémiologique dont les conclusions seront rendues"


De son coté, le Centre de recherches et d'informations indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM) avait conclu, après une analyse effectuée début 2015 sur la zone, à des risques sanitaires, en ces termes : 

 «Risques potentiels d'effets physiopathologiques prévisibles dans les zones situées à moins de 100 mètres». le Criirem rappelle par ailleurs les recommandations de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail qui, par précaution, préconise des zones d'exclusion d'au moins 100 mètres de part et d'autre des lignes.


Dans la cité de l'Espérance, plus de 150 personnes vivent aux abords immédiats du transformateur électrique et sous les lignes à haute tension...
Et Vincent Delerm de conclure la revue de presse de ce mercredi sur France Inter en ces termes:

"En 2009 les habitants commandent une enquête, mais l’Agence régionale de Santé affirme qu’il n’y a pas de lien entre les champs électromagnétiques et les pathologies des habitants. Le souci, c’est que les mesures ont été effectuées par une filiale d’EDF. Pas franchement indépendante…en 2015, cette même filiale avait versé 142 000 euros à des éleveurs bovins dans la Manche dont les vaches étaient malades en raison de la proximité avec des lignes à haute tension...Animaux contre gitans ???...


 



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