La quasi-totalité des Français peut boire sans crainte l'eau du robinet, mais 2,8 millions de personnes n'ont accès qu'à une eau polluée notamment par des pesticides, des nitrates ou du plomb, indique une étude de l'UFC-Que Choisir. Le Gard et l'Aude sont les plus touchés en Languedoc-Roussillon.
L'eau distribuée en France au robinet est toujours potable. Mais sa qualité est variable selon les villes et communes de France. Le classement va de "bon" à "très mauvais".
En Languedoc-Roussillon, une trentaine de communes a une eau jugée de très mauvaise qualité, notamment à cause des polluants agricoles et/ou des paramètres physico-chimiques.
C'est le cas à Sussargues, La Cadière-et-Cambo, Puéchabon, Saint-Jean-de-la-Blaquière, Aspiran, Valros, Le Bosc, Saint-Nazaire-des-Gardies dans l'Hérault.
Saint-Jean-de-Crieulon, Logrian-Florian, Saint-Nazaire-des-Gardies, Saint-Marcel-de-Careiret, Pouzilhac, Sernhac, Meynes, dans le Gard.
Salsigne, Labécède-Lauragais, Peyrens, Lignairolles, Rennes-les-Bains, Blomac, Floure, Badens, Saint-Jean-de-Barrou, Névian, Feuilla, Cenne-Monestiés, Souilhe, Antugnac dans l'Aude.
Trilla, Ria-Sirach dans les Pyrénées-Orientales.
La Lozère et le Roussillon sont particulièrement épargnés par cette étude.
Dans ces communes, plus de 75% des analyses sont non conformes.
Retrouvez le carte interactive de la qualité de l'eau du robinet en France.
Eau du robinet polluée pour 2,8 millions de consommateurs
"Le constat global est très rassurant", estime l'association de consommateurs qui a analysé les réseaux desservant les 36.600 communes de France de février 2014 à août 2016, sur la base de données du ministère de la Santé : 95,6% des consommateurs bénéficient d'une eau qui "respecte haut la main la totalité des limites réglementaires, et ce tout au long de l'année".
Mais 2,8 millions de personnes, essentiellement des habitants de petites communes rurales, "reçoivent une eau non conforme", déplore-t-elle.
Elle n'est pas forcément impropre à la consommation, "cela dépend de la nature de la molécule, du niveau du dépassement et de sa fréquence", a précise à l'AFP Olivier Andrault, chargé de mission à l'UFC-Que Choisir qui a dirigé l'étude.
Les pesticides sont "de loin" la première cause de non conformité
Les pesticides contaminent l'eau de 2 millions de consommateurs, principalement ruraux, dans les régions d'agriculture intensive.
"Les molécules retrouvées sont essentiellement des herbicides", comme l'atrazine, un herbicide "désormais interdit mais (...) particulièrement rémanent dans l'environnement", précise l'UFC.
Les nitrates polluent l'eau de près de 200.000 consommateurs, en particulier dans le Loiret, la Seine-et-Marne, l'Yonne, l'Aube, la Marne, le Pas-de-Calais et la Somme.
Les "contaminations bactériennes dues aux défauts de surveillance ou à la vétusté des installations".
Elles concernent 200.000 personnes et touchent surtout les petites communes rurales de montagne Alpes, Massif central, Pyrénées.
L'UFC-Que Choisir alerte aussi sur la présence de "composants toxiques" dans les canalisations des logements: du plomb, du cuivre, du nickel ou du chlorure de vinyle, "relargués par des canalisations vétustes ou corrodées". Cette pollution est mal mesurée, du fait d'"un très faible nombre de prélèvements" qui "ne permettent pas de connaître l'exposition réelle des consommateurs".
L'ONG juge ces pollutions "d'autant moins acceptables que l'alerte est donnée depuis longtemps et que les bons remèdes ne sont toujours pas appliqués".
Si l'eau du robinet est presque partout conforme aux normes, "ce n'est pas parce que l'agriculture aurait amendé ses pratiques" mais à cause d'une "coûteuse dépollution financée à 87% par les consommateurs et seulement à
6% par les agriculteurs", affirme-t-elle.
L'association réclame l'application du principe "pollueur-payeur" par une augmentation de la taxation des pesticides et des engrais azotés, "un audit national" des composants toxiques des canalisations et une aide aux particuliers pour remplacer leurs canalisations en cas de pollution au plomb.
En outre, selon l'association, à 0,4 centime d'euro le litre, l'eau du robinet est 65 fois moins chère en moyenne que celle en bouteille.
La fabrication des bouteilles en plastique génère, elle, 360 fois plus de gaz à effet de serre. Elles parcourent en moyenne 300 km avant d'arriver sur nos tables et génèrent 150.000 tonnes de déchets d'emballages par an, selon l'UFC-Que Choisir.