Assassinat de Joaquim à Montpellier : entre 25 et 30 ans de réclusion criminelle requis

Devant les Assises de l'Hérault, Mohamed Guendouz comparait pour avoir poignardé à mort Joaquim Tougeron, le 2 novembre 2017. La victime était étudiant en géographie à Montpellier et avait tout juste 20 ans. L'avocat général a requis entre 25 et 30 ans de réclusion criminelle.

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La famille de Joaquim est arrivée unie au procès du meurtrier présumé du jeune étudiant. Le drame s'est passé vers 22h, le 2 novembre 2017, dans l'Ecusson, le centre-ville de Montpellier.

Ce soir là, le jeune homme de 20 ans a été poignardé, rue Saint-Guilhem, par un passant, alors qu'il venait d'avoir une altercation avec lui quelques minutes auparavant.
Les 2 hommes avaient eu des mots suite à une dispute entre Joaquim et sa petite amie Magda.

Mohamed : "je ne suis pas quelqu'un qui fait du mal aux gens"

Après l'acte d'accusation et le rappel des faits, Mohamed Guendouz en jogging dans le box des accusés tente de retracer sa vie rapidement.

Originaire de Kabylie, il arrive en France en 2005, à 16 ans, et vit dans la région parisienne. Lui qui ne sait ni lire ni écrire sera inscrit à l'école mais de retard en redoublements, il ne rattrapera jamais un niveau correct. Il dit être ensuite parti dans les Vosges et avoir connu une jeune femme avec qui il aurait eu un enfant.

Il arrive à Montpellier en 2012 pour faire une saison dans la restauration.

Marginal, drogué, alcoolique... il fait plusieurs séjours en prison dont 2 pour violences, déjà avec un couteau.

Je fais 50 kilos, je suis pas quelqu'un qui peut se défendre. C'était des gens qui m'ont tapé dessus (...) Je ne suis pas quelqu'un qui fait du mal aux gens.

L'experte : "C'est un homme dangereux"

La psychologue qui a examiné Mohamed Guendouz le décrit comme caractériel, instable émotionellement et particulièrement impulsif voire totalement hors de contrôle...
Elle parle des bagarres, de l'alcool et de sa volonté de vengeance.

C'est un homme dangereux qui minimise son implication mais qui est conscient du mal et du désastre qu'il fait. Il a aussi été beaucoup frappé par son père et n'a plus aucune attache.

Danielle Cany, experte psychologue

L'experte répète une phrase que Mohamed Guendouz lui a dit lors de son entretien pour le procès : "Si je prends pas perpète, je vais voir mon père et je lui arrache la tête. C’est pas moi qu’il faut accuser, c’est ma famille". Depuis longtemps, il est seul, ne voyant plus sa petite fille et son ex-compagne sans parler d'une belle-famille qui ne "voulait plus de lui car il est arabe".

Les faits selon l'accusé : "j'ai vrillé"

Mohamed Guendouz témoigne. Il explique les faits survenus le 2 novembre 2017, vers 22h, comme il les a vécu : "Je marchais dans une ruelle. Je rentrais chez moi. Sur ma gauche, une fille et un garçon. Ils se disputaient. Au début, je pensais que c’était une agression. J’entendais pleurer la fille. Je suis venu lui dire «Si t’as besoin d’aide, je suis pas loin». Elle m’a répondu que c’était son copain pas de problème.
Au moment où j’ai commencé à parler au jeune homme, la fille est partie. Il m’a insulté, j’ai rien dit. Je reçois une pêche. Je voulais lui en mettre une, il m’a attrapé la capuche et j'ai pas réussi à le frapper. Je l’ai insulté de tous les noms. J’ai vrillé". 

Entre temps, deux clients d'un restaurant les séparent. 

Il poursuit : "Je suis rentré chez moi. J’ai pris un peu de monnaie. J’ai repris un couteau aussi. (Il récupère un couteau qu’il met à sa ceinture arrière. Il en avait déjà un autre dans la poche). Je voulais lui faire peur. Je suis reparti au magasin pour acheter du rouge ou de la bière. Quand je suis revenu dans la ruelle, il n’y avait plus personne". 

Le magasin avait fermé.

"Je repars dans le centre-ville. Je ne voulais pas le chercher. Mais je retombe sur le garçon. Il était avec quelqu’un à côté de lui. Je dis «C’est toi qui m’a frappé fils de pute». Son collègue m’a saisi le col, Joachim me met une autre pêche. J’ai sorti le couteau que j’avais dans la poche. Je voulais le planter dans la cuisse. J’ai fait comme ça (il tend le bras pour montrer son geste) avec le couteau mais j’ai pas senti que je l’avais touché. Je pensais que je l’avais touché dans la jambe". 

