L'ex-enseignante accusée d'avoir voulu tuer sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer à Montpellier, ressort libre des assises de l'Hérault. Les jurés l'ont condamné à 7 mois de prison ferme, peine qu'elle avait déjà effectuée avant son procès.
Bernadette Colin accusée de tentative de meurtre sur sa mère octogénaire atteinte de la maladie d'Alzheimer, ressort libre du palais de justice de Montpellier à l'issue de trois jours de procès.
La cour d'assises à Montpellier l'a condamnée à 5 ans de prison dont 53 mois avec sursis. Les 7 mois fermes correspondent à la peine que l'accusée avait déjà purgée avant son procès. Une condamnation assortie d'une obligation de soins pendant 3 ans.
Les soeurs de l'accusée, parties civiles dans cette affaire avaient expliqué tout au long des débats qu'elle ne souhaitaient pas que leur soeur soit accablée. Même si elles étaient en désaccord avec le geste désespéré de Bernadette Colin.
Les jurés ont suivi cette volonté d'apaisement.
"Le cauchemar est fini" a déclaré la soeur aînée Marguerite Colin à l'annonce du verdict.
"Il n'y a pas de vengeance dans ce procès, que de la souffrance", avait plaidé lundi Isabelle Oger-Ombredane, l'avocate de Marguerite et Guylaine Colin, les deux soeurs de Bernadette Colin, 64 ans.
Outre cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, l'avocat général Yvon Calvet avait requis à son encontre un suivi socio-judiciaire et une obligation de soins pendant cinq ans.
La sexagénaire encourait la prison à perpétuité pour cette tentative de matricide, mais Yvon Calvet a évoqué dans son réquisitoire "l'altération" de son comportement au moment des faits pour justifier la peine qu'il a requise, tout en considérant l'accusée pénalement responsable.
Un état bipolaire
Trois experts différents ont diagnostiqué un état bipolaire chez Bernadette Colin, dépressive, comme ses deux soeurs, qui ont témoigné lors du procès de leur isolement face à la pathologie de leur mère.
L'avocat général a du reste aussi rappelé aux jurés qu'il fallait "tenir compte du pardon des deux soeurs" de l'accusée.
M. Calvet a néanmoins souligné qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une euthanasie puisque la victime, en stade 4 sur 7 de la maladie d'Alzheimer, n'avait jamais exprimé le souhait de mourir et que l'euthanasie se caractérisait par une mort douce: "Il s'agissait de se débarrasser de cette mère qui devenait encombrante, et ce, par tous les moyens. C'est un acte prémédité et il est essentiel que Bernadette Colin continue à se soigner pour comprendre son geste".
Plusieurs tentatives
Cette professeure agrégée de lettres avait essayé de tuer sa mère, Raymonde, âgée de 87 ans, en tentant de l'empoisonner, de l'étrangler, de l'étouffer puis de la poignarder, le 25 avril 2009, au domicile de la victime à Montpellier.
Blessée, Raymonde Colin avait survécu à ses blessures et ne s'était jamais souvenue de l'agression de sa fille. Elle était finalement décédée 3 ans plus tard d'un cancer.
"Et pourtant, elle n'a pas réussi: cinq échecs qui tiennent au peu d'intensité de chacune de ses tentatives", a poursuivi Me Cascio, pointant "l'ambivalence d'une femme brillante mais qui refuse d'admettre sa maladie mentale".
Évoquant sa situation et celle de ses soeurs face à la maladie de leur mère, Bernadette Colin a expliqué au cours de son procès son geste par cette phrase: "Il fallait tuer l'une pour que les autres vivent". Et d'expliquer avoir agi "par devoir".
Marie-Laure Lapetina, autre conseil de Mme Colin, a évoqué de son côté "une preuve d'amour extraordinaire".
Reportage F3 LR : C.Alazet et N.Chatail