La situation est au point mort à l'université Paul Valéry, Montpellier 3. Le blocage débuté mardi est reconduit par les étudiants grévistes. Au coeur du problème, le déficit de la fac de Lettre et la possible fermeture de l'antenne de Béziers. Reste que personne n'est d'accord sur les solutions.
Drôle d'ambiance, mercredi, à la faculté de lettres.
Des étudiants qui bloquent l'accès aux cours, nous ne saurons rien. Sur le point de barrage, les journalistes ne sont pas les bienvenus, accusés de désinformation. Pas d'image, pas de prise de parole.
Une radicalisation du mouvement dont s'est désolidarisé l'UNEF, le principal syndicat étudiant.
L'UNEF conteste la légitimité d'un blocage adopté avec seulement 8 voix d'avance sur 400 votants. Même si sur le fond, tous réclament la même chose, le retrait du plan destiné à combler le déficit.
Anne Fraïsse, la présidente de Montpellier 3, a été retenue quelques heures, mardi, avec d'autres membres du conseil d'administration par une cinquantaine d'étudiants. Elle maintient que l'Etat ne lui laisse pas le choix.
Limitation du nombre d'étudiants en première année et surtout fermeture de l'antenne de Béziers sont donc toujours d'actualité. Pourtant, les étudiants Biterrois, eux, vont en cours.
Reçus mardi au ministère, ils entrevoient des marges de manoeuvres possibles. Et appellent au dialogue.
Il reste un mois pour sauver l'antenne Du Guesclin. Car c'est à la mi-décembre que le conseil d'administration de l'université devrait arrêter ses comptes pour 2014.
Le courrier de la présidente de l'université à la communauté universitaire (21 novembre 2013)
Cher(e)s collègues, cher(e)s étudiant(e)s,
La journée a été particulièrement tendue sur le campus et c’est dans une ambiance de violence dénoncée par les conseillers que le CA s’est tenu. Il a voté la campagne d’emplois 2014, les orientations budgétaires (avec l'objectif de restreindre le déficit à 1 million d'euros si l'équilibre ne peut être réalisé) et la demande auprès du recteur de mise en place de capacités d’accueil pour les filières les plus sous-encadrées.
La ministre ne souhaite pas soutenir Béziers, ni UM3, ni d’ailleurs les LLASHS pour lesquelles elle continue d’afficher le plus grand mépris. Elle persiste dans sa gestion clientéliste de l’ESR maquillant par des mensonges, y compris devant l’Assemblée Nationale, sa décision de ne rien faire pour sauver Béziers. Elle prétend que « la main est tendue » mais son cabinet (car elle refuse toute discussion directe) ne veut pas mettre de postes sur Béziers au titre de la politique de site, propose de supprimer les L3 et de fermer les masters sur Béziers, cherche à mettre d’autres formations (droit, BTS, IUT) à Béziers et annonce un nouvel audit dont les conclusions seront rendues en mars alors que le budget doit être voté en décembre.
Je ne peux me résoudre à voir des ministres de la République mentir sans vergogne aux représentants de la Nation. Après avoir accusé l’université de mauvaise gestion et avoir été démentie par l’Inspection qu’elle avait elle même nommée, la ministre affirme que l’université « a des marges ». Nous aurions dépensé 1,5 millions pour recruter des PR à la place des MCF ; ce serait risible si ce mensonge n’était pas proféré devant l’Assemblée Nationale. C’est faux, évidemment, et même l’IGAENR n’a jamais prétendu une chose pareille.
Nous aurions surestimé les économies procurées par la fermeture de Béziers ; c’est encore faux. Nous avons estimé cette économie à 1,2 millions d’euros environ en 2014 et 2,3 millions en 2015 en raison du transfert des emplois sur Montpellier.
Nous pourrions « mutualiser les masters » ; nous le faisons déjà à hauteur de 38%. Nous pourrions aussi fermer des masters puisque nous sommes en LLASHS ; mais pour réaliser une économie équivalente à celle que procure la fermeture de Béziers c’est la moitié des masters de Montpellier qu’il faudrait fermer et ensuite, dans les 2 ans, les doctorats correspondants. Est-ce vraiment cela la « priorité pour la jeunesse » voulue par le Président de la République ?
Et puisque la ministre s’est félicitée de la réussite de l’antenne de Béziers devant l’Assemblée Nationale, je rappellerai que ce n’est ni elle, ni ses prédécesseurs qui ont construit cette réussite, mais l’université Paul Valéry et la communauté d’agglomération de Béziers. Et quand le conseil d’administration qui a voulu promouvoir Béziers explique qu’il ne peut plus en assumer la charge seul, il attend un soutien et non des stratégies dilatoires.
Ces mensonges, l’absence de réponse sérieuse aux préoccupations légitimes de l’université ont radicalisé l’action des étudiants qui ont bloqué le bâtiment administratif et séquestré les membres du Conseil d’administration et les personnels présents.
Alors que le Conseil d’administration a reçu 3 délégations successives en expliquant à quel point le blocage est nuisible à toute mobilisation et oppose les uns aux autres, une assemblée générale houleuse a voté de nouveau le blocage pour mercredi et jeudi.
Une nouvelle fois je dénonce avec la plus extrême fermeté les violences et l’agression que constitue le blocage pour la plus grande partie des personnels et la très grande majorité des étudiants. Je dénonce ces méthodes qui rendent impossible tout rapprochement entre les revendications légitimes des personnels et des étudiants et la politique de l’équipe de direction et des conseils centraux.
L’accès au bâtiment administratif sera de nouveau possible demain. Pour les personnels dont les bureaux sont situés dans les autres bâtiments nous continuons à négocier. Un point sera fait avec le DGS à 9h avec les chefs de service.
Anne Fraisse