Quelque 200 incidents liés aux attentats, comme le non-respect de la minute de silence, ont eu lieu dans les établissements scolaires dont une quarantaine signalés à la justice, a indiqué Najat Vallaud-Belkacem à l'Assemblée nationale. En Languedoc-Roussillon, le rectorat a enregistré 41 incidents.
41 incidents signalés dans l'académie de Montpellier sur 20.000 classes
Cela va de comportements inappropriés, comme le refus de participer ou de se lever, à des propos déplacés, voire des inscriptions injurieuses sur les murs contre la France ou les victimes des attentats. La rectrice assure qu'une réponse adaptée sera apportée à chacun de ces cas.
La ministre de l'Education nationale souhaite une grande mobilisation de l'école pour les valeurs de la République.
Sur ces questions, la formation initiale ou continue des enseignants va être renforcée. Les cours de morale laïque du primaire au lycée, dès la prochaine rentrée, intégreront la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, et le développement de l'esprit critique. Les enseignants sont conscients de la nécessité d'agir.
L'académie de Montpellier organise le 20 janvier un séminaire sur la laïcité qui était déjà programmé avant les attentats.
Plus de 200 incidents en France selon la ministre
La minute de silence organisée jeudi à la mémoire des victimes de l'attentat à Charlie Hebdo "ne s'est pas toujours bien passée, des incidents ont eu lieu, ils sont même nombreux, graves et aucun d'entre eux ne doit être traité à la légère", a dit la ministre de l'Education, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Najat Vallaud-Belkacem a été applaudie, y compris par les députés de droite dont elle est habituellement une des cibles préférées.
"Une centaine d'incidents ont été signalés lors de la minute de silence, une autre centaine dans les jours qui ont suivi. Une quarantaine de cas ont été transmis aux services de police, de gendarmerie, de justice, parce que pour certains, il s'agissait même d'apologie du terrorisme. Nous ne pouvons pas laisser passer cela", a-t-elle déclaré.
Ces données sont déclaratives, avait indiqué précédemment un communiqué du ministère, et ne concernent que des incidents qui n'ont pas pu être réglés en classe par des enseignants des écoles, collèges et lycées. Elles ne "constituent donc pas un recensement exhaustif de l'ensemble des difficultés qu'ont pu rencontrer les équipes éducatives". "L'école est en première ligne", a dit la ministre aux députés. "Elle sera ferme pour sanctionner, pour créer du dialogue éducatif y compris avec les parents". "Même là où il n'y a pas eu d'incidents, il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves", a-t-elle relevé.
Reportage : S.Navas/N.Chatail
"Une théorie du complot que l'on retrouve trop souvent parmi nos jeunes"
"Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu'on les entend à l'école qui est chargée de transmettre des valeurs", a dit Mme Vallaud-Belkacem, qui consulte cette semaine la communauté éducative en vue d'une "grande mobilisation de l'école pour les valeurs de la République". Des valeurs "qui nous paraissent absolument évidentes comme la liberté d'expression, la laïcité, le rejet viscéral de l'antisémitisme, le respect de la loi et de l'autorité, ne le sont pas tant que ça pour un certain nombre d'enfants, de jeunes, d'adolescents", a-t-elle poursuivi, faisant aussi référence à une "théorie du complot que l'on retrouve trop souvent parmi nos jeunes".
"L'école n'est pas à la hauteur dans cette mission", a-t-elle estimé. Ce n'est pas faute d'enseignants qui souhaitent les transmettre, il faut "un sursaut", a-t-elle fait valoir. "La laïcité sera le préalable indispensable", a-t-elle ajouté "pour apprendre à nos jeunes à vivre ensemble, mais aussi pour se construire un esprit critique, une liberté de jugement, l'art du débat contradictoire qui leur permettra" de "faire le tri" entre l'information et la rumeur.".