"Je suis reparti chez moi en courant, je pensais que je l’avais blessé. Je suis resté à la maison. A 6h, la police est venue m’arrêter".

Les faits selon Magda, l'amie de la victime

Magda Salvatore, petite amie de Joaquim témoigne.

Nous étions ensemble depuis plus de 3 ans. Ce soir là nous nous disputions. Ce n’était pas la première fois. Ça n’aurait pas dû être la dernière.

"Je me souviens d’être contre le mur. Il m’a demandé à moi si tout allait bien. C’est possible qu’à ce moment là j’étais en pleurs. Je crois lui avoir répondu que non, ça n’allait pas mais sans attente particulière. Je ne sais pas ce que j’avais en tête quand je lui dis ça. Sans doute, il y a eu des insultes qui ont été échangées mais pas de coups".

Elle poursuit : "L’accusé a fini par partir et je crois que Joaquim l’a de nouveau interpellé. Il avait cette fameuse lanterne à la main. Il nous l’a envoyée dessus mais la lanterne ne nous a pas touchée. Je me souviens de lui qui dit : «bouge toi bouge toi bouge toi». Moi j’en avais pas envie. J’ai été comme écartée et c’est là que sûrement certains coups ont été échangés". C’est possible qu’on m’ait dit «t’inquiète on gère» et je suis partie".

Je n’avais plus envie de cette violence dont j’étais témoin. Oui, Joaquim était impulsif. Mais ce n’était pas quelqu’un de bagarreur.

"Ensuite, Joaquim ne me répondait pas au téléphone. Il était sur messagerie. J’avais cru entendre de loin les sirènes des pompiers. Donc je me suis rendue dans le centre-ville. Et c’est là que j’ai vu la police, les pompiers et des gens attroupés. Je suis allée où il avait garé son scooter. Il était toujours là. Ça m’a perturbé. Je me suis dis qu’il y avait quelque chose. Je croise quelqu’un qui me dit qu'un homme est au sol, on est en train de le réanimer. Un policier me demande ce que je fais là. Je lui dis que je cherche mon ami. Je lui montre une photo. Et il me confirme que ça a tout l’air d’être Joaquim". 

"J'attends du procès que monsieur Guendouz reconnaisse ses actions. Joaquim a dû l’insulter, lui porter des coups. Oui, ce serait plus simple qu'il assume ses actes".

Témoignage de la voisine de palier de Mohamed Guendouz

La voisine de l'accusé témoigne à la barre à la demande des victimes. A la fin du mois d’août 2017, elle se plaint de la musique toujours très forte, jour et nuit.

Avec la voisine, on le trouvait un peu bizarre. Une nuit, je suis venue lui demander de baisser le son. Il ne l’a pas fait et a hurlé toute la nuit. J’ai eu très peur. J’ai appelé la police et j’ai déposé une main courante.


Et elle ajoute : "En septembre, on sentait que la situation ne changeait pas. J’ai appelé le propriétaire. C’était infernal. Quand je suis rentrée de vacances, j’ai appris le meurtre". 
"C’est quelqu’un de perdu, c’est quelqu’un de très infantile, une personne qui parlait tout le temps de lui et qui se posait en victime. Il était dans son monde. Il ne pouvait pas entendre ce qu’on disait. On pouvait dire des choses, rien ne changeait. Parfois, on avait l’impression qu’il était absent à cause de l’alcool ou de la drogue". 

Une personne normale ne va pas hurler pendant des heures des obscénités. J’ai eu très très peur cette nuit là. Je me disais que si il passait le balcon et arrivait à rentrer chez moi, je ne sais pas ce qu’il pourrait se passer. Ma voisine l’a vu jeté du mobilier par la fenêtre.

La femme poursuit : "Il est dangereux. C’était la première fois que j’étais dans cette situation. Je ne savais pas quoi faire. J’ai eu sa sœur. On était désemparé. Je ne savais pas que si j’appelais les urgences psychiatriques, il se serait passé autre chose...". Me Jacques Martin répond : "c’est dommage, peut-être qu’on aurait pu éviter un drame". Le témoin quitte la salle en pleurant.

Dans sa plaidoirie, Luc Abratkiewicz, avocat de la famille de la victime parle d'un "crime irrationnel. C'est l'histoire d'un homme heureux qui croise un homme dangereux. A 20 ans, on n’a pas conscience du danger. Quand on a plein de vie, on répond. On fait face".

L'avocat général a requis une peine de réclusion criminelle de 25 à 30 ans avec une peine de sûreté des 2/3. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict mercredi, au terme de 3 jours d'audience.

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