Le personnage central du procès d'assises en cours à Montpellier n'a pas fini d'étonner. Lorenzo Martinelli prend toute la place dans le box et entend voler la vedette à son co-accusé Thierry Holland. A l'entendre, il s'est occupé de tout et tout ceci n'est finalement qu'un regrettable accident.
La journée de mardi a été consacrée au débat sur le fond de l'affaire. Mais que s'est-il passé réellement ce 25 novembre 2015, jour de la découverte du corps carbonisé de Guiseppe Oliva trafiquant de drogue italien dans un chemin à Mauguio ?
Le ton de celui qui "assume seul la mort " de Oliva, est toujours aussi assuré et le vocabulaire utilisé tend à minimiser l'horreur des faits.
Les mots de dealer, trafic, cocaïne sont remplacés par monsieur, affaires et substance. L'ancien commercial a l'art de manipuler la réalité.
Martinelli prévoit tout le cellophane, la bâche, le ruban adhésif, l'essence et même l'huile pour augmenter le pouvoir de combustion du corps.
"J'ai consommé beaucoup de cocaïne pour me donner du courage" ajoute Martinelli comme pour attirer la compassion de son auditoire. Hallucinant.
Martinelli ne se démonte jamais excepté quand Marion Brignol avocat général reprend méticuleusement chaque fait.
"Comment expliquez vous que votre version ne soit pas la même que celle de M. Holland ? demande -t-elle
-Je ne me l'explique pas, je donne ma version. Je suis dans un état second (au moment des faits). Martinelli agacé devient impertinent.
-Vous concevez que ce soit difficile à croire ?
-Je ne conçois pas."
De quoi est morte la victime ?
Les versions concernant la scène centrale, la description de la mort de Guiseppe Oliva sont très en deçà des dépositions écrites.
Martinelli frappe Oliva avec une bouteille de whisky posée sur la table. Mais ensuite plus question d'étranglement.
Pour Thierry Holland il le secoue pour le faire parler .
Martinelli lui dit qu'il pose les mains sur son coup pour tâter le pouls de la victime.
Dans ses premières déclarations lues à l'audience Thierry Holland décrivait un Martinelli hors de lui qui s'archarnait sur la victime allongée sur le canapé. "quand il l'étranglait Martinelli avait un regard de dingue". Le co-accusé décrivait sa peur quand Martinelli chante à l'oreille de sa victime. "Je ne suis pas une poule mouillée mais il faisait froid dans le dos".
Interrogé à son tour 5 ans plus tard Martinelli donne sa version très allégée :
"Dans cette rage je l'ai saisi et je l'ai secoué.Là il a perdu conscience.
Je me tenais au dessus de lui. Je ne sais plus ce que je lui ai dit.
J'ai vu que ses yeux ne réagissaient plus. J'ai essayé de lui prendre son pouls des deux côtés de la gorge. il n'y avait plus de respiration.
Là je pensais à un KO."
Plus de trace de strangulation.
Bienveillance calculée ?
"Vous avez un homme qui vous a laissé croupir pendant 4 ans et demi en prison et je m'étonne de votre bienveillance aujourd'hui dit l'avocat général à Thierry Holland.
"Vous ne pouvez pas nous dire l'inverse de ce que vous aviez dit à l'époque. Tout est consigné." précise la magistrate.
"Vous avez raison." répond Holland comme perdu.
Martinelli s'occupe de tout y compris de conclure un pacte avec son co-accusé pour alléger la peine qui sera prononcée ? Le mot pacte est prononcé à plusieurs reprises par le président et l'accusation.
Les réquisitions de l'avocat général seront rendues demain jeudi.
Et le verdict sera prononcé vendredi.