Montpellier, accroché au sommet du Top 14 et désireux de rivaliser avec les grands d'Europe, comme l'Ulster qu'il reçoit samedi, n'a pas encore touché les dividendes de son recrutement qu'il bataille déjà pour garder son ossature la saison prochaine.
Désireux de franchir un nouveau palier, le club héraultais a consenti un sérieux effort à l'intersaison, mais trois de ses seize recrues manquent encore à l'appel: le centre sud-africain Robert Ebersohn (24 ans), le centre néo-zélandais René Ranger (27 ans, 6 sélections) et le deuxième ligne australien Sitaleki Timani (27 ans, 13 sélections).
Simultanément, dans un marché où les vedettes s'arrachent dès le mois d'octobre pour la saison suivante, il lutte pour conserver notamment ses deux internationaux et têtes d'affiche, Fulgence Ouedraogo (27 ans, 33 sélections) et François Trinh-Duc (26 ans, 48 sélections).
Des arrivées très attendues
Dans l'Hérault, la situation agace. Mais en public, l'entraîneur Fabien Galthié masque son amertume avec de l'ironie. "Cela fera sans doute une belle équipe. Vous n'avez qu'à regarder sur You Tube, ça a vraiment de la gueule". Robert Ebershon et René Ranger "arriveront tous les deux le 5 novembre", rassure le directeur exécutif Denis Navizet.
Le premier dispute la Currie Cup, la compétition des provinces sud-africaines, avec les Cheetahs. Le second, qui a renoncé à la sélection néo-zélandaise pour venir en France, participe avec son équipe du Northland au NPC, le Championnat des provinces néo-zélandaise.
L'arrivée du colosse Timani (2,03 m, 126 kg) est pour sa part repoussée au 1er décembre. La Fédération australienne "qui fait tout pour garder l'un de ses meilleurs joueurs", selon Navizet, a passé un accord pour le libérer au terme de la tournée automnale des Wallabies.
Au-delà de ses soucis administratifs, Montpellier s'interroge également sur l'état de santé de son pilier argentin Juan Figallo, blessé aux vertèbres cervicales lors du Four Nations et indisponible pour trois mois.
Projet sportif et garanties économiques
Mais sans même attendre la conclusion d'un prestigieux recrutement qui compte notamment James Hamilton, Nicolas Mas et Jonathan Pelissié, Montpellier se préoccupe de l'avenir de Ouedraogo et Trinh-Duc, libres en juin prochain comme le sont Mamuka Gorgodze (partant à Toulon), Thibault Privat ou encore Wynand Olivier.
"Nous avons rencontré ces deux joueurs en avril pour leur proposer une prolongation. Nous poursuivons les discussions avec leurs intermédiaires, lesquelles ont été reprises début septembre", rappelle Navizet.
Les deux emblèmes du club héraultais, formé dans le club voisin du Pic-Saint-Loup avant de rejoindre le MHR où ils ont connu la galère puis la gloire, sont au carrefour de leur carrière à l'âge de 27 ans (Trinh-Duc les fêtera le 11 novembre).
Courtisés par plusieurs clubs, en particulier Clermont, ils font durer le suspense sans trop s'épancher sur leurs intentions.
"Il y a quatre ans, ils ont resigné dans un club à l'avenir incertain. Aujourd'hui, le club s'appuie sur un projet sportif et des garanties économiques qui lui permettent d'être ambitieux en Top 14 comme en H-Cup. Autant sur le plan sportif que symbolique, il est important pour Montpellier de garder ces deux joueurs", argumente Denis Navizet.
L'entraîneur Fabien Galthié, qui a orchestré le changement de dimension de Montpellier, a prolongé son contrat en début de saison jusqu'en 2017.
Le président Mohed Altrad, qui a investi 10 millions d'euros depuis son accès à la présidence en avril 2011, a encore accentué son effort financier, en augmentant à l'intersaison la masse salariale de 1,5 millions d'euros.
Ouedraogo et Trinh-Duc affichent par ailleurs l'avantage d'être deux joueurs Jiff, ces joueurs issus des filières de formation, que les instances du rugby veulent privilégier.
Une tendance qui ne fait pas les affaires de Mamuka Gorgodze, pas forcément retenu par le staff montpelliérain. Le solide troisième ligne géorgien, qui a peu goûté son utilisation au poste de deuxième ligne, est engagé avec Toulon.