Des perquisitions ont eu lieu, ce jeudi 14 novembre, à la maire de Montpellier concernant deux affaires. Environ 300 emplois présumés fictifs identifiés par un rapport de la chambre régionale des comptes, la seconde concerne l'ancien directeur de cabinet du maire, Michaël Delafosse.
Des perquisitions ont eu lieu à la mairie de Montpellier. Des agents de la brigade financière de la police judiciaire se sont présentés en début d'après-midi, jeudi 14 novembre, dans le bureau du maire au 8e étage de l'Hôtel de Ville.
Emplois "douteux"
Les policiers enquêtent sur deux affaires distinctes. La première porte sur 300 emplois "douteux" pointés dans un rapport récent de la Chambre régionale des comptes, publié en juin 2023.
Sur la période entre 2015 et 2021, la CRC aurait identifié 297 emplois sans affectation sur un total de 3710 agents en 2020, soit près de 8 % des effectifs en équivalent temps plein. "Des agents qui perçoivent tant leur traitement brut que leur régime indemnitaire", selon la Chambre régionale des comptes, mais des agents municipaux qui seraient sans mission ou affectation.
Sur 3700 agents, 297 n'ont pas d'affectation. Ils sont chez eux ... en étant toujours rémunérés. Et cela dure depuis longtemps
Extrait du rapport de la Chambre régionale des comptes Occitanie
Le rapport avait pointé du doigt les dysfonctionnements sur la gestion des ressources humaines de la ville de Montpellier dont une augmentation des charges de personnel de 18 Millions d'euros. 11 millions d'euros en plus entre 2020 et 2021.
Records
Le rapport pointe un coût d'absentéisme record de 33,7 millions d'euros annuels. Un record aussi pour le nombre de jours : 40 jours en moyenne par an. Plus que la ville de Paris.
Un rapport sur lequel repose l'enquête préliminaire sous l'égide du tribunal judiciaire de Montpellier ouverte début 2024.
La situation des employés, identifiée sous l'actuelle mandature, relèverait selon le rapport, de la responsabilité du maire actuel (pour n'y avoir pas mis un terme), tout comme de celle de son prédécesseur Philippe Saurel.
La réponse de la Ville
Contactée, la mairie de Montpellier confirme les perquisitions. "Nous avons donné tous les documents nécessaires à la poursuite des enquêtes. Nous sommes totalement transparents et sereins. Nous avons travaillé sur les recommandations de la Chambre régionale des comptes pour résorber l'absentéisme, mis en place des quotas horaires et des formations. Nous avons déployé un dispositif en 2021 nommé le dispositif "passerelle" pour réintégrer 30 agents", assure la Ville de Montpellier, contactée par France 3 Occitanie.
Rémunération du directeur de cabinet du maire
La deuxième affaire visée par une autre enquête préliminaire pour "détournement de fonds publics et recel" concerne l'ancien directeur de cabinet du maire et sa rémunération.
La Chambre régionale des comptes s'est inquiétée de l'augmentation subite des dépenses de personnel au moment de la prise de fonction du nouveau maire de la ville, le PS Michaël Delafosse. Salim Jawhari, président de la commission des finances de la Ville de Montpellier avait alerté et alerte encore sur les dérives supposées de la gestion financière de la ville : une masse salariale disproportionnée par rapport à d'autres villes, l'augmentation du nombre de collaborateurs du cabinet du maire depuis l'élection de Michaël Delafosse et la rémunération accordée à son ancien directeur de cabinet.
"Plafonnée par la loi, on lui a rajouté des missions comparables à celles d'un DGS. Il percevait 22 224 euros bruts annuels de plus que le plafond autorisé. La réponse de la ville a été de baisser la rémunération du directeur de cabinet de 15 % mais de la compléter par ailleurs via une rémunération accessoire réalisée pour le compte du président du CCAS", ajoute Salim Jawhari.
Détournements de fonds publics ou pas, l'enquête débute. La justice tranchera.